Né le 28 novembre 1923 à Pamiers (Ariège), tué le 6 juillet 1944 à Roquefixade (Ariège) ; militant communiste clandestin ; métallurgiste de l’usine CFD de Pamiers ; résistant de l’Ariège (FTPF).

François Bustamente (1923-1944)
François Bustamente (1923-1944)
Cliché André Balent, d’après la photographie publiée in : Nadouce, op. cit. , 2008, p. 149.
François Bustamente était le quatrième enfant d’une fratrie de sept. Ses parents étaient nés à Castril (province de Grenade, Andalousie, Espagne). Son père, Joseph, François Bustamente, né le 21 août 1888 avait appris à lire de façon autodidacte. Il avait épousé à Castril Paule Ortiz âgée de trente ans en 1923. D’après le témoignage de son fils Émile, frère de François (Nadouce, op. cit., p. 97), il avait émigré en 1920 pour des raisons économiques (crise en Espagne après la Première Guerre mondiale) mais aussi culturelles car il désirait que ses enfants fréquentassent de bonnes écoles. Il partit d’abord tout seul en France puis y fit venir sa famille. Dans un premier temps, il travailla comme bûcheron dans les Hautes-Pyrénées puis réussit à se faire embaucher à Pamiers (Ariège) dans la grande usine métallurgique de la SMA (Société métallurgique de l’Ariège), entreprise absorbée dans les années 1930 par la Société Commentry Fourchambault Decazeville (CFD). La famille s’installa d’abord au Pont Neuf puis déménagea rue de Bourges dans le quartier des Jardiniers. Elle y habitait toujours pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le père de François Bustamente était un sympathisant des idées anarchistes. Mais, dans l’usine, le PC s’était implanté et ses enfants furent très tôt influencés par ce parti. Ses deux aînés, nés en Espagne, bien qu’établis et bien intégrés à Pamiers, retournèrent en Espagne pour participer à la guerre civile (1936-1939) dans l’armée républicaine. Amador fut tué en 1938 à la bataille de Teruel et Meliton, coiffeur à Pamiers, fut blessé et amputé d’une jambe.
François Bustamente fut, comme son frère Émile (né en 1927) élève de l’école primaire de Lestang. Il fut ensuite embauché à l’usine métallurgique de la CFD de Pamiers où travaillait déjà son père.
François Bustamente participa activement à la résistance dès 1943. Il était associé avec deux amis du quartier, Siméon Sarda et Roger Rauzi. À l’automne de 1943, ce groupe de FTPF, lié à la direction locale du PCF, s’étoffa. S’y associèrent d’abord Émile Bustamente, frère de François et un des amis proches, Roger Bellecoste. Puis rapidement, des jeunes, tous amis, vinrent l’étoffer : José Sanchis, Émile Puy, Georges Doumenc, Sébastien Marin. François Bustamente et Siméon Sarda avaient le contact avec les responsables appaméens de la Résistance, en particulier Émile Daraud, responsable politique du PC à Pamiers en 1943-1944 et futur responsable régional de la lutte armée à partir de juin 1944. Le groupe de François Bustamente, Roger Rauzi et Siméon Sarda entreposa des armes et des explosifs dans un local appartenant à la famille Bellecoste. Le groupe organisa divers attentats et sabotages dirigés contre les occupants allemands et leur effort de guerre : contre la voie ferrée de Portet Saint-Simon (Haute-Garonne) à Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales), destruction de pylônes de haute tension à la périphérie de Pamiers, sabotages à l’usine de la CFD où travaillait François.
Après le 6 juin, François Bustamente et son groupe de FTPF décident de prendre le maquis. D’autres jeunes Appaméens — les frères Jean et Robert Sannac, leur cousin Georges Sannac, Gilbert Paquin, beau-frère de Roger Rauzi, Diego Marin frère de Sébastien, Hilarion Cuenca leur cousin, Raymond Castillo — se joignirent à eux. Ils rejoignirent la 3101e compagnie des FTPF commandée par Amilcar Calvetti, un communiste sétois, cadre des FTPF muté dans l’Ariège. Ils prirent avec eux leurs armes (des mitraillettes, un revolver, des grenades, du plastic). Ces jeunes depuis la vallée du Douctouyre (Voir : Gos Aimé), participèrent à la plupart des péripéties de ce maquis itinérant qui affronta les Allemands à plusieurs reprises. Un autre cadre des FTPF, le Catalan André Lacoste, muté des Pyrénées-Orientales supervisait l’ensemble des FTPF de l’Ariège. François Bustamente commanda un groupe de FTPF sous l’autorité de Bénito Pérez alias "Oscar"
Le 6 juillet 1944, lors de l’assaut du cantonnement des granges du Grézat (commune de Roquefixade) par les hommes de Vichy (GMR et francs gardes de la Milice commandés par l’intendant régional de police Pierre Marty), François Bustamente a été tué, ou blessé puis achevé, lors des combats de Roquefixade, au lieu-dit Rambert. Les miliciens furent ceux qui s’acharnèrent le plus sur leurs victimes, les criblant de balles et laissant leurs corps méconnaissables. Pendant le combat du 6 juillet contre les Miliciens et les GMR, son groupe fut rejoint par le groupe commandé par son ami Roger Rauzi. Les pertes des FTPF, le 6 juillet, appartenaient tous, à l’exception d’Egon Berlin aux groupes de Bustamente et de Rauzi.
Son corps, retrouvé le 7 juillet 1944 avec ceux des quinze autres maquisards victimes — tués au combat ou assassinés — des combats des 6 et 7 juillet , fut identifié le 16 septembre 1944 par Gilbert Paquin, trente-et-un ans, lieutenant des FFI et Gilis, dix-neuf ans adjudant des FFI, deux FTPF. Son décès fut transcrit officiellement sur le registre de l’état civil de Roquefixade le 12 décembre 1944.
François Bustamente a reçu la mention « Mort pour la France » et a été homologué à titre posthume sergent des FFI.
Son nom est inscrit : à Roquefixade sur le monument commémorant les victimes des combats de des 6 et 7 juillet 1944 (avec une erreur de transcription, toutefois : "Bustamante") ; à Pamiers sur le monument aux morts de la ville ; et sur le monument mausolée dit de la Lanterne au cimetière Saint-Jean : à la Lanterne, du cimetière Saint-Jean furent inhumées dix-neuf victimes des massacres perpétrés par les forces de Vichy et/ou les Allemands en Ariège. aujourd’hui demeurent en pace à la Lanterne les dépouilles de deux ces victimes parmi lesquelles François Bustamente.
Voir Fusillés sommaires, exécutés le 6 juillet 1944 à Roquefixade (Ariège)
Sources

SOURCES : André Lacoste, Cinquante ans de vie militante. En hommage à mes camarades tombés contre l’occupant pour la libération de la France, Perpignan, Imprimerie Sofreix, 1986, 61 p.— Olivier Nadouce, L’Ariège, terre de résistance. La bataille de Vira, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2008, 157 p. [en particulier, pp. 97 sq., le témoignage de son frère Émile Bustamente recueilli par Olivier Nadouce] ― Jean-Jacques Pétris, Le maquis de Roquefixade, Toulouse, imprimerie Espace repro, 1999, 125 p. ― Site histariege. ― Site Mémorial Genweb consulté les 10 et 11 décembre 2015. — États civils de Pamiers et de Roquefixade (actes de naissance et de décès de François Bustamente) . — Notes de David Aguilar, Jean-Pierre Besse, Barbara Bonazzi.

André Balent

Version imprimable