Né le 18 mai 1911 à Romanswiller (Bas-Rhin), massacré le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; marchand de bestiaux.

Fils de Fernand, marchand de bestiaux, et de Clémentine Kahn, Paul Bauer demeurait avant guerre à Romanswiller (Bas-Rhin). Il devint comme son père marchand de bestiaux. En 1939, il fut mobilisé. Libéré de ses obligations militaires après l’armistice franco-allemand, il s’installa à Sète (Hérault). En tant que juive, sa mère, Clémentine Kahn, fut expulsée de Romanswiller par les autorités allemandes. Après s’être réfugiée dans divers lieux, elle rejoignit son fils à Sète. Au cours de l’été 1943, la mère et le fils s’établirent à Simard (Saône-et-Loire). En 1943, Paul Bauer était célibataire et journalier.
Le 15 ou 16 octobre 1943, des membres de la Résistance assassinèrent 3 soldats allemands occupant un poste de guet à Simard. Suite à cette action, le 16 octobre, Paul Bauer fut arrêté à Simard par la Feldgendarmerie de Louhans (Saône-et-Loire). Clémentine Kahn témoigna après guerre que Paul Bauer fit partie d’un groupe d’habitants arrêtés comme otages. Toutes ces personnes furent relaxées peu de jours après leur interpellation, à l’exception de Paul Bauer. D’après un rapport des Renseignements généraux du 20 octobre 1943, la seule charge qui fut retenue contre lui fut « sa qualité de juif ». Deux témoins confirmèrent que Paul Bauer fut « arrêté par les Allemands probablement déjà à titre racial et ensuite comme otage à la suite de l’assassinat [...] de soldats allemands [...]. M. Bauer était connu par les soldats allemands puisqu’il parlait leur langue et par ses sentiments français ». Dans une lettre au préfet régional de Lyon, le préfet de Saône-et-Loire décrivit les mauvais traitements que subit Paul Bauer : « l’intéressé contre lequel aucun soupçon ne pèse a été attaché au pied d’une table à proximité des cadavres après avoir été violemment frappé ». Paul Bauer fut transféré à Lyon et interné à la prison de Montluc dans le Réfectoire des hommes. Sollicité par le préfet de Saône-et-Loire et la famille Bauer, l’intendant de police de Lyon René Cussonac s’enquit en octobre et novembre 1943 du sort de Paul Bauer. En janvier 1944, il transmit la réponse officielle des autorités allemandes : « l’intéressé […] a été remis en liberté, aucune charge n’ayant été retenue contre lui ». Paul Bauer ne réapparut pas à son domicile...
Le 12 juin 1944, vers 18h, il fut extrait de la prison de Montluc avec vingt-deux autres prisonniers. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.
Son corps fut identifié le 8 novembre 1944 par sa cousine germaine, Jeanne Meyer, demeurant à Simard. Une liste de 9 noms écrite de la main de Paul Bauer lui fut restituée.
Paul Bauer fut inhumé dans le cimetière israélite de la Mouche à Lyon le 15 novembre 1944.
Il reçut le titre d’interné politique en 1960. Le statut de Mort pour la France lui fut accordé en 2011.
Sources

SOURCES  : DAVCC, Caen, dossier de Paul Abraham Bauer.— Arch dép. Rhône, 3335W22, 3335W4, 3808W1078, 3460W2.— Arch. dép. Bas-Rhin, mariage de Fernand Bauer et Clémentine Kahn en 1906 à Romanswiller.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Note de Maurice Berne. — Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu, 1942-1944, 1999.— État-civil.

Jean-Sébastien Chorin

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