Les 26 et 27 mars 1944, 40 hommes dont 22 juifs furent abattus sur le territoire de la commune de Brantôme (Dordogne) par la Brigade nord-africaine et par les Géorgiens du Georgisches Infanterie Bataillon 799 rattachés à la 325e Division de Sécurité appelée aussi division Brehmer ou division B (Wehrmacht et Sipo-SD).

Le 26 mars 1944, suite à la mort de deux officiers allemands tués par des maquisards, 26 hommes dont 8 juifs furent abattus dans une ancienne carrière désaffectée au lieu-dit Besse des Courrières, par un détachement de la brigade nord-africaine rattaché à la division Brehmer.
Le 25 mars 1944, deux officiers allemands furent abattus près de Brantôme par un groupe de Résistants FTPF et cette attaque était la dernière d’une série d’actions de la Résistance qui montait largement en puissance en Dordogne depuis la seconde moitié de 1943 avec, en particulier, la mise en place de nombreux maquis. A Paris, le haut commandement allemand décida d’envoyer dans le département une puissante division blindée punitive, commandée par le général Walter Brehmer, capable de mater la Résistance et de dissuader la population, par la terreur, de lui porter assistance. A partir du 26 mars, et durant une dizaine de jours, les unités de cette division et ses auxiliaires organisèrent de vastes et sanglantes opérations de représailles associant des éléments de la division Brehmer, des soldats du 95e régiment de sécurité, des éléments du 799e bataillon de Géorgiens cantonnés à Périgueux ainsi que des membres de la redoutable brigade nord-africaine. De nombreux membres de la Sipo-sd de Limoges et du Sd Périgueux étaient présents auxquels s’ajoutaient deux fonctionnaires de la Sipo-Sd de Paris et un de Lyon, détaché auprès de la division Brehmer. Sur décision des plus hautes instances militaires de Paris fut décidée, en représailles de la mort des deux officiers allemands, l’exécution de 50 otages. Les responsables de la Sipo-SD de Limoges firent la sélection des otages, qui furent pris dans la partie allemande de la prison de Limoges. Furent choisis les Résistants, dont un nombre important de Juifs, qui avaient été arrêtés au cours des rafles des mois précédents. Henri Dunayer et Albert Dreyfuss-See, entre autres, en faisaient partie. Les 50 otages furent exécutés sur deux jours. Vingt-sept victimes furent exécutées à Brantôme le 26 mars et vingt-trois à Sainte-Marie-de-Chignac le 27 mars. On oublie trop souvent, par méconnaissance des faits, de lier ces deux massacres.
Les otages furent emmenés en autocar à Brantôme (Dordogne) où ils parvinrent vers 18h30. Les Allemands saisirent aussi sur les lieux un domestique de ferme, Émile Avril, résistant du Calvados replié en Dordogne. Ils furent exécutés par des éléments de la brigade nord-africaine placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Le peloton d’exécution pourrait avoir été commandé par August Meier, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges.
Vingt-six noms sont inscrits sur un monument érigé à la sortie nord de Brantôme, près de l’embranchement des routes de Nontron et d’Angoulême.
Le plus connu est Georges Dumas.
Liste des autres victimes :
Auzi Roger
Avril Émile, Louis
Bablet André
Berger Jean André
Bois Gabriel
Boucastel Maurice, Jean
Hanff Arnold
Israël Pierre
Kasmierczak Vincent
Lafarge Domnolet
Lassalle Georges
Lévy Bernard
Maison Pierre, Martial
Mastalsky Lorenz
Peypelut Hyacinthe
Pradet Martial
Renoux Henri
Richter Jacques
Roiffé dit Tebourba Paul, Charles, Émile
Rosensky Jacques ou Rossinski Jacques
Rouyre Pierre
Rubinstein Victor
Ruhfel Jules
Wronski Casimir
Zafrin Salomon
Le même jour, vers 16h, route de Périgueux, la répression fit une victime supplémentaire. Jules Kichler, réfugié juif alsacien, fut abattu par la brigade nord-africaine.


