Plaque commémorative en mémoire d’André Soveaux, condamné à mort et fusillé par un peloton de GMR.

Texte de la plaque :

« Le 19 avril 1944, en ce lieu fut fusillé un Résistant Cheminot
René SOVAUX, 20 ans
venu avec trois autres Cheminots délivrer un de leur camarade
condamné à mort, tous du Réseau FTPF de TERGNIER.
Les trois autres Résistants furent transférés à la prison de la
Santé à PARIS, jusqu’à la libération de la Capitale.
Il s’agit de BEGUIN Henri 20 ans,
GOBEAU René 19 ans,
FAUQUET Pierre, 23 ans.
Tous Héros de la Résistance. Passants ne les oubliez pas ».

Outre les erreurs sur l’orthographe des noms d’André Soveaux et de René Gobeaut, cette version des faits ne correspond pas tout à fait à celles qui furent données par Christian Carlier ou René Gobeaut, dans la mesure où l’action visait à libérer non pas un, mais six résistants emprisonnés.

L’opération contre la maison d’arrêt de Laon


Le samedi de Pâques 1944, le 8 avril 1944, les gardiens de la paix Guillermain et Brochart étaient de service à la petite maison d’arrêt de Laon (Aisne), rue de la Congrégation. Chargés d’assurer la sécurité extérieure de l’établissement, ils prirent place, à partir de la relève de 17 heures, dans le poste de garde en compagnie du surveillant portier. À 20 heures précises, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Le portier ouvrit le judas et aperçut deux jeunes hommes (il s’agit de René Gobeaut et d’Henri Béguin). L’un des deux déclara qu’ils venaient porter un colis à un surveillant, M. Huon, de la part de son oncle de Fismes (Marne). Le surveillant s’assura de l’identité du destinataire du colis avant d’ouvrir la porte. Celle-ci franchie, les deux jeunes gens — dont l’un est porteur d’une valise — pénètrent dans la cour de l’établissement. Après que le surveillant portier les eut renseignés, ils se dirigèrent vers le logement de fonction du surveillant Huon, à quelques mètres de la porte d’entrée. À peine éloignés, René Gobeaut braqua son revolver sur le surveillant qui commença à crier. D’après celui-ci, les gardiens de la paix Guillermain, armé de sa mitraillette, et Brochart, le revolver à la main, seraient alors sortis du poste de garde. Les deux policiers prétendirent de leur côté avoir accompagné le surveillant jusqu’à la porte, le gardien de la paix Guillermain demeurant, une fois les deux visiteurs entrés dans l’établissement, en faction devant la porte du poste de garde et le gardien de la paix Brochart devant la porte d’entrée de la prison. Cette version fut contredite tant par les résultats de l’enquête du commissaire de police de Saint-Quentin que par les dires des deux résistants. Il semble que ce soit seulement aux cris poussés par le portier que le gardien de la paix Guillermain apparut, mitraillette en bandoulière. Le policier prétendit même avoir voulu faire usage de son arme mais qu’elle s’enraya. René Gobeaut le somma de ne pas tirer et de les laisser passer pour aller délivrer six camarades détenus à l’intérieur, tous des « patriotes français ». Le gardien de la paix Brochart serait alors accouru et, s’approchant de René Gobeaut, l’aurait désarmé immédiatement sans que celui-ci opposa la moindre résistance. Sur ordre des policiers, les deux résistants levèrent les mains en l’air. Ils furent conduits au greffe, déshabillés et fouillés par Brochart, qui découvrit trois lettres sur Henri Béguin. Écrites par des détenus de la maison d’arrêt, elles donnaient des détails destinés à faciliter l’opération et faisaient état de la complicité de gardiens, de policiers et de gendarmes.
À 20 h 05, Guillermain téléphona au brigadier de permanence au commissariat de police de la ville, Gabriel Delaplace. Celui-ci arriva avec cinq agents : Leseurre, Bréal, Caillou, Hobart et Mauve. En fait de colis, la valise saisie contenaitt un pistolet-mitraillette de marque anglaise, trois chargeurs et deux grenades également de fabrication anglaise. Le surveillant portier téléphona à la gendarmerie, voisine de la prison, pour demander du renfort avant de retourner à la porte d’entrée.
Le porteur de la valise s’avéra être Henri Béguin, ajusteur à la SNCF demeurant 32, rue Kléber à Tergnier. C’est sur lui que furent trois lettres. Le second était René Gobeaut, manœuvre à la SNCF demeurant 29, rue Paul Doumer à Quessy-Centre, armé d’un revolver de calibre 7.65, de marque française et portant le numéro 26 865.
L’interrogatoire fut interrompu par le portier, revenu en courant prévenir les policiers que deux individus suspects rôdaient aux alentours de la maison d’arrêt, vers la rue des Scots. Découverts, ils s’enfuirent vers la rue Saint-Martin poursuivi par le gardien de la paix Leseurre, criant et tirant en l’air pour appeler des renforts. L’un des deux fuyards se serait alors retourné, faisant feu à plusieurs reprises en direction des policiers qui ripostèrent. Les échanges de coups de feu (une quarantaine selon la police, une cinquantaine aux dires du procureur de la République Amor) se poursuivirent jusqu’à la hauteur du Courrier de l’Aisne, à la jonction de la rue Saint-Martin et Saint-Jean, en direction du centre du plateau de Laon. Un ou deux soldats allemands (selon les versions) étaient en faction à cet endroit. Les fuyards, pris entre deux feux, furent arrêtés et conduits à la maison d’arrêt. Il s’agissait de Pierre Fauquet, né en 1926, et d’André Soveaux, né en 1924 à Quessy, tous deux employés à la SNCF et demeurant à Quessy-Cité. C’est ce dernier qui fit usage de son arme.
Les quatre arrêtés furent appelés à comparaître devant la cour martiale.

L’objectif de l’opération


Les détenus qui devaient être libérés étaient :
  • Pierre Payen (35 ans), électricien à la SNCF, demeurant à Fargniers ;
  • André Barisi (23 ans), ferblantier à la SNCF, demeurant à Quessy Cité ;
  • Edmond Courtois (20 ans), ajusteur à la SNCF, demeurant à Jussy ;
  • Robert Comet (24 ans), ferreur à la SNCF, demeurant à Quessy Cité ;
  • Henri Lempernesse (24 ans), forgeron à la SNCF, demeurant à Tergnier ;
  • Maurice Blanche, dit Régnier, 19 ans, membre d’un groupement de résistance en Haute-Savoie avant de participer à une attaque à main armée d’un bureau de tabac à Brunehamel.

Sources
Iconographie
ICONOGRAPHIE. Mémorial GenWeb

Frédéric Stévenot

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