Né le 22 juillet 1892 à Vannes (Morbihan), mort sous la torture le 29 janvier 1944 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; militaire de carrière ; résistant de l’ORA Organisation de Résistance de l’Armée.

"Les rues se souviennent... A Riom, avenue du Commandant Madeline", Résistance d’Auvergne, n°2, mars 1971.
Fils de Jules Madeline, lieutenant au 116e Régiment d’infanterie en garnison à Vannes et de Nathalie native d’Alger, sans profession, Henri naquit au domicile de ses parents avenue Victor Hugo. Il se maria le 16 septembre 1916 avec Marie Anne Brocat à Saint-Maixent (Deux-Sèvres).
En 1910, il s’était engagé au 105e Régiment d’infanterie à Riom (Puy-de-Dôme) puis fut reçu à l’Ecole militaire d’infanterie en 1914. Soldat dans ce régiment pendant la Première guerre, il fut blessé à Rambervilliers (Vosges) et perdit l’usage d’un oeil.Devenu instructeur à Saint-Maixent, en 1925 il participa aux opérations militaires au Maroc au sein du 62e Régiment des Tirailleurs sénégalais. Il fut successivement affecté à l’État-major de Clermont-Ferrand en 1927, au 43e RI en 1934 puis au 100e RI le 26 août 1939 au sein duquel il fut fait prisonnier le 23juin 1940 et détenu jusqu’en octobre 1942. Libéré, il rejoignit le Centre de l’Armée de terre de Clermont-Ferrand puis le 13 janvier 1943 fut affecté au bureau de garnison de Riom (Puy-de-Dôme).
En décembre 1942, il était devenu un membre actif de l’ORA et l’assistant régional du Lieutenant- colonel Jacques Boutet chef régional de l’ORA nommé par le général Aubert Frère chef national nommé par le général Giraud le 3 novembre 1942. Le Puy-de- Dôme relevait du lieutenant-colonel Jean Garcie. Selon le colonel Dainville, historien de l’ORA, ils réalisèrent « une organisation en profondeur : ossature départementale du commandement, transmissions, dépôts d’armes, équipes de destructions des agents ennemis, liaisons avec les organisations de résistances (FTP compris), financement des passages en Espagne... » et le rapport allemand pour les opérations en France en mars 1944, citait « la région de Clermont-Ferrand comme la mieux organisée avec à sa tête un comité directeur, disposant de véritables bureaux d’état-major. »
Le 1er octobre 1943, les Allemands cernèrent les bâtiments de l’état-major 35 Cours Sablon à Clermont-Ferrand et arrêtèrent Henri Madeline, Jacques Boutet et de nombreux officiers de la XIIIe région militaire qu’ils incarcérèrent à la prison militaire du 92e RI de la ville. Accusé pour « activité de franc-tireur », à partir du 26 janvier 1944, Henri Madeline subit tortures et interrogatoires durant lesquelles il n’avoua rien ; le 29 janvier au matin, trouvé sans connaissance dans sa cellule, un médecin allemand constata son décès. Le lendemain, deux agents de la Sipo-SD vinrent prendre son corps, le dépouillèrent de tout objet distinctif puis enfermé dans un sac jetèrent celui-ci au bord d’une route près de Cournon d’Auvergne(Puy-de-Dôme). Le corps d’Henri Madeline fut découvert quelques heures plus tard et identifié grâce à sa bague oubliée. Le rapport d’autopsie fait état d’un corps martyrisé, membres cassés notamment.
Les obsèques d’Henri Madeline le 3 février 1944 au cimetière de Riom donnèrent lieu à une manifestation rassemblant un grand nombre de personnes.
Suite à une enquête, le gouvernement de l’État français notifia un avertissement à Hugo Geissler chef régional de la Sipo-SD.
Reconnu Mort pour la France, il a été homologué FFI et interné résistant DIR.
Henri Madeline fut décoré des Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945 à l’ordre de l’Armée, de la Médaille de la Résistance avec rosette et fut fait officier de la Légion d’honneur.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Riom où une rue a été dénommée « Commandant-Madeline »
Sources

SOURCES : Arch.dép.du Puy-de-Dôme 908W96 . — Gilles Lévy, François Cordet À nous Auvergne !, Presses de la Cité, 1990 . — Eugène Martres Auvergne, Bourbonnais, Les Archives parlent 1940-1945, Éd. de Borée, 2004 . — Colonel A. de Dainville, L’ORA : Résistance de l’armée, Lavauzelle, 1974. — "Les rues se souviennent... A Riom, avenue du Commandant Madeline", Résistance d’Auvergne, n°2, mars 1971. .— État civil de Vannes .— Sites internet : Les amitiés de la Résistance et Maquisards de France (témoignages de sa petite-fille). — AVCC Caen AC 21 P 567689 (nc) . — SHD VIncennes GR 16 P 382264 (nc).

Huguette Juniet

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