Né le 2 juin 1920 à Moosch (Haut-Rhin), abattu le 6 décembre 1944 à Rammersweier (Bade, Allemagne) ; électricien à Moosch ; maquisard dans les Vosges alsaciennes, fait prisonnier le 18 octobre 1944.

Domicilié à Moosch en Alsace annexée de fait, Gérard Bemmert fut réfractaire à son incorporation de force dans l’armée allemande. Avec Armand Neff de Vieux-Thann , il se cacha le 12 septembre dans des abris de la Première Guerre mondiale et des grottes naturelles près de la Waldkappelle, chapelle forestière dans le vallon vosgien du Bruderthal au pied de l’Arnskopf. Ils auraient été en contact avec l’antenne de Libération-Nord à Belfort. À la fin du mois,, Charles Voisin de Thann, René Onkel de Vieux-Thann et Anatole Jacquot de Thann vinrent les rejoindre Le 10 octobre, le groupe recueillit à Steinbach des armes et des munitions abandonnées en juin 1940 par l’armée française qui avaient été cachées dans une cave de la famille Luttenauer. Le 18 octobre, les autorités nazies organisèrent une battue pour une partie de chasse dans les environs du petit maquis. Un des rabatteurs, René Schweiss, résistant lui-même, prévint Armand Neff . Avant que la battue soit passée, on commença à cacher le matériel militaire. Charles Voisin, armé d’un pistolet, partit en reconnaissance, mais fut arrêté par deux Felgendarmen qui participaient à la chasse et amené à Thann où il fut torturé. À 18 h, alors que les quatre maquisards restants étaient sur le point de déménager, ils furent encerclés par les gendarmes allemands qui avaient obtenu des renforts, français( ?), de la division Waffen SS Charlemagne, à l’instruction à Cernay (Haut-Rhin). Anatole Jacquot fut abattu, Armand Neff et René Onkel réussirent à s’enfuir et Gérard Bemmert, blessé au cours de l’action fut capturé. Dans les jours suivants, la Gestapo procéda à l’arrestation de 31 personnes des deux sexes soupçonnées d’avoir soutenu ce maquis. Toutes et tous furent emprisonnés à Mulhouse, avant d’être transférés (à l’exception d’un seul) à la prison d’Offenburg (Bade, Allemagne). Certains d’entre eux furent déportés au camp de Wolfach, d’où ils furent répartis dans différents camps de concentration : François Neff, Robert Gross , René Weiss et Paul Hauser moururent à Dachau, Joseph Mann à Buchenwald, Louis Standina à Sachsenhausen, Madeleine Frey et Louise Relly à Ravensbrück, Frédérique Voisin, libérée à Ravensbrück, mourut durant son rapatriement.
Le 6 décembre 1944, après la Libération de la région de Thann et d’une grande partie de l’Alsace, les maquisards prisonniers d’Offenburg, Bemmert et Voisin furent extraits de leurs cellules ainsi que neuf de leurs « complices » (Bucher Alfred, Cattanéo Édouard, Dormois René , Hugin Charles, Hugon Jean ( tous les cinq originaires de Thann), Robert Foehrenbacher (de Vieux-Thann), Grassler Émile (de Bitschwiller), Louis et Otto Luttenauer (de Cernay). Entièrement déshabillés, ligotés, ils furent jetés sous la bâche d’un camion et conduits à quelques kilomètres d’Offenburg au terrain d’exercice militaire du Thalebuckel dans la forêt de Rammersweier où ils furent abattus , deux par deux, d’un coup de feu dans la nuque au bord d’un trou de bombes. Le principal responsable du massacre fut le commissaire du Sipo-SD Erwin Schöner qui échappa en 1945 aux recherches des services français. Il aurait rendu des services à l’US Counter Intelligence Corps qui lui permit de rejoindre les États -Unis où il séjourna six années avant de rejoindre l’Argentine. Les cadavres ne furent retrouvés que le 5 mai 1947 par une dame qui cueillait des mûres. Ils furent enterrés le 8 mai au cimetière d’Offenburg avant d’être transférés à Thann le 16 mai. Les inhumations définitives se firent dans les cimetières des communes de résidence des défunts. Une stèle a été érigée au Bruderthal à l’endroit où des bûcherons ont découvert le corps d’Anatole Jacquot. Une autre a été érigée au Thalebuckel à l’emplacement de l’exécution. En 1994, à l’occasion du cinquantenaire de la Libération de Vieux-Thann, Jean-Paul Bruckert , gendre de Robert Foehrenbacher, proposa au maire de Vieux-Thann une cérémonie commune avec le village allemand de Rammersweier , réuni depuis 1971 à la commune d’Offenburg. Cette cérémonie est renouvelée tous les ans le 6 décembre sur le lieu du massacre depuis le jumelage officiel des deux localités en 2003.
Sources

SOURCES : www. steinbach68. org – www. aeri-resistance .com (fiches d’Éric Le Normand). – Dernières Nouvelles d’Alsace, 9 décembre 2007.

Léon Strauss

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