Né le 8 octobre 1903 à Castelnau-de-Guers (Hérault), fusillé le 18 juillet 1944 à Signes (Var) ; agent commercial ; radical-socialiste ; résistant, membre du mouvement Combat, puis des Mouvements unis de la Résistance (MUR), secrétaire Zone sud du réseau Brutus.

Ancien membre du patronage de Notre-Dame-du-Mont (Marseille, VIe arr.), marié, père d’un enfant, Lucien Barthélémy faisait partie d’une famille de résistants. Ancien combattant, sous-officier au 15e Corps pendant la Première Guerre mondiale, représentant de commerce (pour la marque d’apéritifs Cap Corse), il était vice-président de la fédération radical-socialiste des Bouches-du-Rhône avant la guerre.
Entré dans la Résistance en 1941, il y aurait entraîné son père et ses deux frères, Georges Barthélémy et Louis Barthélémy. Membre du mouvement Combat, puis des MUR, il était l’un des responsables du réseau Brutus, dont la composition et l’orientation étaient très étroitement liées au Parti socialiste clandestin. Membre du réseau en décembre 1941, homologué agent P2, il en devint le chef régional en 1943.
D’après Georges-Louis Roux, un gros stock de vêtements et de tissu aurait été entreposé à Vachères (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) par la maison de confection familiale, dans lequel René Char, responsable de la Section atterrissages et parachutages (SAP) à Céreste (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence), a pu puiser avec l’accord des frères Barthélémy.
Recherché en janvier 1944, Lucien Barthélémy se cacha à la campagne avec ses deux frères, mais revint à Marseille en juin. La police allemande aurait été mise sur sa piste, en tant que chef régional du réseau Brutus, dans l’affaire André Grandclément, l’un des chefs de la Résistance à Bordeaux (Gironde) retourné par l’Abwehr. Après l’arrestation de Charles Boyer le 11 juillet 1944 par l’équipe d’Ernst Dunker (Delage), l’un des chefs de la section IV de la Sipo-SD de Marseille, sa maison familiale, 53 rue des Minimes, fut surveillée. C’est là que son frère Louis (né le 11 février 1912 à Marseille, « Mort pour la France ») fut abattu le 11 au soir et que son autre frère Georges fut arrêté. Lucien Barthélémy, prévenu par un voisin, vint rejoindre son père qui s’était réfugié chez un ami. Les deux hommes se présentèrent au magasin de Charles Boyer (qui avait été contraint d’écrire à Lucien par les agents de la Sipo-SD) le 12 au matin. Ils furent arrêtés par les hommes de Dunker. Lucien Barthélémy est répertorié avec le numéro 3 dans le rapport « Antoine » où Dunker fait le bilan de la vague d’arrestations qui a décimé la résistance régionale.
Emprisonné à la prison des Baumettes (où son père fut gardé jusqu’au 31 juillet), Lucien Barthélémy a été fusillé avec son frère Georges et vingt-sept autres résistants, après un jugement sommaire sur place, le 18 juillet, au fond d’un vallon isolé, dans les bois de Signes. D’après Dunker, le jugement aurait été prononcé par la cour martiale de la 244e Division d’infanterie. Les corps furent exhumés le 17 septembre 1944. Un monument funéraire a été inauguré le 18 juillet 1946 dans le lieu, connu désormais comme le « Vallon des fusillés », devenu nécropole nationale en 1996. Une rue des Trois-Frères-Barthélémy a été inaugurée à Marseille, dans le VIe arrondissement, le 23 juillet 1945. Il a été déclaré « Mort pour la France » et fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume le 13 janvier 1946.
Sources

SOURCES : — Mémoire des Hommes SHD Vincennes GR 16 P 35874, 28 P 4 6 95 et 28 P 11 38 (nc). ⎯ Témoignages. – Presse locale (La Marseillaise 19 septembre 1944, etc.). – Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, thèse d’histoire, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1977. – Jean-Marc Binot et Bernard Boyer, Nom de code : Brutus. Histoire d’un réseau de la France Libre, Paris, Fayard, 2007. – Pierre Gallocher, Marseille au temps des patros et des colos, Marseille, Paul Tacussel éd., 1996. – Robert Mencherini, Résistance et occupation (1940-1944), tome 3 de Midi rouge, ombres et lumières, Paris, Syllepse, 2011. – Georges-Louis Roux, La nuit d’Alexandre. René Char, l’ami et le résistant, Paris, Grasset, 2003. 

Jean-Marie Guillon

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