Né le 16 février 1923 à Saint-Pé-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), mort fusillé sommaire à Roullens (Aude) le 19 août 1944 ; résistant, agent du réseau de renseignements "Andalousie" (BCRA).

Jacques BRONSON
Jacques BRONSON
Jacques Bronson en 1944. Arch. dép. Aude, 3 J 2871. Cliché recadré par André Balent.
Dans l’Aude son patronyme a été transcrit « Bronson Joseph, Jacques » — les prénoms ont été inversés — , alors qu’il est écrit (d’après le site Mémorial Genweb) sur le monument aux morts de Saint-Pé-en-Bigorre : « Bronzon Jacques, Joseph ». Pourtant, une rue Jacques-Bronson y honore sa mémoire.
Jacques Bronson était le fils d’un Britannique, John Bronson et de Léontine Latapie. Celle-ci était la sœur de Joseph Latapie, propriétaire de l’hôtel des Pyrénées de Saint-Pé qui l’hébergea de 1940 à 1944. Jacques Bronson était l’oncle de Jean Bellocq, maire de Saint-Pé-de-Bigorre élu en 1988.
Il vécut avec ses parents à Chartainviliers (Eure-et-Loir) puis habita à Paris, rue Rochechouart. En juin 1940, il quitta Paris lors de l’avancée des troupes allemandes. Il traversa toute la France pour gagner le domicile de son oncle à Saint-Pé-en-Bigorre. Pendant ce voyage, il fut blessé dans un bombardement. Depuis la Bigorre, il apprit l’arrestation de son père, suspect parce que de nationalité britannique, puis celle de sa mère restés à Paris. Installé à Saint-Pé chez son oncle, il continua ses études dans les Hautes-Pyrénées.
Il fut incorporé aux chantiers de jeunesse en avril 1943 et y demeura pendant huit mois. Libéré en septembre, il revint chez son oncle. Employé par la Société française de mécanique de Tarbes (Hautes-Pyrénées), des membres du personnel de l’entreprise le mirent en contact avec la Résistance. En contact avec Bernard Mounat, il intégra, par son intermédiaire le réseau "Andalousie" (BCRA) où il fut immatriculé sous le n° RAB 605. Andalousie dirigé dans les Hautes-Pyrénées par Gérard de Clarens recueillait des renseignements et organisait des passages en Espagne. Pour sa part, Bronson rassembla des informations sur les forces d’occupation (surveillance des patrouilles) tout en effectuant des affichages clandestins, des missions de liaisons et de réceptions de parachutages. Au début de février 1944, il échappa à une tentative d’arrestation par la Sipo-SD. Il gagna Ferrières (Basses-Pyrénées / Pyrénées-Atlantiques) où se trouvait un maquis. Il demeurait cependant en contact avec son chef de réseau par l’intermédiaire d’un agent de liaison, Mounat, par ailleurs son cousin. Il fournit des rapports sur les maquis, les troupes d’occupation et la situation générale de son secteur. Désireux de mieux participer à l’action, il demanda à quitter sn maquis pour l’heure inactif. Son chef de réseau lui confia des missions dangereuses "où il se signala par son courage, son mépris du danger et son abnégation".
Jacques Bronson arriva en gare de Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 7 août 1944. Il avait pour mission de porter du courrier de Pau (Basses-Pyrénées / Pyrénées-Atlantiques) pour le compte d’"Andalousie". Sans doute repéré par la Sipo-SD, il raconta à André Biaud, un résistant de Maureillas (Pyrénées-Orientales) qui fut son compagnon de prison à Perpignan puis à Carcassonne (Aude), qu’il avait été arrêté dans la gare après "avoir franchi le guichet de sortie". Il fut incarcéré à la prison allemande de la citadelle de Perpignan où il fut torturé. N’ayant rien dit, il empêcha la chute de ses camarades de réseau. Il réussit également à préserver le courrier qu’il acheminait pour son réseau. Selon André Biaud, Bronson faisait partie, parmi les détenus, de ceux qu’il qualifiait de "six cas graves" (aux yeux de la police allemande). Le 17 août 1944 Jacques Bronson fut transféré à la maison d’arrêt de Carcassonne (Aude) sous contrôle allemand. Pendant le voyage dans un autobus de ligne réquisitionné, Bronson était accompagné d’autres détenus de la citadelle de Perpignan, principalement les cinq autres "cas graves" définis par André Biaud qui s’y incluait. Il effectua le voyage aux côtés d’un résistant des Pyrénées-Orientales, André Torrent. Dans la nuit du 17 au 18 août, il fut torturé par deux gardiens. Il reçut notamment un violent coup de poing au visage qui entraîna sa chute. Le lendemain, Biaud le rencontra une dernière fois avec son visage tuméfié. Bronson fit savoir que sa mâchoire était douloureuse.
