Morts au Bessillon (Var)
Morts au Bessillon (Var)
SOURCE : Tombe collective de certains des morts du Bessillon, maquisards et résistants originaires de Cotignac. Cimetière de Cotignac (Var)
Le massif du Bessillon domine le centre Var entre Barjols et Cotignac. Un détachement de la 1e Compagnie FTP de Provence vint s’établir sur son flanc sud vers le début juillet 1944. Ce détachement, appelé Battaglia du nom de deux frères, maquisards de la compagnie, tués l’un, Paul, à Signes (Var) le 2 janvier 1944, et l’autre, Marcel, le 27 mars à Barrême (Basses-Alpes), avait été détaché dans le Var depuis la fin avril alors que la compagnie – qui était née dans le Var – s’était repliée dans les Basses-Alpes. Installé près de Villecroze en mai, il fut grossi par de jeunes recrues locales en juin. Il comptait une vingtaine d’hommes lorsqu’il vint s’établir, en position re¬lativement avancée, dans le Bessillon. De là, il opéra des coups de main épurateurs dans les localités des environs, en liaison avec les communistes locaux qui le ravitaillaient et le renseignaient. Ses opérations et ses déplacements à bord de véhicules réquisitionnés attirèrent l’attention des occupants. Pour le localiser, ils utilisèrent les hommes du détachement Brandebourg qui venait d’être créé à Brignoles, auprès de l’état-major de la 242e Division d’infanterie (qui occupait l’essentiel du Var), à partir d’élément du PPF toulonnais.
Le massif fut encerclé par les Allemands et leurs auxiliaires Brandebourg le 27 juillet à l’aube. Le détachement Battaglia, installé ferme de Pallières, (commune de Correns), se scinda en deux groupes. L’un pût s’échapper, mais l’autre fut anéanti. Sur les huit maquisards qui le composaient, il n’y eut qu’un seul rescapé. Un résistant de Cotignac venu les prévenir de l’attaque, Léon Gérard, fut tué.
Sur l’autre versant du massif (commune de Pontevès), les troupes et les Brandebourgeois avaient emmené avec eux dix otages qu’ils avaient extraits de la prison de Brignoles. Ces otages provenaient des rafles effectuées dans les environs les jours précédents (Méounes le 5 juillet, Cotignac le 8, Barjols le 13, Brignoles). Ils furent abattus après avoir été contraints de transporter des caisses de munitions jusqu’à la crête du massif. Les Allemands ont également détruit ce jour-là la ferme du Jas à l’explosif.
Le 29 juillet, alors que le maquis isolait Cotignac en occupant le bureau de poste et en coupant les fils télépho¬niques, presque tout le village participaient aux obsèques des résistants enterrés là (les maquisards, Léon Gérard et Gabriel Philis, le secrétaire de mairie, fusillé avec les autres otages).
Deux stèles aux victimes du drame furent inaugurées en plein bois, à Sainte-Catherine et dans la gorge de Vallauris, le 12 novembre 1944. Un monument, plus commode d’accès, fut érigé en 1945 au bord de la RN 560, à La Genevrière (Pontevès), ainsi qu’un cénotaphe au cimetière de Cotignac.
Liste des morts du 27 juillet 1944
Détachement Battaglia (1e Cie FTPF de Provence)
ARNAUD Victor, La Ciotat (Bouches-du-Rhône)
DANNA Constant, Mougins (Alpes-Maritimes)
FERRERO Jean, Draguignan (Var)
KERSAHO Gilbert, La Valette (Var)
SANTUCCI Serge, Salernes (Var)
TRINQUET Jean, Marseille/La Ciotat (Bouches-du-Rhône)
X André (nom inconnu)
Autre résistant
GERARD Léon, Toulon/Cotignac (Var)
Otages
AUNE Marius, Barjols (Var), ouvrier menuisier
D’ERAMO Raphaël, Méounes (Var), journalier
DURAND Louis, Barjols (Var), receveur des P&T
FAVE Marius, Barjols (Var), navigateur retraité
JELLY Joseph, Toulon (Var), journalier
MARTIN Nicolas, Brignoles, cafetier
PHILIS Gabriel, Cotignac (Var), secrétaire de mairie
PICQ Félix, Le Val (Var), mineur de bauxite
VINCON Sylvestre, Brignoles (Var), ouvrier
VOLTERRANI Lucien, Barjols (Var), ouvrier tanneur
Sources

SOURCES : Arch. Dép. du Var 1W25 et cour de Justice de Toulon. — Livre noir de la XVe Région (Service des crimes de guerre, 1945). — Témoignages. — Presse locale : La Provence Libre, 26 octobre 1944, 30 juillet 1945.— Bulletin n°15, 2003 du Comité ANACR du Bessillon. — Gabriel-Henri Blanc, Un village en Provence : Cotignac, chez l’auteur, 1980. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989.

Jean-Marie Guilllon

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