Né le 7 mai 1908 à Paris Ier arr. (Seine), exécuté le 16 août 1944 par les Allemands à la cascade du Bois de Boulogne (Paris XVIe arr.) ; imprimeur-lithographe, gardien de la paix ; membre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

Fils d’Antonin et d’Alexandrine, née Hervé, Bernard Gante alla à l’école primaire. Ses parents se séparèrent il habita d’octobre 1920 à septembre 1926 chez son père 39 rue des Bourdonnais à Paris Ier arr., à partir de septembre 1926 chez sa mère 32 rue des Vinaigriers et 93 quai de Valmy, Xe arr. Incorporé le 22 novembre 1928 au XIème Régiment de tirailleurs algériens à Sétif, il fut démobilisé le 29 mai 1930 avec le grade de caporal. Il exerça le métier de ‘imprimeur lithographe dans différentes maisons à Paris et Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine). En juillet 1926 il fut embauché à l’imprimerie de la Cinématographie Française, 19 rue de la Cour des Noues, XXe arr. Il quitta cette dernière entreprise à la mi-mai 1933 pour travailler avec sa mère marchande de fruits et de légumes sur les marchés de la banlieue nord. En juin et août 1933 Bernard Gante écrivit au Préfet de police, sollicita un emploi de gardien de la paix, souligna qu’il était titulaire du permis de conduire.
Il exerça sa profession de gardien de la paix au commissariat de Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis). Il épousa Antoinette Leclercq, le couple demeura 8, passage Ruelle à Paris XVIIIe arr., puis 71 rue du Chemin-de-Fer à Villemomble (Seine, Seine-Saint-Denis). Deux filles naquirent Eliane en 1935 et Michèle en 1940. Bernard Gante connu pour ne pas faire de politique, ne se fit pas remarquer pendant la guerre.
Début juin 1944 Wigen Nercessian, ingénieur, gaulliste rencontra Charles Porel qui se présenta comme un autrichien, ancien brigadiste en Espagne républicaine, membre de l’Intelligence service. Il s’agissait en fait de Karl Rehbein, membre du Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS (SD). Celui-ci mit Nercessian en relation avec un autre capitaine de l’Intelligence service, « Jack » qui parlait couramment le français, l’italien, l’anglais et l’allemand n’était autre que Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, alias Guy de Montreuil etc., chef de groupe de la Gestapo. Wigen Nercessian mit en relation « Jack » avec les résistants Guy Hémery et Jean Favé. Des Résistants de l’entourage du docteur Henri Blanchet, capitaine FFI le mirent en garde, en cette mi-août 1944 trois tonnes d’armes qui allaient tomber du ciel leur parurent suspects.
Plusieurs groupes de Résistants de diverses obédiences : Jeunes chrétiens combattants (JCC), Organisation civile et militaire (OCM), groupe Franc de Turma Vengeance, FFI-FTP de Chelles, près d’une cinquantaine de résistants dont une vingtaine âgés de moins de vingt-et-un ans unis pour récupérer des armes au rendez-vous fixé par le capitaine « Jack » le 16 août au matin à la Porte-Maillot à l’angle des rues Saint-Ferdinand et de la Grande-Armée à Paris (XVIIe arr.) Non loin de là, côté XVIe arr. les forces répressives allemandes et leurs auxiliaires français disposaient de plusieurs hôtels particuliers : avenues Foch et Victor-Hugo, rues de la Pompe, Lauriston et Leroux.
Le 16 août 1944 vers 8 heures du matin Bernard Gante et Marcel Douret également gardien de la paix au commissariat de Noisy-le-Sec participaient à l’escorte de camions devant aller chercher des armes pour des résistants de différents groupes. L’opération était commandée par le docteur Henri Blanchet chef des FFI-FTP de Chelles (Seine-et-Marne) et Jean Favé chef de groupe FFI de Gournay. Tous les deux dirigeaient le 2ème groupe composé de Bernard Gante, Arthur de Smet, René Faugeras, Pierre Bezet, Jean Veron, Marcel Douret, Robert Magisson, Luigi Vannini, Franck Hémon, Roland Verdeaux, Charles Birette et Jacques Schlosser. Une quarantaine de résistants étaient répartis dans deux camionnettes et une ambulance. « Jack » et Wigen Nercessian attendaient sur place. Le convoi alla à quelques rues de là, emprunta la rue d’Armaillé, entra au 11 bis dans un grand garage vers 11 heures 30. Les véhicules furent cernés une trentaine de SS et des hommes de mains en civils commandés par le lieutenant SS Walter tirèrent. Dans la soirée du 16 août 1944, des bruits de mitrailleuse et de grenades retentirent près de la Cascade du Bois de Boulogne, la Gestapo exécutait trente-quatre hommes dont Bernard Gante.
L’agent infiltré, chef de groupe de la Gestapo Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, dit « Jack » fut arrêté par les Services américains au Danemark et remis à la police française le 25 octobre 1945. Responsable d’une centaine d’arrestations, notamment des exécutions de la rue Leroux et de la Cascade du Bois de Boulogne, il comparut le 2 avril 1949 devant la cour de Justice de Paris. Condamné à mort il fut passé par les armes le 20 avril à 8h 30 au fort de Montrouge.
Friedrich Berger responsable des antennes de la Gestapo de la rue de la Pompe et de l’avenue Victor-Hugo, condamné à mort par contumace le 22 décembre 1952, mourra de maladie le 10 février 1960 à son domicile de Munich (Allemagne).
Inhumé le 19 août 1944 au cimetière parisien de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), Bernard Gante fut exhumé le 22 septembre et ré-inhumé dans le caveau familial dans le même cimetière. Déclaré « victime du devoir », le ministre des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », il fut cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944) et décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945), et homologué membre de la Résistance Intérieure Française (R.I.F.). Son nom figure sur les stèles et plaques commémoratives du commissariat de Noisy-le-Sec, de la cascade du Bois de Boulogne, sur la liste des Morts pour la Libération de Paris au Musée de la Police, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Ve arr. et sur le monument aux morts de Villemomble. Le conseil municipal de Villemomble donna le nom de Bernard Gante à une rue de la ville.


16 août 1944. Cascade du Bois de Boulogne à Paris (XVIe arr.)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, JB 11, JB 15, KC 15. – SHD, Caen AC 21 P 188877. – Bureau Résistance : GR 16 P 241881. – Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Éd. Le Cherche Midi, 2005. – Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe 1944, Éd. Ouest-France, 2013. – Guy Krivopissko, Axel Porin, « Les fusillés de la Cascade du bois de Boulogne », Éd. Mairie de Paris, 2004. – Site internet Gilles Primout, « Guet-apens Porte Maillot », 2015. – Site internet GenWeb. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo.

Daniel Grason

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