Joseph Bronson, fut l’une des victimes de la tuerie du 19 août 1944. Extrait de la maison d’arrêt de Carcassonne (Aude) avec d’autres détenus, des résistants dont deux femmes, il fut conduit au domaine de Baudrigues (commune de Roullens) qui servait de dépôt de munitions lourdes (artillerie et aviation) aux forces allemandes d’occupation. Tous furent fusillés puis deux explosions, à un quart d’heure d’intervalle, détruisirent le dépôt de munitions et déchiquetèrent les corps des suppliciés dont l’identification fut difficile pour certains, quelques-unes l’ayant été dès le lendemain (20 août). Un détenu des Pyrénées-Orientales à la maison d’arrêt de Carcassonne, Joseph Bricteux, directeur du casino de Font-Romeu, qui a connu Bronson dans les geôles carcassonnaises savait, dès septembre 1944, qu’il avait été fusillé à Carcassonne ou à proximité. Par ailleurs, André Biaud déduisit qu’il avait été exécuté le 19 août en milieu de journée lorsqu’il constata qu’il ne faisait pas partie des détenus libérés par les Allemands dans l’après-midi de ce même jour. Pourtant, la rumeur se répandit qu’il s’était évadé de la prison de Carcassonne et qu’il était passé clandestinement en Espagne. Une enquête diligentée par l’autorité militaire démontra qu’il n’en était rien et qu’il avait bien été fusillé à Baudrigues.
Le 5 mai 1945, un juge d’instruction accompagné d’un médecin a pu identifier d’autres personnes exécutées parmi lesquelles Jacques Bronson. Ses parents indiquèrent que l’une de ses chaussures était parfaitement reconnaissable grâce au travail de ressemelage identifiable effectué par Lucien Surbielle, cordonnier à Saint-Pé.
Joseph Bronson fut déclaré « mort pour la France » et reçut le grade de sous-lieutenant à titre posthume ainsi que le stipule une mention marginale de son acte de décès dressé le 18 mars 1947 à la mairie du 5e arrondissement de Paris.
Son nom (Bronson) figure sur l’une des trois stèles commémoratives des exécutions sommaires de Baudrigues où il fut rajouté lors d’une cérémonie le 1er octobre 1988. Il est inscrit (Bronzon) aussi sur le monument aux morts de Saint-Pé-de-Bigorre.
Il fut l’un des deux morts du fait de leur activité clandestine d’’’Andalousie" dans les Hautes-Pyrénées.
(Voir Bringer Jean, Batlle Simon, Hiot Jean).
Voir Lieu d’exécution de Roullens (Aude), château et dépôt de munitions de Baudrigues.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Aude, 3 J 2871, divers documents photocopiés concernant Jacques Bronson et son activité résistante notamment le manuscrit d’André Biaud, relatant le sort de prisonniers de la police allemande entre Perpignan et Carcassonne entre les 15 et 19 août 1944., s. d., 8 p. — Roger Lair, Claude Rivals, André Roou, Aimé Ramond. De Montgeard à Carcassonne, itinéraire d’un policier résistant, préface de Julien Allaux, Montgeard, Amicale culturelle, cercle d’histoire Aimé Ramond, 1995, 137 p. — "Baudrigues, vision d’horreur", 14 août 2013, http://musiqueetpatrimoine.blogs.li..., Musique et patrimoine de Carcassonne, blog d’informations sur la culture, l’histoire et le patrimoine de Carcassonne, consulté le 6 mars 2014. — Memorial genweb (www.memorialgenweb.org/memor...), site consulté les 16 et 18 octobre 2015. — Informations communiquées par Jean-Louis Bonnet, historien, Carcassonne, 14 novembre 2015.

André Balent

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