Né le 7 octobre 1922 à Sant’Andréa Di-Cotone (Haute-Corse), fusillé le 26 février 1944 à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) par les Groupes mobiles de réserve (GMR) suite à une condamnation à mort par une cour martiale de Vichy ; résistant FTPF.

Ange Angeli était le fils d’Augustin et d’Antoinette Orsoni, son épouse. Jeune homme de la classe 42, donc directement concerné par la loi instituant le S.T.O., il fut réfractaire et rejoignit un groupe de FTP chablisien de Lully (Haute-Savoie).
En février 1944, l’état de siège mis en place sur tout le département par Vichy obligea les maquisards de Lully de grimper un peu plus haut dans la montagne. Ils furent ainsi douze de la compagnie FTP 93-14 à partir pour les vallées d’Habère-Poche. Ils firent une halte dans un chalet appartenant à M. Chappuis au lieu-dit Foges, car ils étaient grippés pour certains, tous lourdement chargés et de plus le froid était intense et la nourriture très frugale.
Léon Biolley, résistant sédentaire de Lully les rejoignit dans la nuit du 20 au 21.
Mardi 22 février, 6 heures 30 du matin, il faisait encore nuit lorsque le chalet de Foges fut encerclé par plusieurs trentaines de miliciens guidées par un autochtone. Aussitôt un combat s’engagea, le premier combat à découvert entre la Milice et les résistants.
Les maquisards étaient bien armés et opposèrent une résistance farouche durant presque toute la journée. Claude Bar précise : « Nous avons tenu le coup sans qu’ils puissent approcher du chalet jusqu’à une heure de l’après-midi, à peu près. Seulement on a eu des tués. » Paul Chevret, Joseph Dupraz, Pierre Bourotte et César Boy furent les premiers à tomber.
Léon Biolley et Joseph Dagrada furent tués à leur créneau. Ange Angeli, blessé par des grenades miliciennes, fut capturé. Le chalet flambait. Les cinq maquisards encore en vie, Maurice Garro, Jacques et Claude Bar, Georges Percheron et Charles Sibille réussirent à descendre dans une cave maçonnée située sous le chalet. Vers 19 heures, les maquisards sortirent de leur cave où la fumée âcre les suffoquait ; les miliciens avaient quitté les lieux. Les maquisards reprendront tous le combat par la suite.
Quant à Ange Angeli, il fut interné à Thonon au Savoie-Léman, siège de la Milice française. Marie Edmond Boujard, détenu, témoigne : « les miliciens étaient comme fous. Le soir, ils ont amené Angeli et ils ont commencé à le taper avec des assiettes qui se trouvaient dans une armoire de notre cave. Les assiettes cassaient et un milicien a découvert qu’il fallait frapper avec la tranche, cela faisait plus mal et les assiettes ne cassaient pas… » Le 23 au soir, soit 24 heures après son arrestation, Ange était toujours debout les mains liées dans le dos, sans manger ni boire, avec deux balles dans la jambe, confirme Armand Antonietti, qui vient d’être arrêté et qui témoigne à son tour : « Il s’écroule brusquement dans la nuit : ses deux mains sont noires, trop serrées par les menottes. Ils l’on relevé à coups de pied et à coups de crosse. Son sang éclaboussait le mur de la cave et formait une auréole au-dessus de sa tête… ».
Le vendredi 25, vers 22 heures, une cour martiale expéditive se tient dans les locaux du Savoie-Léman. 8 patriotes comparurent : six, dont Ange, furent condamnés à mort.
Le 26 février 1944, au petit jour dans la cour de l’École hôtelière de Thonon, le Savoie-Léman, ces six patriotes tombèrent sous les balles d’un peloton de GMR. Un communiqué officiel de Vichy publié vers midi précisa : « …A la suite d’arrestations, la Cour martiale française, siégeant à Thonon, a eu à se prononcer sur les cas de huit terroristes. Six d’entre eux, membres de l’organisation terroriste des F.T.P., convaincus d’avoir commis des assassinats dans le but de favoriser des activités terroristes, ont été condamnés à la peine de mort et immédiatement passés par les armes… » Germain Trolliet, le maire de Thonon-les-Bains, rédigea l’acte de décès le 10 mars seulement sur « la déclaration de la Milice Française par Jacques Duflot, 37 ans, franc-garde en résidence à Thonon-les-Bains… » (Acte 75-1944).
Radio-Londres cita en exemple le courage des résistants FTP. Ange Angeli est déclaré « Mort pour la France » le 21 novembre 1957. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Fessy, sur la plaque commémorative des sept fusillés de Thonon et sur le monument aux morts de Thonon : Ange Angeli, Marius Bouvet, Jean Genoud, André Grépillat, Jean Tallieu, René Trolliet et Maurice Flandin-Granget.
Sources

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — Service historique de la Défense, AVCC Caen, AC 21 P 7989 et Vincennes, GR 16 P 13632 (à consulter). — AERI-Haute-Savoie, Fonds Michel Germain. – Mémorial GenWeb. — Mémoire des Hommes.

Michel Germain, Annie Pennetier

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