Illy-Olly et Floing (Ardennes), 28 - 29 août 1944
Les crimes de la Bande au Bossu : exécutés d’Illy-Olly et de Floing (Ardennes) par le « groupe d’action » de la Sipo-SD les 28 et 29 août 1944 : 19 personnes
Les crimes d’Illy-Olly et de Floing (Ardennes) furent commis par des membres du parti franciste composant un groupe d’action de la Sipo-SD dirigé conjointement par un nommé Thaon, membre du PPF de Nice, et par Pierre Paoli, un officier français de la Gestapo de Bourges. Pierre Mary Paoli, né le 31 décembre 1921 à Aubigny-sur-Nère, dans le Cher, avait exercé la profession de commis du Trésor. Pendant l’Occupation, il devint interprète à la Gestapo de Bourges. Orgueilleux, ambitieux, zélé, les Allemands le nommèrent Scharführer (sergent-chef) de la S.S. en janvier 1944. En août 1944, replié à Nancy, ses chefs lui confièrent la direction d’un groupe d’action chargé de démanteler la Résistance Sedanaise, connu sous la dénomination de « Bande au Bossu ».
Le 23 août 1944, le groupe dirigé par Jean Ballereau, dit « le Bossu », installait son cantonnement à Illy-Olly (Ardennes), se présentant à la population locale comme un groupement de maquisards chargés par les Américains de désorganiser le front allemand et de rechercher des terrains de parachutage. Paoli était chargé d’assurer la liaison entre le groupe et les autorités allemandes du SD cantonnées à Sedan. Du 24 au 28 août, le faux maquis s’attira la sympathie des habitants du lieu, et gagna la confiance de jeunes gens qui le rejoignirent dans les bois. Le 28 août, quatre jeunes hommes qui croyaient avoir rallié une organisation patriotique furent abattu à coups de mitraillettes au lieu-dit « La Hatrelle » où la bande avait installé son PC. Abandonnant les lieux, les tortionnaires prirent la route de Sedan, laissant derrière eux d’autres victimes. Plus loin, dans la gare désaffectée d’Olly, ils abattirent froidement trois jeunes gens qui avaient sollicité leur admission au maquis.
Rentrés à Sedan dans la soirée, on leur apprenait qu’ils étaient désignés pour prêter main forte aux troupes de la Wehrmacht et aux forces de la Feldgendarmerie, pour une expédition qui devait avoir lieu le lendemain à Floing (Ardennes).
Le 29 août à 6 heures du matin, les troupes allemandes encerclaient le hameau de Gaulier, à Floing. Des suspects arrêtés là furent amenés par la sinistre bande chez le docteur François, connu pour ses sympathies gaullistes. Celui-ci, accompagné des deux frères Barré, ses beaux-frères, tenta de fuir et fut arrêté par les soldats allemands. Les francistes perquisitionnèrent son domicile et interrogèrent Mme François et sa fille de 12 ans sur les activités du docteur et ses rapports avec la Résistance. Exaspéré par son silence, Ballereau abattit Mme François d’une balle dans la tête.
L’interrogatoire des hommes fut brutal. Rutz, le boxeur, frappait avec ses poings, un autre avec un maillet à cercler les fûts, dont il se servit pour défoncer le crâne de Jean Barré. Ballereau poussa même le raffinement à couper, avec un couteau, l’oreille d’une de ses victimes, sans doute comme « prise de guerre »...
Après quoi les martyrs, le docteur François, MM. Barré, Choinet, Champenois père et fils, Martigny, Bois, Prud’homme, et Cablat, furent introduits dans une petite grotte située au fond du jardin potager du docteur et abattus d’une balle dans la nuque.
Après avoir signé ses crimes par des inscriptions sur les murs de la maison, « Bucard vaincra », la bande devait ensuite fuir vers l’Allemagne dans les bagages de l’armée en déroute, laissant derrière elle, pour ces deux journées, 19 victimes...
Responsable de dizaines de crimes, Paoli fuit la France à la Libération et se réfugia à Berlin. Arrêté le 16 mai 1945 par la Police Militaire britannique, il fut jugé et condamné à mort par la cour de justice du Cher le 4 mai et par la cour de justice des Ardennes à Nancy le 7 juin 1946. Il fut fusillé à Bourges le 15 juin 1946. Deux de ses complices, Ballereau et Rutz, furent fusillés à Nancy.
2 – Les victimes
BARRÉ Jean, Julien,
BARRÉ Robert, Eugène
BOIS André
CHAMPENOIS Michel
CHAMPENOIS Paul, Émile
CHOINET Michel
FRANÇOIS Charles
FRANÇOIS Marie, Georgette, née BARRÉ
HERMAND Marceau, Louis
HUT Daniel
LEJEUNE Alfred
LILÈS Luc
MARTIGNY André, René
MELO PINTO (De) Delphin
PRUD’HOMME Raymond, Jean
ROUY Pierre
SAXE Roland
STRINGER Bernard
WENTZEL Jacques (Jacob)
Sources principales :
L’Ardennais du 6 au 8 juin 1946, du 28 août 1974, des 28 et 29 août 1984. — « Rapport du chef de centre de Floing, Marcel Léonard, sur la mort de trois patriotes », deux pages, non daté, non publié. — Philippe Lecler, Article 75. La collaboration et sa répression dans les Ardennes (1940-1948), Pole Position Communication, Douzy, 2002. — Jean Lyonnet, L’affaire Paoli, éditions Chassaing, Nevers, 1965.
Philippe Lecler