Né le 2 février 1913 à Mourmelon (Marne), mort en mission le 16 décembre 1943 à Montchanin-les-Mines (aujourd’hui Montchanin, Saône-et-Loire) en revenant d’un sabotage au Creusot (Saône-et-Loire) ; militaire d’active ; résistant de l’armée secrète (AS) et des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Édouard Bourret était le fils de Pierre Ernest et d’Adrienne Maux. Son père, militaire était en garnison à Mourmelon lorsqu’il naquit et fut tué au front en mars 1917. Il se maria le 9 juin 1941 à Châtillon-sur-Chalaronne avec Paulette Brille, dont il eut une fille née le 7 décembre 1942 et était domicilié avenue du Maréchal-Foch, à Châtillon-sur- Chalaronne (Ain).
Il suivit l’école primaire à Châlons-sur-Marne puis entra en 1926 à l’École préparatoire des enfants de troupe à Rambouillet. En 1927, il partit pour l’E.M.P. de Tulle et termina sa scolarité avec le prix d’excellence en 1930.
Il entra dans l’armée de l’Air en 1931 et fut affecté au 33e régiment d’aviation en qualité de mécanicien-électricien. Il fut promu sergent en décembre 1932 et servit au Maroc puis à la base aérienne de Dugny (Seine) jusqu’en 1936.
A la déclaration de guerre, il se trouvait au 18e bataillon de l’Air. Le 2 septembre 1939, il fut affecté au Centre de Réception des aéronefs à Villacoublay (Seine-et-Oise).
Devant l’avancée allemande, le centre se replia sur Bordeaux, à la mi-juin 1940. Le 19 juin 1940, il tenta de l’Afrique du Nord lors d’un transfert d’avion mais la tentative échoua et il regagna la base d’Aulnat (Puy-de-Dôme). Il fut mis en congé d’armistice et démobilisé en février 1941. Il s’installa à Châtillon-sur-Chalaronne où il créa de suite un petit groupe de Résistance et chercha à établir des contacts avec les mouvements organisés.
Il parvint à la fin de l’année 1942 à rencontrer André Fornier dit "Virgile", le chef de l’armée secrète (AS) du département de l’Ain récemment nommé par le général Delestraint qui lui confia le soin d’organiser l’armée secrète pour la Dombes (secteur C8). Le lieutenant Bourret prit le pseudonyme de "Brun" en raison de la couleur de ses cheveux et de son teint cuivré et organisa des contacts un peu partout.
Son activité finit par être repérée et il dut prendre le maquis fin août 1943. Il fut affecté par Romans-Petit au groupement Nord dans le camp de Cize où il assura avec Abel Louveau et Charles Blétel l’instruction des maquisards.
Il fut chargé de la protection du défilé d’Oyonnax le 11 novembre 1943, neutralisant les postes clés de la ville. Le 16 décembre 1943 il prit la tête d’un des trois détachements ayant reçu pour mission de saboter la centrale électrique des usines Schneider au Creusot. Les équipes pénétrèrent dans la centrale à 17 heures et les explosifs furent posés. Une partie seulement des charges explosèrent à 18 heures. Au retour la voiture du lieutenant Brun réussit à franchir trois barrages ennemis mais est stoppée au quatrième. Les cinq occupants furent désarmés. Édouard Bourret se jeta sur un officier allemand pour permettre à ses hommes de s’enfuir mais il fut atteint mortellement de deux balles dans le ventre. Alors qu’il criait « Vive la France » et « Vive de Gaulle » avant d’entonner la Marseillaise, les Allemands s’acharnèrent sur lui à coups de crosse pour le faire taire. Il agonisa longuement sur les marches de l’hôtel de ville de Montchanin avant de décéder à l’aube du 17 décembre.
Il fut transporté dans la cour de l’école des filles de Montchanin où son corps fut exposé jusqu’au lendemain. Sans doute influencé par son aspect physique, le communiqué des autorités allemandes fit état de la mort d’un terroriste espagnol.
Malgré les risques encourus toute la population de Montchanin assista à ses obsèques.
Il fut inhumé à Montchanin puis transféré le 12 juillet 1957 à la Nécropole nationale du Val-d’Enfer, à Cerdon (Ain).
L’acte de décès fut dressé le 17 décembre 1943 à 15 heures. Il mérite par sa précision d’être retranscrit intégralement.
« Le dix sept décembre mil neuf cent quarante trois, à onze heures quinze minutes, nous avons constaté le décès d’un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie et dont la mort aux dires des autorités allemandes d’occupation de la commune remonte au seize décembre mil neuf cent quarante trois entre dix huit heures trente minutes et dix neuf heures. Le signalement est le suivant : âge approximatif 30 ans - taille 1m62 environ - corpulence moyenne cheveux et sourcils bruns, yeux gris vert nez rectiligne, front haut, menton saillant, visage ovale, entièrement rasé, bonne dentition ; vêtu d’une chemise bleue, d’un pull over de laine bleue marine, d’un caleçon de toile blanc, d’un pantalon gris bleu, d’un veston en tissu fantaisie « écossais » (petits carreaux noirs et blancs) et d’une veste de cuir, chaussé de chaussettes de laine blanches et de souliers à tiges (brodequins) en cuir, en très bon état porteur de gants marrons. Le défunt avait à l’auriculaire gauche une montre en acier inoxydable marque TYL J 13 avec un bracelet de cuir ; une de ses poches contenant un mouchoir de fil blanc, brodé aux initiales M.B.
Le corps a été retrouvé dans la cour de l’École laïques de filles, rue de la Gare. Toujours selon les autorités allemandes d’occupation, cet individu aurait été abattu sur la route Nationale 477 entre les lieux dits « la Galoche » et « Bel Air » commune de Saint-Laurent-d’Andenay au cours d’un combat engagé avec des militaires allemands et le corps fut ensuite transporté par ceux-ci au cantonnement des troupes d’occupation de l’École laïque de filles ».
Le décès fut l’objet d’un jugement rectificatif par le Tribunal civil de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) rendu le 12 décembre 1944 et transcrit le 29 décembre 1944 à Montchanin (Sâone-et-Loire).
Il obtint la mention « Mort pour la France » transcrite sur l’acte de décès et fut décoré de la Croix de chevalier de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme et de la Médaille de la Résistance.
Il fut nommé "Compagnon de la Libération" à titre posthume par décret du 19 octobre 1945.
Il fut homologué au grade de capitaine des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et obtint le titre de "Déporté et interné résistant" (DIR) [SHD Vincennes dossier GR 16 P 83390].
Son nom figure sur le monument aux morts 1939-1945, "Châtillon a ses héros de la résistance", à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain), sur le monument commémoratif des enfants de troupe, à Clavières (Cantal), sur le monument commémoratif, à Saint-Laurent-d’Andenay (Saône-et-Loire).
Une rue porte de Châtillon-sur-Chalaronne (Ain) porte son nom.
Annotation d’origine : "Voir Ravanel" ?
Sources

SOURCE : Notes Jean-Pierre Besse.— Musée de l’Ordre de la Libération, biographie Édouard Bourret alias Brun.— Musée de la Résistance en ligne, Collectif, in DVD-ROM La Résistance dans l’Ain et le Haut Jura, AERI, 2013.— Maquis de l’Ain et du Haut-Jura, Édouard Bourret dit Brun.— Mémorial Genweb.— État civil (acte de décès).

Jean-Pierre Besse, jean-Louis Ponnavoy

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