Né le 15 septembre 1885 à Niort (Deux-Sèvres), assassiné par la Gestapo le 25 novembre 1943 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; universitaire ; résistant du BCRA.

Paul Collomp naquit à Niort au 11 rue de la Motte du Pin, aujourd’hui rue du Général Largeau. Il était le fils d’Ermin Collomp, fondé de pouvoir du trésorier payeur général d’Indre-et-Loire, et de Rachel Van-der-Cruyssen, sans profession. Après de brillantes études à Tours, puis au lycée Louis-Le-Grand, Paul Collomp réussit le concours de l’École normale supérieure en 1905 mais n’y entra qu’après son service militaire, en 1906. Paul Collomp obtint l’agrégation de lettres en 1909. Il enseigna pendant une courte période au lycée de Brest puis obtint, de 1910 à 1913 un congé pour travailler à l’École des Hautes études. Il devint pensionnaire à l’Institut d’archéologie du Caire en 1913. Mobilisé, il rejoignit le front de la guerre où il fut blessé à trois reprises ; il a été décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Légion d’honneur. Il se maria le 24 février 1919 à Niort avec Marie-Thérèse Corbineau puis se remaria le 6 octobre 1937 à Nice (Alpes-Maritimes) avec Yvonne Grimault.
Spécialiste de l’Égypte hellénistique, il enseigna à partir de novembre 1919 comme maître de conférences en papyrologie et langue grecque à la faculté des lettres de Strasbourg puis, après avoir soutenu sa thèse, comme professeur en 1926.
En novembre 1939, plus d’un millier d’étudiants et de professeurs et de membres du corps administratif de l’Université de Strasbourg rejoignirent les locaux universitaires de Clermont-Ferrand ; Paul Collomp, mobilisé comme capitaine à l’état-major, rejoignit après sa démobilisation son université repliée à Clermont-Ferrand. En novembre 1942,il fut élu membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
L’Université devint un foyer de résistance, Paul Collomp y participait comme membre du réseau Action R6 du Bureau central de renseignements et d’action BCRA.
Pendant la rafle du jeudi 25 novembre 1943 à l’Université, Georges Mathieu, étudiant strasbourgeois résistant retourné (il devint agent de la Gestapo) et le gestapiste Joseph Kaltseiss sommèrent Paul Collomp de lever les mains. Jugeant qu’il n’obéissait pas suffisamment rapidement, Kaltseiss le frappa violemment à la nuque, ce qui le fit se retourner. L’agresseur lui déchargea alors son révolver en pleine poitrine. Laissé pour mort, Paul Collomp agonisa par terre une partie de la matinée puis décéda.
Il fut inhumé le 29 novembre au cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand, tout cortège funèbre ayant été interdit. Seuls les sept doyens de l’université de Strasbourg et quelques professeurs eurent le droit d’assister son épouse, Yvonne Grimaud. Les pouvoirs publics ne furent ni présents ni représentés mais la Gestapo était là. Quatre-vingt professeurs de la Sorbonne adressèrent à l’université de Strasbourg un message de solidarité.
Plus de 500 personnes furent arrêtées ce jeudi jour de plus forte présence à l’université, les professeurs et étudiants absents étant arrêtés à leur domicile ; 130 connurent la déportation, 30 seulement en revinrent.
Dans la cour de l’université de Clermont-Ferrand, une plaque rappelle : " Au cours de la guerre de 1939-1945 139 personnes ont disparu dans les diverses opérations menées à Clermont-Ferrand par l’occupant contre la résistance de l’université ". En 1947, l’université de Strasbourg a été décorée de la Médaille de la Résistance.
Une plaque rappelle l’assassinat de Paul Collomp dans les locaux de l’université Blaise-Pascal, 34 avenue Carnot où il a été abattu. Une rue voisine porte son nom ainsi qu’un bâtiment et un amphithéâtre. À Strasbourg, un amphithéâtre, une rue et l’Institut d’histoire ancienne ont pris son nom.
A Paris, au Panthéon, son nom est inscrit sur la plaque commémorative des écrivains.
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Oeuvres

OEUVRE : La papyrologie, introduction à cette discipline, 1927. — La critique des textes, Paris, Belles lettres, 1931.

Sources

SOURCES : Archives départementales du Bas-Rhin : 1007 W 305.— Gabriel Maugain : « Paul Collomp », p. 119-127 ; Paul Collart : « L’œuvre de Paul Collomp », in Mémorial des années 1939-1945, p. 131-140, Publications de la faculté des Lettres de Strasbourg, 1947.— Notice « Paul Collomp » de Jacques Schwartz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, tome 6, p. 629. — Gilles Lévy, L’Auvergne des années noires, De Borée 2000. — André Gueslin, De Vichy au Mont-Mouchet. L’Auvergne en guerre, 1939-1945, Clermont-Ferrand, Institut d’études du Massif Central,1991.— Mémorialgenweb. — État civil.

Annie Pennetier, Françoise Olivier-Utard

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