Né le 15 janvier 1920, probablement fusillé le 18 juillet 1944 à Signes (Var), sous-lieutenant, membre de la mission interalliée Michel.

Entré à Saint-Cyr le 1er octobre 1939, Michel Lacesseur fut envoyé sur le front le 20 mars 1940 et blessé.
Il termina sa formation à Saint-Cyr à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) où l’école était repliée en novembre 1941. Sous-lieutenant, affecté au 5e Régiment d’Infanterie coloniale, il fut envoyé au Tchad où il se passionna pour le désert, et pour la tâche d’administrateur de vastes territoires.
Gaulliste, volontaire pour des missions en France, il suivit l’entraînement au camp de Staouéli de novembre 1943 à février 1944, où il fit la connaissance de camarades qu’il allait retrouver en mission en France dont François Pelletier et de Henri Chanay. C’est avec celui-ci qu’il fut parachuté à Beaumont-de-Pertuis (Vaucluse) dans la nuit du 9 au 10 avril avec [Chanay-<171357] et le major Alaistair Hay, Edgar. Sous le pseudonyme de Charles, puis de Victor, il fut l’officier de liaison du commandant Chanay, chef de la mission interalliée Michel dont le rôle était d’unifier tous les mouvements armés et de les aider à se procurer des armes. De fait, elle servit de soutien à l’ORA. C’est un des officiers attachés au chef régional ORA, le sous-lieutenant Granier Nicole, qui l’accompagna dans la région pour préparer le Plan vert et coordonner l’action entre Vaucluse et Bouches-du-Rhône.
Lancesseur suivit la mission et son chef, après le déclenchement de la mobilisation résistante le 6 juin 1944, d’abord à Vinon-sur-Verdon (Var), puis, après la contre-offensive allemande, à Barcelonnette (Basses-Alpes), où était installé le PC du chef régional ORA, le capitaine Lécuyer. Il accompagna le commandant Chanay à Marseille lorsque celui-ci devint DMR (délégué militaire régional) par intérim. C’est avec lui qu’il fut arrêté le 15 juillet par Dünker Delage, responsable de la section IV du Sipo-SD, devant le Café des Danaïdes, près de l’église des Réformés, alors qu’ils avaient rendez-vous avec le capitaine Rossi, chef régional CFL-FFI. Interrogé au siège de la police allemande par le sous-officier Weber, policier de métier, torturé, Il n’aurait « même pas avoué son vrai nom ». Il porte le n°16 dans le rapport Antoine rédigé le 11 août 1944 par Dünker Delage pour faire le bilan de la vague d’arrestations qui venait de décimer la résistance régionale. Il y est inscrit sous le nom de Lessieur avec pour pseudonymes Levasseur et Victor. Mais la mention le concernant est partiellement illisible (« il fut… le 18… »).
Emprisonné à la prison des Baumettes, il fut dénoncé par un codétenu pour avoir tenté de s’évader en creusant un trou dans sa cellule. Il fut très vraisemblablement fusillé avec 28 autres résistants, dont Henri Chanay, après un jugement sommaire sur place, le 18 juillet, au fond d’un vallon isolé, dans les bois de Signes (Var). Cependant son corps ne fut pas identifié et il ne figure pas sur les stèles du charnier, mais il fait très probablement partie des « inconnus » qui se trouvent parmi les fusillés de cette date. Les corps furent exhumés le 17 septembre 1944.
Un monument funéraire a été inauguré le 18 juillet 1946 dans le lieu, connu désormais comme le « Vallon des fusillés », devenu nécropole nationale en 1996.
Les deux frères de Michel Lancesseur furent tués pendant la guerre. L’un d’eux, Jacques, lieutenant aviateur, sorti de l’École de l’air de Salon-de-Provence, fut abattu pendant la campagne de Tunisie le 27 juillet 1943.
Sources

SOURCES : Archives privées du colonel Pétré. — Site Maquisards de France, récit de son petit-neveu, 27 août 2009. — Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1977 (rapport Antoine). — Jean-Paul Chiny, La Résistance R2 assassinée, mémoire dactylographié., février 2010. — Henri Rosencher, Le sel, la cendre et la flamme, Paris, chez l’auteur, 1985, rééd. Kiron-Éditions du Félin, coll. Résistance.Liberté-Mémoire, 2000. — Sapin et quelques autres, Méfiez-vous du toréador…, Toulon, AGPM, 1987. — Renseignements fournis par Guillaume Vieira.

Jean-Marie Guillon

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