Né le 22 septembre 1900 à Balbronn (Bas-Rhin), fusillé sommaire le 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; employé de banque.

Karl Schwartz dit Charles Schwartz était le fils de Samuel et Sarah Baumann. Il était employé de banque et demeurait à Strasbourg (Bas-Rhin). Pendant la guerre, il se réfugia à La Voulte-sur-Rhône (Ardèche) puis à Valence (Drôme), 43 avenue Félix Faure. Il était affecté d’un pied-bot au pied gauche et, de ce fait, il boitait fortement et portait une chaussure orthopédique.
Arrêté à Valence par la Milice au début du mois de juillet 1944, Charles Schwartz fut incarcéré dans la « baraque aux Juifs » à la prison de Montluc (Lyon, Rhône). A cette époque, il y avait 70 détenus juifs dans ce baraquement situé dans la cour de la prison.
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des requis civils et des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, 50 prisonniers furent extraits de la « baraque aux Juifs » pour travailler sur le camp d’aviation de Bron. 49 d’entre eux furent exécutés le soir même (le 50e, Jacques Silbermann, s’était évadé dans la journée).
Le matin du 18 août, 23 détenus furent extraits « sans bagage » de Montluc. Il y avait parmi eux Charles Schwartz et 19 autres prisonniers de la « baraque aux Juifs ». Au moment du départ, le chef de la baraque remit à Charles Schwartz « une canne pour lui permettre de marcher, la sienne lui ayant été enlevée à son entrée en prison ». Les prisonniers furent conduits dans des camions au camp d’aviation de Bron. Toute la journée, ils déterrèrent et désamorcèrent des bombes qui n’avaient pas explosé. A midi, « on leur donna une portion de soupe claire ». A 18h, l’adjudant-chef Brau demanda à 20 soldats de se porter volontaires pour accompagner les détenus. A 18h30, ils chargèrent « les prisonniers sur un camion en les battant à coups de cravaches et de crosses de fusils ». Les détenus furent « conduits près d’un grand trou de bombe. Là, on les fit descendre et mettre en cercle autour du trou qu’ils commencèrent à boucher ». Les soldats, tous munis de « bouts de tuyau en fer entourés de caoutchouc », assénèrent un coup aux prisonniers qui tombèrent dans la fosse. Puis les soldats allemands leur tirèrent une balle dans la tête ou dans le corps. Le lendemain matin, l’adjudant-chef Brau fit recouvrir de terre le trou d’obus dans lequel les corps gisaient pêle-mêle.
A Montluc, le chef de la « baraque aux Juifs », Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
Au mois de septembre 1944, furent découverts cinq charniers sur le terrain de la base aérienne de Bron. Les enquêteurs leurs attribuèrent les lettres A, B, C, D et E. Le témoignage de Jacques Silbermann permet de déduire que les victimes du 18 août furent vraisemblablement ensevelies dans le charnier C situé au nord du hangar 13 et contenant 26 cadavres. Le corps de Charles Schwartz fut retrouvé dans le charnier D situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 corps. Nous pouvons faire l’hypothèse que, du fait de son infirmité, Charles Schwartz ne put travailler longuement. En conséquence, il fut probablement séparé du groupe et exécuté à un autre moment de la journée. D’après le rapport du médecin légiste, il reçut une balle dans la tête.
Le corps de Charles Schwartz, d’abord enregistré sous le numéro 73, fut identifié le 21 septembre 1944 par son cousin Jacques Dreyfus et Samuel Valfer, grâce à des objets retrouvés sur lui. Son frère, Jérôme Schwartz, le reconnut également et déclara son décès à la mairie de Bron le 26 septembre 1944. Charles Schwartz fut inhumé au cimetière de Lyon - La Mouche (VIIe arr.). La mention Mort pour la France fut inscrite sur son acte de décès en 1949.
Voir Bron (17-21 août 1944)
Sources

SOURCES :DAVCC, Caen, dossier de Charles Schwartz.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W30, 3335W12, 3460W1, 3808W866, 31J66.— Site Internet de Yad Vashem.- Site Internet ajpn.org.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— État civil (partiellement traduit).

Jean-Sébastien Chorin

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