Née le 16 mai 1914 à Laprugne (Allier), fusillée le 19 ou 20 juillet 1944 au terrain d’aviation d’Aulnat, près de Clermont-Ferrand ; pharmacienne à Riom (Puy-de-Dôme) ; résistante.

Marinette Menut
Marinette Menut
Fille d’un couple d’instituteurs à Laprugne (Fernand Lafaye, fils d’instituteur, Marie-Louise Boutounet), puis à Cusset où Anne-Mary Lafaye suivit les cours du collège. Elle obtint un baccalauréat philosophie en 1933, fit une année de stage à la pharmacie Perrier à Cusset (Allier) et s’inscrit à l’École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Clermont-Ferrand où elle effectua quatre années de scolarité et passa ses deux premiers "probatoires" (8 novembre 1934 - 22 juillet 1938), puis à la faculté de pharmacie de Toulouse pour son troisième "probatoire" en 1939.
Elle se maria le 15 avril 1941 à Riom avec Max, Roger Menut étudiant en pharmacie, originaire de Combronde, mobilisé en 1939, fait prisonnier et évadé. Ils créèrent la "Pharmacie nouvelle", place Paul Doumer, à Riom (Puy-de-Dôme).
Max Menut entra dans la Résistance en décembre 1941 en plein accord avec sa femme enceinte de quelques mois ; leur fille Christiane naquit le 15 juillet 1942. Responsable du mouvement "Combat" pour l’arrondissement de Riom, puis chef du 1er Bureau (organisation des effectifs) de l’état-major des MUR. (Mouvements unifiés de la Résistance) du Puy-de-Dôme, il fut le "commandant Bénévol" et passa dans la clandestinité. Pendant cinq mois, Anne-Mary Menut cacha Lucette Ingrand, pharmacienne, femme d’Henry Ingrand, chef régional des MUR.
Anne-Mary Menut était agent de liaison et fournisseuse des maquis en produits médicaux. Surveillée de très près par quelques miliciens riomois et sentant se resserrer les mailles du filet, elle vendit sa pharmacie, confia sa fille à sa mère et prit le maquis à la fin 1943 .
Anne-Mary Menut, dite "Marinette", participa à l’organisation du réduit du Mont Mouchet notamment à la direction de l’hôpital de campagne comme lieutenant-pharmacien. Elle fut de l’équipe qui, avec son père capitaine de la résistance, libéra onze résistants condamnés, lors de l’opération Pontmort d’août 1943 à La Voulte Chilhac (Haute-Loire).
Le 2 juin 1944 puis le 10 juin , la Wehrmacht en plus grand nombre,et quelques compagnies de l’Ostlegion attaquèrent le maquis du Mont-Mouchet. De petits groupes atteignirent le réduit cantalien de la Truyère où elle retrouva son mari responsable de la santé du réduit, mais, le 20 juin, le maquis fut attaqué. À 22 heures, les ordres ayant été donnés d’évacuer ce réduit, l’infirmerie où s’était installée Marinette dut quitter le village de Maurines (Cantal) et se diriger vers la Lozère avec une soixantaine de blessés à dos d’hommes. Les paysans d’Albaret-le-Comtat (Lozère) prirent leurs attelages et leur bœufs pour transporter les blessés.
Le lendemain,avec les paysans, deux convois furent organisés, le premier avec les blessés pouvant supporter les cahots des chemins de terre et le deuxième se déplaçant très lentement, escorté par Marinette Menut, son père et son mari.
Un collaborateur, artisan chiffonnier signala aux Allemands la deuxième partie du convoi . Le 22 juin après-midi, une unité de la Wehrmacht l’encercla à Estremiac tout près du village de Saint-Just (Cantal). Les Allemands achevèrent les blessés couchés sur les chars, exécutèrent également le Dr Paul Reiss et Fernand Lafaye, le père de Marinette.
Au cours de cet engagement, Marinette, restée avec ses blessés, se saisit de la mitraillette de l’un d’entre eux et fit feu, jusqu’à ce que, blessée aux reins, elle soit faite prisonnière. D’abord emmenée à la mairie de Chaudes-Aigues, elle fut ensuite transportée dans le petit hôpital de Saint-Flour. Elle tenta une évasion habillée en religieuse mais un agent français de la Gestapo l’identifia.
Immédiatement transférée au siège de la Gestapo de Clermont-Ferrand, "2 bis, avenue de Royat" à Chamallières, elle fut atrocement torturée sans venir à bout de sa résistance. Finalement, sans avoir jamais dévoilé aucun renseignement, elle fut emmenée le 19 ou le 20 juillet au petit matin au terrain d’aviation d’Aulnat, près de Clermont-Ferrand, où elle fut exécutée de deux balles dans la nuque. Enterrée dans un charnier, sans même avoir été achevée, dans un trou de bombe, sa dépouille fut découverte après la libération de la région, le 22 novembre 1944, avec celles de dix autres résistants. Elle fut identifiée grâce à ses pantoufles en tissus.
Sa fille devint pharmacienne.
Une place porte le nom de Marinette Menut à Riom ainsi qu’une rue à Clermont-Ferrand, et une autre à Cusset, ville où elle fut inhumée. Une plaque a été apposée à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.
La Légion d’honneur lui fut attribuée le 1er mars 1945 ainsi que la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance.
Sources

SOURCES : SHD VIncennes, GR 16 P 328742, dossier FFI Anne Marie Lafaye (nc). — Le livre d’or consacré au martyrologue de la pharmacie française durant la guerre de 1939-1945. — "Anne-Marie, Jeanne -Marinette- Menut, France d’Abord, Journal de la Résistance, n°1366-1368, juillet-septembre 2021, p. 10. — Le Lien, n° 10, article de Charles Guyotjeannin. — Charles Guyotjeannin, "Une héroïne de la résistance : Anne-Mary, Jeanne Menut, pharmacien à Riom (1914-1944)", Revue d’histoire de la pharmacie, 1997, p. 7-16. https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1997_num_85_313_4853 — Christian Robert, Histoire d’Auvergnats, édition des Monts d’Auvergne.

Claude Pennetier

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