Des éléments d’une colonne allemande, composée aussi d’un détachement de la 8e compagnie Brandebourg (détachement Schorn) arrêtèrent le 16 juin 1944, vers 6 h. 30, aux environs d’Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence), un groupe de jeunes gens venant du Var et cherchant à rejoindre le maquis FTP. Cette colonne avait été envoyée pour faire la chasse aux résistants regroupés dans le secteur depuis le 7 juin. Elle venait de Vinon-sur-Verdon (Var) où, le 14, elle avait abattu un résistant, l’ancien maire du village André Arbaud (voir ce nom), et un autre habitant et s’était livré à diverses exactions. Les jeunes gens arrêtés assistèrent à l’exécution de neuf personnes sur la place d’Allemagne, puis furent conduits sur le territoire de Saint-Martin-de-Bromes, au lieu dit le Ravin des Bayles, où ils furent tous massacrés vers 11 h. 30. Le curé aurait reconnu et fait relâcher un jeune bûcheron membre du groupe. Les Allemands leur auraient dit qu’ils seraient envoyés travailler en Allemagne. Quinze corps furent découverts le 19 juin.
Quatorze de ces jeunes gens furent identifiés, provenant tous de Brignoles (trois) et de villages environnants (trois du Val, trois de Montfort, trois de Carcès). S’étaient joints à eux deux ou trois anciens soldats de l’armée italienne employés, comme certains d’entre eux, dans les mines de bauxite du secteur. C’était un groupe d’amis, joueurs de football, âgés de 17 à 24 ans, décidés à « monter » au maquis. L’un d’eux, Gabriel Unia, de Carcès, aurait accompagné à Montagnac chez les FTP son camarade Floréal Fuentès (voir ce nom), tué le 11 août 1944, non loin de là, à Sainte-Croix-du-Verdon, et serait redescendu ensuite pour y conduire ses camarades. Le groupe s’était regroupé à Cotignac pour prendre le car de Riez vers 22 h , le 15 au soir. Leur projet était connu dans leurs villages. D’autres amis devaient partir avec eux. Ils étaient sans armes.
Plusieurs versions ont circulé sur ce groupe et sur les circonstances de son arrestation. Inconnus dans la région de Saint-Martin-de-Bromes, ils ont été considérés comme des bûcherons se rendant sur leur chantier, alors que, dans le Var, on évoquait, soit une trahison par un ex-soldat italien, soit une infiltration par un membre du détachement Brandebourg alors installé à Brignoles.
Une stèle fut érigée à leur mémoire sur les lieux du drame, à Saint-Martin-de-Bromes avec des erreurs de prénoms et un inconnu. Une autre stèle se trouve dans le cimetière de Montfort.
Liste des exécutés :
BAGARRE Louis
BERTOLUCCI Orlando
BOTTO Eugène
CABASSE André
CANTONI Ezio
FABIANO Raphaël
FAGGINOLO Jean
HERAUD Camille
MAGAKIAN Jean
MARES Max
PRESTIA Guiseppe
SAPPA Marius
SIMONDI Gabriel
UNIA Gabriel
Sources

SOURCES : La Résistance des Basses-Alpes n°6, 9 novembre 1944 ; Cour de justice Aix-en-Provence, dossier Ocleppo. — Archives ANACR Var. — CDIHP, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Digne, 1992. — Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983 et rééd. 1990. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989.

Jean-Marie Guillon

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