Né le 16 avril 1894 à Brive (Corrèze), fusillé le 20 octobre 1943 à Cologne (Allemagne) suite à une condamnation à mort par le tribunal du peuple de Berlin ; lieutenant de gendarmerie, puis commandant du 3e Bataillon de la Garde républicaine de Paris ; membre du réseau de Résistance Saint-Jacques.

Fils d’un comptable (Germain Vérines) décédé en 1905 et de Jeanne Tournier, sans profession, Jean Vérines rejoignit le 126e Régiment d’infanterie de Brive le 7 septembre 1914. Nommé caporal le 28 décembre 1914, puis sergent le 2 janvier 1915, avant d’être affecté au 147e régiment d’infanterie, il fut à deux reprises blessé, à la mi-avril et le 16 juin. Cité à l’ordre de l’Armée, il reçut la Croix de guerre.
Après une longue convalescence, il intégra l’école de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), d’où il sortit le 21 avril 1916 avec le grade d’aspirant pour rejoindre son régiment, engagé alors au sud du fort de Douaumont. Au mois de septembre, il fut de nouveau cité à l’ordre du Corps d’Armée et nommé sous-lieutenant. Le 29 avril 1917, dans la région de Berry-au-Bac (Aisne), il fut grièvement blessé, à tel point qu’il perdit la vision de l’œil droit. Le 28 janvier 1918, il fut décoré de la Légion d’honneur, et le 18 septembre promu lieutenant.
Le 30 juin 1919, il fit son entrée à l’École de gendarmerie à Versailles et le 25 décembre nommé lieutenant de gendarmerie. Il servit d’abord à Saint-Jean d’Angély (Charente-Maritime), puis au Levant de 1920 à 1922, à Rochechouart (Haute-Vienne) en 1923, avant d’être nommé dans l’île de la Réunion, où il a officié durant treize années, en tant qu’adjoint au chef du Détachement, puis commandant de ce dernier après avoir été nommé au grade de capitaine le 1er janvier 1928.
Chargé de la surveillance du nationaliste marocain Abd-el-Krim, exilé dans l’île avec sa famille, et de celle de Tuy Than, ex-empereur d’Annam, et de ses deux fils, Vinh San et Vinh Soon, il parvint très vite à entretenir avec eux des relations empreintes de confiance réciproque « qui ne seront jamais trahies. ». Georges Vinh San, premier radioamateur dans l’île, a pu entendre l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940, et a rejoint les Forces françaises libres.
Le 17 décembre 1936, Jean Vérines devint officier de la Légion d’honneur, insigne qui lui fut remis le 14 mars 1937 par le colonel Lelong au pied de la statue d’un illustre natif de la Réunion : Roland Garros. Le 25 juin 1937, il fut promu chef d’escadron et le 4 août, il revint à Paris pour assurer le commandement du 3e Bataillon de la Garde républicaine à la caserne du Prince-Eugène, place de la République. Il créa la célèbre section de gymnastique de la garde qui s’est produite partout en France et dans le monde jusqu’en 1982, date de sa dissolution.
La caserne du Prince-Eugène fut occupée par les soldats de la Wehrmacht le 14 juin 1940. Mais à la brasserie de « La Chope de l’Est », située boulevard de Strasbourg, il retrouva des amis, anciens combattants du 147, et un soir du mois d’août, il fit une rencontre décisive, celle d’un officier d’artillerie, ancien de Narvik, le lieutenant-colonel Maurice Duclos. Acheminé par voie maritime le 4 août 1940 et débarqué d’un bateau britannique à trois kilomètres environ des côtes normandes, ce dernier avait rejoint le littoral en canot pour accomplir la première mission du S.R. de la France libre.
Les missions de son réseau, « Saint-Jacques », étaient, outre de diffuser des journaux clandestins (Pantagruel, Valmy), de collecter des renseignements d’ordre militaire, politique et économique, mais aussi de noyauter des cadres de la gendarmerie et de la Garde républicaine. Le sous-réseau Jean Vérines, composé de gardes républicains et de gendarmes, s’appliqua à glaner le maximum de renseignements afin de les transmettre au plus vite à Londres. Mais le 10 octobre 1941, suite à une trahison, deux officiers de la Feld-Gendarmerie firent irruption dans son bureau et l’arrêtèrent.
Après avoir été incarcéré à la prison de Fresnes et mis au secret, il fut déporté en Allemagne. Le 10 décembre 1941, il fut conduit à la prison de Düsseldorf, avec le matricule N.N. 401 (Nacht und Nebel ; Nuit et brouillard). Le 23 août 1943, les juges du Volksgerichshof (Tribunal du peuple) de Berlin l’ont condamné à mort. Le 20 septembre 1943, il fut transféré à Cologne, et un mois plus tard, le 20 octobre, fusillé. Il portait sa tenue d’officier de garde. Il rendit l’âme après avoir fait le salut militaire et crié « Vive la France ! »
Le 1er septembre 1945, il fut promu à titre posthume lieutenant-colonel à compter du 25 décembre 1941. Le 24 avril 1946, la médaille de la Résistance lui fut attribuée et le 27 mai 1947 la Croix de guerre avec palme.
Le 22 novembre 1947, son nom fut donné à la caserne du Prince-Eugène, et le 28 février 1948, la promotion de l’École d’officiers de la gendarmerie de Melun devint la « promotion Vérines ».
Le cercueil de Jean Vérines fut ramené en France au mois d’octobre 1948. Les honneurs militaires lui furent rendus à Strasbourg le 5 octobre, puis à Paris, aux Invalides, le 11 octobre. Il fut ensuite inhumé au cimetière de Malemort (Corrèze).
Le 8 septembre 1952, à la Réunion, la caserne de gendarmerie de Saint-Denis a pris le nom de caserne Vérines. Depuis le 2 juillet 1954, à Brive, et le 23 janvier 1966, à Malemort, deux rues portent le nom de Lt Colonel Jean Vérines.
Sources

SOURCES : article de Claude Migot, dans Les Amis de Malemort, mis à notre disposition par Françoise Germane, du Centre Edmond Michelet à Brive. — Les réseaux de résistance de la France combattante. Dictionnaire historique, sous la direction de Stéphane Longuet et Nathalie Genet-Rouffiac, Service historique de la Défense, éditions ECONOMICA, 2013, p. 689. — Jean-Paul Lartigue-Jean Watson, BRIVE. Histoire et Dictionnaire des noms de rues, éditions du Ver Luisant, 2008, p.518-519. — Site léonore.

Gilbert Beaubatie

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