BREDIER Jean, Auguste
Né le 17 avril 1893 à Montrollet (Charente), abattu sommairement le 13 juin 1944 au siège de la Gestapo rue des Écossais à Poitiers (Vienne) ; conservateur des hypothèques à Aubusson (Creuse) ; résistant Libération-Sud, Armée Secrète (AS) de la Creuse.
Exerçant son activité professionnelle à Aubusson (Creuse), domicilié 21, rue des Tanneurs, il s’y engagea en août 1943 dans la résistance. Il faisait partie à Aubusson du groupe appelé le « groupe du café du commerce ». Ce café tenu dans les années 40 par un adjoint au maire d’Aubusson, François Chevalier, membre de la SFIO, devint un foyer de résistance spontané regroupant en particulier des représentants de la gauche aubussonnaise. Jean Bredier (radical-socialiste) en était le principal animateur. Le groupe s’occupait essentiellement de propagande (distribution de tracts et de journaux clandestins, comme Combat) et s’affilia à Libération-Sud. Il semble que Jean Bredier appartenait aussi à l’Armée Secrète de la Creuse. Le 23 mars 1944, une vaste opération de police menée par la SIPO-SD, suite à des dénonciations émanant de plusieurs femmes proches de la Milice (et qui furent lourdement condamnées à la Libération), aboutit à l’arrestation d’une trentaine d’habitants d’Aubusson. Jean Bredier qui faisait partie des personnes arrêtées fut transféré à la prison de Limoges pour être interrogé et incarcéré.
Les 11 et 12 juin 1944, des troupes de la division « Das Reich » remontant vers le nord de la France stationnèrent à Limoges, amenant avec elles des prisonniers et des otages de Tulle. A la suite d’un tri, un convoi d’environ 370 personnes (otages de Tulle, résistants extraits de la prison de Limoges) dont fait partie Jean Bredier, fut formé et emmené vers Poitiers où il parvint en fin d’après-midi du 12 août. Les prisonniers furent regroupés et parqués dans la cour de la Gestapo, rue des Ecossais, surveillés par des soldats armés. Dans la nuit, vers deux heures du matin, débuta un bombardement de l’aviation alliée sur le secteur de la gare de Poitiers. Le bâtiment de la Gestapo, proche de la gare fut encadré par les bombes. Les prisonniers se plaquèrent au sol pour se protéger des nombreux éclats qui parvenaient jusqu’à eux. Les soldats tirèrent sur eux au moyen de deux fusils mitrailleurs. Jean Bredier fit partie des prisonniers tués sur le coup.
D’abord enterré à Poitiers, son corps fut transféré et inhumé au cimetière de Montrollet le 13 avril 1949 où il repose depuis lors.
Nommé capitaine FFI à titre posthume par arrêté du 31 mai 1949, il obtint la mention Mort pour la France (décret du 30 mai 1952). Son nom figure sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret. Depuis juin 2015, à l’initiative de la commune de Montrollet, une place et une plaque lui sont dédiés dans son village natal.
SOURCES : Arch. Dép. Charente (État civil ; registres matricules Magnac Laval) — Arch. Dép. Vienne, archives du commissariat central de Poitiers 1695 W art. 10 — Robert Petit. La collaboration, la Résistance et l’épuration à Aubusson (1940 – 1945) Alice Lyner éditions 2013 — Journal Le Confolentais 16 juin 2015
Michel Thebault