Née le 24 juin 1911 à Moscou (Russie), guillotinée le 4 août 1944 dans la prison de Plötzensee à Berlin-Charlottenburg (Allemagne) ; mannequin, secrétaire dans l’industrie ; résistante, secrétaire de l’Organisation civile et militaire OCM.

Véra Obolensky
Véra Obolensky
Son père, Apollon Apollonovitch Makarovff appartenait à la haute société russe, il fut vice-gouverneur à Bakou puis pendant la guerre civile, la famille émigra à Paris en 1920. Véra arriva donc dans la capitale française à l’âge de neuf ans où elle était munie d’un passeport Nansen. Après ses études, elle travailla comme mannequin dans des maisons de couture russes puis comme secrétaire de l’industriel Jacques Arthuys. En 1937, elle épousa le prince Nicolas Alexandrovitch Obolensky (1900-1979) fils du gouverneur de Saint-Pétersbourg propriétaire d’immeubles à Nice.
Dès le début de l’Occupation de la France, elle entra dans un groupe de résistance avec Jacques Arthuys .En décembre 1940, il fusionna avec celui de Maxime Blocq-Mascart dont les activités étaient le renseignement et l’évacuation à l’étranger des prisonniers de guerre britanniques. Vera Obolensky, que ses proches surnommaient Vicky, prit en charge le secrétariat central du mouvement qui devint l’OCM au printemps 1941. Parallèlement à cette activité, Vicky aida régulièrement Marcel Berthelot dans la centralisation des renseignements destinées au réseau Centurie et à la Confrérie Notre-Dame CND.
Après l’arrestation de Jacques Arthuys le 21 décembre 1941, Véra Obolensky se mit au service de son successeur, le colonel Touny et conserva la responsabilité du secrétariat central de l’OCM. Dans ses fonctions, elle fit preuve d’une perspicacité (affaire Tilden) et d’un sang froid qui sauva l’OCM. En septembre 1943, lorsque Maxime Blocq-Mascart devint membre du bureau permanent du Conseil national de la Résistance (CNR), elle fut son agent de liaison.
Arrêtée le 16 décembre 1943 par l’équipe de Rudi Von Merod travaillant pour la Gestapo, chez son amie russe Sofka Nossovitch, résistante de l’OCM, rue Saint-Florentin qui fut arrêtée et torturée également. Contrairement à Vicky, Sofka n’a pas été déportée en Allemagne et elle a survécu à la guerre.
Sofka raconte :
Nous avons été interrogées par cinq agents de la Gestapo, assistés de deux interprètes. L’enquêteur allemand lui demanda [à Vera], comment des immigrés russes anti-bolchéviques pouvaient résister contre l’Allemagne, et l’a exhortée à aider l’Allemagne nazie à combattre leur ennemi commun à l’Est. À cela, Vera a déclaré : « Le but que vous poursuivez en Russie est la destruction de la Russie et des peuples slaves. Je suis russe, mais j’ai grandi en France et j’ai passé toute ma vie ici. Je ne trahirai ni ma patrie ni le pays qui m’a offert l’asile. Mais un allemand peut-il comprendre cela ? ... », puis lorsque l’enquêteur a continué sur de la propagande antisémite, Véra a répondu « Je suis chrétienne et croyante, c’est pourquoi je ne peux pas être antisémite. »
Inculpée de haute-trahison, jugée à Paris, Vicky fut condamnée à mort mais refusa de signer un recours en grâce, puis elle fut finalement déportée en Allemagne, à la prison Alt Moabit puis à celle de Barninstrasse. Elle fut guillotinée le 4 août 1944 dans la prison de Plötzensee à Berlin-Charlottenburg.
Dans le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, derrière le cimetière russe orthodoxe, une stèle honore la mémoire de Véra Obolensky.
À Rueil-la-Gadelière où elle vécut dans les années 1940, avec son époux, lui aussi résistant, lieutenant FFI déporté, une plaque immortalise la mémoire de Véra. Dans cette commune, en 1958, au cours d’une cérémonie officielle, elle reçut à titre posthume, la Croix de chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre.
Sources

SOURCES : Archives de la préfecture de police, GB 85, BS1-37. — Archives nationales, 72 AJ 42 (Ceux de la Libération : témoignage écrit de Georges Savourey daté du 18 décembre 1945). — Archives départementales des Yvelines, 300 W 55.— Archives du musée de l’Ordre de la Libération. — Marcel Leclerc, Résistance dans la Manche, Édition La Dépêche, 1980. — Gilles Perrault, Dictionnaire amoureux de la Résistance, Plon/Fayard, 2014, p. 353-359.

Fabrice Bourrée, notice complétée par Annie Pennetier et Françoise Strauss

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