Né le 4 novembre 1897 à Paris (Seine), mort par suicide le 9 février 1944 à Bordeaux (Gironde) ; ingénieur aéronautique, directeur d’usine ; résistant, Forces Françaises Libres (FFL) ; Compagnon de la Libération.

Mémorial Claude Bonnier. Angeac (Charente)
Fils de Pierre Bonnier, médecin à Paris et socialiste guesdiste, et d’Esfir Cherchewski également médecin, il fut élève au lycée Condorcet. A 17 ans, en avril 1915, alors qu’il était déjà élève de la classe de mathématiques spéciales de ce même lycée, il abandonna ses études pour s’engager dans l’armée. Ayant suivi les cours d’EOR (école des officiers de réserve), il devint en septembre 1915 aspirant au 3° Génie. Il combattit à Verdun où il fut nommé sous-lieutenant le 6 novembre 1916. En novembre 1917, il fut envoyé avec son unité sur le front d’Italie, avant de revenir en mars 1918 en France où il fut engagé sur le front de la Somme. Il termina la guerre avec le grade de lieutenant, chevalier de la légion d’honneur, Croix de guerre avec quatre citations. Il avait 21 ans.
Démobilisé, il reprit ses études et fut reçu en 1919 dans les premiers rangs à l’Ecole Polytechnique et premier au concours de l’Ecole des Mines. Il choisit l’Ecole des Mines et devint en 1922 ingénieur civil des Mines. Il s’orienta alors vers la recherche et prépara à la Sorbonne une thèse de doctorat en sciences physiques dans le laboratoire d’Henri Le Chatelier, thèse soutenue en 1925. Socialiste convaincu, il fut dans le même temps secrétaire des étudiants socialistes. Il épousa en 1923 Thérèse Renaudel, fille du député socialiste du Var, Pierre Renaudel. L’Ingénieur Général Dumanois, Directeur des Services Techniques de l’Office National des Combustibles Liquides le recruta en 1926 pour diriger les recherches à la Station Nationale des Recherches et Expériences Techniques de Bellevue, récemment créée. Ses recherches portèrent surtout sur l’amélioration du rendement des moteurs et des carburants (il publia deux notes en 1929 et 1933 à l’Académie des Sciences sur ces sujets). Un Bonnier était membre suppléant de la CAP en 1930 au titre de la « minorité  » animée par Renaudel.
Il quitta le parti socialiste en 1933 pour suivre Marcel Déat au Parti socialiste de France puis en 1935 à l’Union socialiste républicaine, au bureau duquel il siégera jusqu’en 1938. Au début 1936, il devint pendant quatre mois directeur de cabinet du Ministre de l’Air, Marcel Déat, dans le gouvernement Sarraut. De 1936 à 1939, il fut le premier directeur-général de la Société Nationale de Construction des Moteurs (SNCM), usine Lorraine-Dietrich à Argenteuil, nationalisée en 1936. A ce poste, il apporta son concours à Jean Moulin alors chef de cabinet du Ministre de l’Air, pour équiper l’aviation de la République espagnole.
Mobilisé sur place comme affecté spécial en septembre 1939, il sollicita une affectation militaire. D’abord envoyé à Chartres à la base aérienne comme commandant mécanicien de l’Armée de l’Air, il demanda à partir au front. Affecté à Gravelines, près de Dunkerque pour créer un parc d’aviation, il prit part aux combats de la poche de Dunkerque. Il parvint à embarquer avec ses hommes et à gagner Douvres. Revenu en France, il organisa la retraite de son parc d’aviation jusqu’à la région d’Agen. Cité à l’ordre de l’Armée, il fut démobilisé en août 1940.
Passé rapidement à la Résistance, il fut dès lors convaincu qu’il fallait sans tarder préparer en Afrique du Nord, les moyens d’un réarmement et le développement d’un potentiel militaire. Il créa donc à Alger une usine d’aviation (travaillant lui-même à l’étude d’un moteur d’avion) afin de faire sortir de France des techniciens de haut niveau. Il maintint dans le même temps un atelier à Paris et fit très régulièrement entre 1940 et 1942 la navette entre Paris et Alger. Arrivé le 6 novembre 1942 à Alger, il y était présent lors du débarquement allié du 8 novembre. Désireux une nouvelle fois de combattre et ne trouvant pas à Alger les moyens de servir comme il le souhaitait, il s’engagea dans les Forces Françaises Libres à Sfax le 1er mai 1943. Il gagna Londres où il fut affecté au Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA) du colonel Passy. Il effectua des stages d’entraînement qui lui permirent de passer à 45 ans son brevet d’officier parachutiste. Promu lieutenant-colonel et délégué militaire régional de la région B (Bordeaux), il fut déposé par une opération Lysander dans la nuit du 15 au 16 novembre 1943 en compagnie de son adjoint Jacques Nancy, sur la commune d’Angeac (Charente). Il établit son poste opérationnel à Ronfleville, commune de Malaville (Charente). Sous le pseudonyme d’Hypoténuse, il réorganisa l’ensemble des forces de la Résistance pour le Sud-Ouest (forces totalement désorganisées à la suite de l’affaire Grandclément). Il parvint avec son adjoint à remettre en place des groupes armés et des maquis, préparant les opérations de sabotage en vue du débarquement (plan vert). Fin janvier 1944, ils avaient réorganisé environ 70 groupes, se déplaçant des Deux-Sèvres aux Landes pour armer, entraîner et préparer l’action des différents groupes. Le 5 février 1944, il visita un maquis charentais sur la commune de Cherves-Chatelars (Charente) et lui donna son nom de « Bir Hacheim », ce fut sa dernière visite sur le terrain. Le 9 février 1944 il partit pour Bordeaux (Gironde) d’où il devait faire passer un message à Londres. Mais l’opérateur radio avait été arrêté et retourné par la Gestapo. Il fut arrêté à son arrivée dans la maison du radio, cours Pasteur à Bordeaux. Emmené au Bouscat, dans la banlieue de Bordeaux, au siège de la Gestapo, il se suicida au moyen d’une capsule de cyanure, le soir du 9 février 1944, après son premier interrogatoire.
Nommé colonel à titre posthume, commandeur de la Légion d’Honneur, compagnon de la Libération par décret du 28 mai 1945, il fut inhumé le 7 mai 1954 dans la crypte du Mémorial de la Résistance de Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente).
Sources

Sources : Guy Hontarrède. La Charente dans la seconde guerre mondiale. Ed. Le Croît vif. 2004. — Site internet Ordre de la Libération. — Site officiel de la ville de Chasseneuil sur Bonnieure (16260). — site Wikipedia — La route Claude Bonnier, chemin de la Liberté en Charente.

Michel Thébault

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