Née le 23 juillet 1895 à Chauvigny (Vienne), exécutée sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; artisan modiste ; résistante réseau Alliance.

Édith Augustin était la fille de Joseph Sylvain Augustin, menuisier et de Marie Charlotte Caillaud domiciliés 5, rue du Petit Pont à Chauvigny. Elle fut orpheline dès 1903 à la suite du décès de sa mère. Elle entra en apprentissage à Poitiers vers l’âge treize ans, avant la fin de sa scolarité, chez un chapelier installé rue du marché et y devint ensuite vendeuse. Par la suite, elle créa un magasin de mode « Chez Édith », 41, rue du marché à Poitiers, avec une amie, Marie Tillet qui se maria à son cousin Albert Roquet. Édith Augustin resta célibataire.
Acquise dès l’été 1940 à l’esprit de résistance, elle s’engagea rapidement dans l’action profitant du fait que son père habitait Chauvigny (Vienne), de l’autre côté de la ligne de démarcation. Au prétexte de lui rendre visite, elle avait pu obtenir un laissez-passer des autorités d’occupation qui lui permit de passer la ligne environ une fois tous les quinze jours.
Après la mise en place du statut des juifs (loi du 3 octobre 1940), Édith Augustin qui entretenait des relations professionnelles avec des fournisseurs d’articles de mode parisiens, dont plusieurs étaient juifs, accepta d’aider ces familles à franchir la ligne de démarcation, d’entreposer dans sa boutique des papiers importants et de faire passer argent, bijoux et courriers. Avec l’aide de ses ouvrières, elle confectionnait chapeaux et objets de mode pour y dissimuler les objets compromettants et leur faire passer la ligne dans le secteur de Poitiers avant de laisser à son père à Chauvigny les objets en question que les fugitifs venaient ensuite récupérer (lors de son arrestation, ses ouvrières firent disparaître en les brûlant les documents compromettants en particulier les comptabilités laissées par des commerçants juifs de Paris).
Édith Augustin était également membre du réseau « Marie-Odile ». Ce réseau créé par Gabrielle Barré de Saint Venant, résidant à Nancy (Meurthe-et-Moselle), eut d’abord pour but d’aider à l’évasion des prisonniers de guerre français et à faciliter le passage en zone sud des Alsaciens-Lorrains fuyant les zones annexées par le Reich. Fin 1941, le réseau étendit son action aux aviateurs britanniques et américains. Édith Augustin fit partie des 78 agents du réseau, actifs dans le secteur ouest. Elle hébergeait avant leur passage de la ligne, tous les fugitifs dans la maison qu’elle avait acquise à Quinçay (Vienne).
En 1942, un cousin de Marie Roquet, Omer Parnaudeau, membre du réseau Alliance, passa par Poitiers avant de traverser la ligne de démarcation. Ce passage eut pour effet l’entrée d’Édith Augustin dans le réseau. Avec Albert Roquet et ses beaux-parents, Eugène et Marie Tillet, Jean Kiffer et Jean Baptiste Métayer, ils constituèrent le noyau poitevin du réseau Alliance dirigé par Marie-Madeleine Fourcade, qui était en relation directe avec l’Intelligence Service. Dans l’organisation du réseau, Édith Augustin, agent de renseignements et de transmission, portait le code N 720 pour la région Sud-Ouest surnommée Hangar, secteur de Poitiers.
Dénoncés par un agent double travaillant pour la police de sûreté allemande, les agents de la région Sud-ouest furent arrêtés. Édith Augustin et le couple Tillet arrêtés le 31 décembre 1943 furent incarcérés à la maison d’arrêt de la Pierre-Levée à Poitiers, transférés avec tout le groupe à la prison de Fresnes puis au camp de Compiègne (Oise) et enfin au camp de sûreté de Schirmeck (Bas-Rhin). Édith Augustin fit partie du convoi du 1er mai 1944.
Le dossier d’accusation d’espionnage instruit par la Gestapo de Strasbourg concernant Édith Augustin, Charles Ichon, Jean Kiffer, Albert Roquet, Eugène et Marie Tillet fut transmis le 17 avril 1944 au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Édith Augustin et les autres femmes du réseau Alliance furent enfermés dans le bâtiment dit « le garage », bâtiment nommé ainsi du fait qu’à l’origine on y entreposait les véhicules, tandis que les hommes étaient incarcérés au block 10.
Devant l’avance alliée, les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, tués d’une balle dans la nuque puis incinérés dans le four crématoire du camp.
Elle fut homologuée comme chargée de mission de 3e classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de sous-lieutenant.
Édith Augustin, Albert Roquet, Eugène et Marie Tillet furent à titre posthume nommés sous-lieutenants et décorés de la Légion d’honneur, de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance.
Le nom d’Édith Augustin figure sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) et a été donné à une Résidence de Poitiers-Ouest.
Elle obtint la mention Morte pour la France le 22 juillet 1946 et "Morte en déportation" par arrêté du 11 septembre 2014.
Sources

SOURCES : État civil — Dossier AVCC Caen — Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof ". — Marie-Madeleine Fourcade L’Arche de ¨Noé, Ed. Fayard 1968 — Mémorial Alliance — Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, 2014.— Vienne Résistance Internement Déportation, article de Jean-Marie AUGUSTIN professeur à l’Université de Poitiers — Christian Richard La ligne de démarcation dans la Vienne 1940 – 1943 Ed. La Geste 2017 — Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D., tome 2. — MémorialGenWeb — Édith Augustin mise à l’honneur par les Anciens combattants.

Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault

Version imprimable