Le lendemain 27 mars, 13 hommes dont 9 juifs furent abattus dans plusieurs lieux de la commune par les Géorgiens du Georgisches Infanterie Bataillon 799. Ces exécutions furent supervisées par des officiers de la Sipo-SD.
Liste des victimes :
Baer Guillaume
Blum Salomon
Bonem Charles
Bonem Jules
Dreyfuss Marcus
Eclancher Abel
Heyman Paul
Lamaud André
Lapeyronnie Henri
Ledermann Armand
Lévy Charles
Mazière Léonce, Jean, Marie, Maxime
Weil Fernand
Le 27 mars et les jours suivants, les soldats procédèrent à de nombreuses arrestations. Si certaines personnes furent ensuite libérées, d’autres furent déportées en Allemagne, à l’instar d’André et Eugène Garnaud, d’André Amblard, de Jean Fayolle, de Camille Hivert et d’Émile Martinet. Les juifs arrêtés furent tous déportés : Paulette Baer née Mayer, sa fille Ellen, Sura Eisenberg (46 ans), Berthe Marthe Allombert née Lévy (35 ans), Jacques Durlacher (70 ans), Léonie Durlacher née Weil (66 ans), Sylvain Durlacher (34 ans), Madeleine Lévy née Seches (39 ans), Danielle Seches (12 ans), Marguerite Weil née Iller (55 ans), Régine Reine Lévy (55ans), Lucie Weil (18 ans), et Debora Lévy (ou Lévi) née Koch (69 ans).


La 325e Division de Sécurité était placée en principe sous le commandement du Generalleutenant Hans Freiherr von Boineburg-Lengsfeld. Mais en mars 1944, ce fut sous le commandement de son adjoint, le généralmajor Walter Brehmer (1894-1967), qu’elle fut engagée pour réduire les forces du maquis de la région Centre-Ouest de la France, particulièrement actives en Périgord et en Limousin, sécuriser la région par une politique de terreur et de représailles contre les maquisards capturés et contre la population civile accusée de les soutenir, notamment les Juifs, ceci en coopération avec la Milice.
Ces exécutions sommaires et ces massacres furent monnaie courante au printemps 1944 sur tout le territoire français. Ils témoignèrent d’une brutalisation de la répression souvent décrite comme découlant de l’importation à l’ouest de pratiques banales sur le front de l’Est depuis 1941, et souvent par des unités qui, à l’instar de la 2e Panzer Division SS Das Reich, furent retirées du front russe pour être affectées en France où elle se reconstituaient et se préparaient à affronter les forces alliées à l’approche d’un débarquement dont personne ne doutait qu’il fût imminent.
Notons cependant que la 325e Division de Sécurité ne fut pas transférée mais fut constituée en mai 1943 pour assurer la défense du Gross Paris. Certes, il est probable qu’une partie importante de ses effectifs a connu le front russe et ses pratiques expéditives, notamment les Géorgiens du 799e Bataillon, prisonniers soviétiques enrôlés dans la Wehrmacht. Les opérations menées par cette unité de la Wehrmacht étaient conduites sous la direction d’éléments SS de la Sipo-SD de Lyon et de Limoges.
Sources

SOURCES : Site Internet resistancefrancaise. — Mémorial GenWeb.— Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, la traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-Avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p.105-111, 135-137. — Bernard Reviriego, Les juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Archives départementales de la Dordogne, Éditions Fanlac, 2003, pp. 233-234. — Ahlrich Meyer, L’Occupation allemande en France, Éditions Privat, Toulouse, 2002.
- le Mussidanais dans la 2de GM
- Légion nord-africaine
(pages consultées le 23/11/2015).

Claude Pennetier, Dominique Tantin, Bernard Reviriego

Version imprimable