Né le 15 mai 1922 à Chelles (Seine-et-Marne), exécuté le 16 août 1944 à la cascade du Bois de Boulogne (Paris, XVIe arr.) ; ouvrier mécanicien ; militant communiste ; membre du groupe FFI-FTP de Chelles (Seine-et-Marne).

Fils d’Alexandre Schlosser, comptable, et de Julia Ichl, sans profession, Jacques Schlosser vivait 20 rue du Docteur-Roux à Chelles (Seine-et-Marne). Il fréquenta l’Union sportive de Chelles, travaillait comme mécanicien à l’entreprise SIMAC à la plaine Saint-Denis. Militant de la Jeunesse communiste, il devint secrétaire du cercle de Chelles. En 1940 il effectua son service militaire en Tunisie alors protectorat de la France. Après le débarquement en Afrique du Nord, il regagna Chelles et rejoignit au printemps 1943 les FTP de la « Jeunesse héroïque ». En liaison avec Adolphe Legeay, commissaire aux effectifs des FTP d’Ile-de-France, il participa à plusieurs actions de sabotages, notamment au déraillement d’un train sur la ligne Persan-Beaumont qui transportait des canons destinés au mur de l’Atlantique.
Début juin 1944 Wigen Nercessian, ingénieur, gaulliste rencontra Charles Porel qui se présenta comme un autrichien, ancien brigadiste en Espagne républicaine, membre de l’Intelligence service. Il s’agissait en fait de Karl Rehbein, membre du Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS (SD). Celui-ci mit Nercessian en relation avec un autre capitaine de l’Intelligence service, « Jack » qui parlait couramment le français, l’italien, l’anglais et l’allemand n’était autre que Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, alias Guy de Montreuil etc., chef de groupe de la Gestapo. Wigen Nercessian mit en relation « Jack » avec les résistants Guy Hémery et Jean Favé. Des Résistants de l’entourage du docteur Henri Blanchet, capitaine FFI le mirent en garde, en cette mi-août 1944 trois tonnes d’armes qui allaient tomber du ciel leur parurent suspects.
Plusieurs groupes de Résistants de diverses obédiences : Jeunes chrétiens combattants (JCC), Organisation civile et militaire (OCM), groupe Franc de Turma Vengeance, FFI-FTP de Chelles, près d’une cinquantaine de résistants dont une vingtaine âgés de moins de vingt-et-un ans unis pour récupérer des armes au rendez-vous fixé par le capitaine « Jack » le 16 août au matin à la Porte-Maillot à l’angle des rues Saint-Ferdinand et de la Grande-Armée à Paris (XVIIe arr.) Non loin de là, côté XVIe arr. les forces répressives allemandes et leurs auxiliaires français disposaient de plusieurs hôtels particuliers : avenues Foch et Victor-Hugo, rues de la Pompe, Lauriston et Leroux.
Henri Blanchet et Jean Favé commandaient le 2ème groupe composé de Jacques Schlosser, Bernard Gante, Arthur de Smet, René Faugeras, Pierre Bezet, Jean Veron, Marcel Douret, Robert Magisson, Luigi Vannini, Franck Hémon, Roland Verdeaux et Charles Birette. Une quarantaine de résistants étaient répartis dans deux camionnettes et une ambulance. « Jack » et Wigen Nercessian attendaient sur place. Le convoi alla à quelques rues de là, emprunta la rue d’Armaillé, entra au 11 bis dans un grand garage vers 11 heures 30. Les véhicules furent cernés une trentaine de SS et des hommes de mains en civils commandés par le lieutenant SS Walter tirèrent. Dans la soirée du 16 août 1944, des bruits de mitrailleuse et de grenades retentirent près de la Cascade du Bois de Boulogne, la Gestapo exécutait trente-quatre hommes dont Jacques Schlosser. Deux médecins légistes relevèrent que sur son corps « des lésions importantes de la face, du thorax, des membres [résultaient] non pas de coups de feu, mais d’éclatements de grenades ».
L’agent infiltré, chef de groupe de la Gestapo Guy Glèbe d’Eu, comte de Marcheret, dit « Jack » fut arrêté par les Services américains au Danemark et remis à la police française le 25 octobre 1945. Responsable d’une centaine d’arrestations, notamment des exécutions de la rue Leroux et de la Cascade du Bois de Boulogne, il comparut le 2 avril 1949 devant la cour de Justice de Paris. Condamné à mort il fut passé par les armes le 20 avril à 8h 30 au fort de Montrouge.
Friedrich Berger responsable des antennes de la Gestapo de la rue de la Pompe et de l’avenue Victor-Hugo, condamné à mort par contumace le 22 décembre 1952 mourra de maladie le 10 février 1960 à son domicile de Munich (Allemagne).
L’inhumation de Jacques Schlosser eut lieu dans le carré militaire du cimetière communal de Chelles, son nom est inscrit sur la plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie aux côtés des autres fusillés et déportés, ainsi que sur la stèle commémorative à la Cascade du Bois de Boulogne. Le conseil municipal de Chelles donna son nom à une rue de la ville. Le ministère des Anciens combattants attribua à Jacques Schlosser la mention « Mort pour la France », il fut homologué résistant F.F.I. Le conseil municipal de Chelles donna son nom à une rue de la ville. Son père Alexandre présida le Comité local de Libération de Chelles et fut élu maire.


16 août 1944. Cascade du Bois de Boulogne à Paris (XVIe arr.)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, JB 11, JB 15. – SHD, Caen AC 21 P 148404. – Bureau Résistance : GR 16 P 539912. – Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Éd. Le Cherche Midi, 2005. – Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe 1944, Éd. Ouest-France, 2013. – Guy Krivopissko, Axel Porin, « Les fusillés de la Cascade du bois de Boulogne », Éd. Mairie de Paris, 2004. – Site internet Gilles Primout, « Guet-apens Porte Maillot », 2015. – Site internet GenWeb. – État civil.

Daniel Grason

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