Né le 2 décembre 1909 à Limoges (Haute-Vienne), mort sous la torture le 6 mars 1944 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; ajusteur ; militant communiste de Beaumont (Puy-de-Dôme) ; résistant capitaine au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Robert Noël
Robert Noël
Lettre de Robert Noël à son épouse avant sa mort
Fils naturel d’Anne Noël, Robert Noël s’est marié le 3 juillet 1930 avec Suzanne Giat à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine, ex Seine). Ils eurent deux fils. Il habitait Beaumont et exerçait la profession d’ajusteur aux établissements Guillaume, à Clermont-Ferrand. Il aurait adhéré au Parti communiste français en 1936 et il devint responsable de la cellule communiste de Beaumont avant guerre. Il s’investit également dans l’organisation antifasciste Amsterdam-Pleyel et était secrétaire département du Secours Rouge International, ancêtre du Secours populaire français. Il mena aussi plusieurs campagnes pour la libération de prisonniers politiques, en particulier Robert Marchadier, après sa condamnation début 1939 pour son rôle dans les grèves du 30 novembre 1938. Il était notoirement connu des services de police comme militant communiste. Avant guerre la cellule éditait le journal L’écho de Beaumont.
Il fut mobilisé en 1939, affecté spécial à la Manufacture d’armes de Tulle (Corrèze).
Rentré dans ses foyers, il reprit son travail aux établissements Guillaume et reprit contact avec la direction locale du Parti communiste dès décembre 1940. Il fut chargé d’imprimer et distribuer des tracts. Durant 15 mois, malgré la forte présence policière à Clermont-Ferrand et la répression contre les communistes, il va poursuivre sa tâche. Il fut arrêté le 12 septembre 1941 par la police spéciale, dénoncé par un camarade arrêté.
Il est considéré alors comme l’un des principaux militants. Il a remis du matériel de propagande à plusieurs reprises à d’autres militants et les incitait à diffuser des tracts. Il était en contact avec deux responsables envoyés de la Loire : Frédéric Sauvignet et Joseph Ramier. Il était également chargé de collecter les cotisations des militants communistes clandestins. Il ne fit aucun aveu.
Il fut condamné le 27 novembre 1941 par la Section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 13éme Division militaire à 15 ans travaux forcés, 15 ans interdiction de séjour pour menées de nature communiste.
Il est alors incarcéré à la sinistre prison de Saint-Étienne. Il souffrit du froid et de malnutrition, ne pesant bientôt plus que 55 kgs pour 1 m.80. Il garda confiance et s’organisa avec les autres communistes emprisonnés. Il fit partie des 30 militants qui parvinrent à s’enfuir le 26 septembre 1943 grâce à une opération menée conjointement de l’intérieur par la fraction communiste et de l’extérieur par les FTP.
Robert Noël reprit des forces et un mois plus tard il fut enrôlé dans les FTPF dans la région de Marseille. Il fut notamment officier de renseignements, nommé capitaine par le lieutenant-colonel Fournier, chef de l’état-major FTP.
Le 4 mars 1944 il fut blessé à la mitraillette par la police française et livré à la Gestapo. Incarcéré à la prison des Baumettes, blessé, non seulement il ne reçut aucun soin, mais il fut torturé six heures durant. Il garda le silence. Bien qu’interdit d’écrire, il parvint à envoyer une dernière lettre à son épouse.
Les agents de la Gestapo lui défoncèrent la boîte crânienne avant de lui briser la colonne vertébrale et l’abattre dans sa cellule le 6 mars 1944. Son corps fut retrouvé dans un charnier.
C’est dix ans après sa mort, que le corps de Robert Noël a été inhumé à Beaumont (Puy-de-Dôme) en présence de représentants de nombreuses cellules du PCF mais aussi Robert Marchadier, représentant le Comité Central et en même temps secrétaire de l’UD CGT du Puy-de-Dôme.
La demande de certificat d’appartenance de Robert Noël aux FFI qui avait été transmis au secrétaire d’Etat à la guerre en juillet 1953 est revenue refusée.
La demande d’attribution de la carte d’Interné-Résistant à Robert Noël a également été refusée. C’est Joseph Fradot, à la demande de la FNDIRP et de la veuve de Robert Noël, qui s’était chargé du dossier d’interné et avait notamment sollicité Noël Ruat pour obtenir une attestation. Fradot constata que la situation était difficile car dans le Puy-de-Dôme, il n’y avait personne habilité à fournier des attestations permettant d’attribuer des homologations pour la période 1940-1941. Roger Champrobert fit alors une attestation indiquant que Robert Noël militait activement au sein de son organisation de Résistance, sans préciser laquelle, au moment où il fut arrêté en septembre 1941.
La carte d’Interné-Politique lui fut délivrée à titre posthume le 8 juin 1956. La carte de combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui fut également refusée le 14 janvier 1961 par la Commission nationale au motif qu’il n’avait pas la carte d’Interné-Résistant et que son dossier ne comportait aucune justification valable en ce qui concerne la période de septembre 1943 à mars 1944. Le commandant Mazuel, président de la Commission régionale d’incorporation des FFI certifia pourtant le 14 novembre 1945 que le capitaine Noël avait servi dans les FFI du 22 septembre 1943 jusqu’à son arrestation le 6 mars 1944.
Reconnu "Mort pour la France", il a été homologué capitaine (notification n°9854, signée Kléber). Le 10 mai 1946, le colonel Kléber signa une homologation pour Noël en tant que FFI avec prise de rang au 1er octobre 1941.
Sa mémoire fut honorée notamment par le nom donné à une rue de sa commune Beaumont, mais aussi en étant le premier résistant dont la notice biographique fut publiée dans le n°1 du journal de l’ANACR du Puy-de-Dôme, en 1970. Son nom est inscrit et sa photo apposée sur une plaque commémorative aux côtés de 15 martyrs de la Résistance à Beaumont ainsi que sur le monument aux morts de la commune.
Il n’a pas de dossiers au service historique de la Défense à Caen et Vincennes.
Sources

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 520 872, dossier Robert Noël (nc). — SHD Vincennes, GR 16 P 446327, dossier FFI pour Robert Noël (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 2546 W 7940. Dossier demande attribution carte CVR à Robert Noël .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941.-Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : Note, Vichy, le 26 octobre 1941.— Arch. dép. du Puy-de-Dôme,1296 W 100 : commissaire principal à commissaire chef du service régional de police judiciaire, 1er juin 1942 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : Procès-verbal interrogatoire Robert Noël, 21 octobre 1941 .— Acte d’accusation de Joseph Ramier et Louis Cuoq, Section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 13éme Division militaire, séant à Clermont-Ferrand, 22 janvier 1942 (archives privées Roger Champrobert) . — La Voix du Peuple, 12 mai 1945 . — “Les rues se souviennent … À Beaumont : Rue Robert Noël”, Résistance d’Auvergne, n°1, 15 novembre 1970. — Musée de la Résistance et de la déportation de Chamalières . — Un siècle à Beaumont. Souvenirs d’habitants- La guerre de 1939-1945. . — "Réinhumation de Robert Noël", Le Patriote, 1954 .—"Robert Noël, victime de la trahison Pétain-Laval", La Voix du Peuple, 18 août 1945. — Archives Roger Champrobert, correspondance entre Joseph Fradot et Roger Champrobert, décembre 1953. —Notes d’Huguette Juniet et d’Annie Pennetier . — MemorialGenweb photo Claude Richard.

Eric Panthou

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