Né le 21 mai 1919 à Clerval (Doubs), exécuté sommairement le 9 juin 1944 au lieu-dit Combeauvert, commune de Janaillat (Creuse) ; sous-officier, militaire de l’école de la Garde de Guéret (Creuse) ; résistant FFI - AS.

Marcel Bertrand était le fils d’Amédée Bertrand et de Céleste Adam. Après une scolarité qui lui permet d’obtenir le certificat d’études primaires et de suivre pendant deux ans les cours du collège de Remiremont (Vosges), Marcel Bertrand décida, dès l’âge de 18 ans de s’engager dans l’armée. Engagé volontaire le 14 octobre 1937 au 188ème Régiment d’Artillerie Lourde Tractée, il gravit les étapes de la carrière des sous-officiers, nommé maréchal des logis en avril 1939. Il participa à la campagne 39 - 40, affecté à une batterie du 409ème Régiment d’Artillerie de DCA. A l’issue de la campagne, après l’armistice, il resta dans l’armée et fut muté le 15 novembre 1940 au centre de regroupement de Thiers (Puy-de-Dôme). En mai 1942, il obtint d’être affecté dans un escadron de la Garde (1/5) à Limoges (Haute-Vienne). Il y vécut en compagnie de son épouse Odette Perrollaz.
En avril 1944, il fut détaché à Guéret où venait d’être créée une école de la Garde, comme instructeur d’un escadron à cheval. L’école de la Garde créée par une décision du ministère de l’intérieur de Vichy le 29 octobre 1943, était la seule école militaire subsistant sous autorité française. Elle ouvrit ses portes le 24 novembre 1943, à la caserne des Augustines à Guéret (Creuse), après de longues tractations entre le général directeur de la Garde et les autorités d’occupation. Ayant pour mission la formation d’élèves officiers, d’élèves gradés et de gardes, ses effectifs totaux étaient à la veille du 6 juin 1944, d’environ 500 hommes, ce qui en faisait la seule force militaire d’importance du département de la Creuse.
Le 7 juin 1944, Albert Fossey, alias commandant François, dirigea la première libération de Guéret à la tête des maquis de la Creuse. Il obtint grâce à ses contacts personnels avec le directeur des études, le commandant Corberand, le ralliement à la Résistance de la majorité des effectifs de l’école. Les élèves-gardes participèrent à la libération de Guéret au côté des FFI. Marcel Bertrand joua un rôle important dans cette libération comme en témoigne sa citation à l’ordre de l’armée, pour l’obtention à titre posthume en 1951 de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec palme : « Garde à l’instruction équestre de l’École de la Garde. S’est distingué le 7 juin 1944 par son courage et sa valeur militaire lors de l’attaque de l’hôtel Saint François (siège de la Kommandantur) à Guéret ».
Guéret fut ainsi la première préfecture métropolitaine libérée de France. Pour les autorités de Vichy et l’État-major allemand, la situation ne pouvait être acceptée, en particulier le passage d’une unité militaire constituée avec armes et bagages à la Résistance. Le gouvernement de Vichy proclama la déchéance de la nationalité française pour les militaires. L’État-major allemand prépara une offensive ayant pour but de rétablir la liaison stratégique Montluçon – Limoges, d’éliminer les forces de la résistance et en particulier d’anéantir les troupes de la Garde. Le 8 juin une compagnie allemande venue de Montluçon en reconnaissance fut repoussée. Le 9 juin, une opération allemande massive fut organisée, avec l’assaut en provenance de Montluçon de troupes de la Wehrmacht appuyée par l’aviation. Au sud et à l’est des éléments blindés et motorisés de la division Das Reich furent chargées de contrôler les routes et d’empêcher le repli des résistants. Au vu de la disproportion des forces, les chefs de la Résistance ordonnèrent le repli et la dispersion de leurs forces. L’école de la Garde se replia vers Janaillat, 25 km au sud-ouest de Guéret.
Un retard des forces de la division Das Reich bloquée à Sauviat sur Vige par la destruction du pont sur la Vige, puis par une embuscade de la résistance à la Gasne du Clos (commune de Montboucher) et enfin à Bourganeuf, permit à la majorité des groupes de résistants et des éléments de la Garde entrés dans la résistance d’échapper à la prise en tenaille. Cependant des éléments de la division Das Reich (un bataillon du régiment Der Führer), se trouvèrent vers 14 h 30 face à un convoi se repliant de Guéret au carrefour de Combeauvert (commune de Janaillat) entre la route de Guéret et celle reliant Pontarion et Janaillat. Le maréchal des logis chef Marcel Bertrand qui faisait parti du convoi comprenant en particulier un groupe de maquisards FTP fut fait prisonnier avec le groupe après un bref mais violent combat. Selon Claude Cazals (La Garde sous Vichy op. cit.) il avait été chargé d’une mission par le capitaine Jouan de l’escadron 1/5 : celui-ci, apprenant qu’un détachement blindé allemand remontait du sud du département de la Creuse, lui avait confié des ordres pour le deuxième échelon de l’escadron en route vers Janaillat. Aligné contre un talus avec les autres résistants arrêtés au même moment, il fut fusillé sommairement, par des tirs d’armes automatiques.
Il obtint la mention Mort pour la France, et fut fait adjudant FFI à titre posthume, le 7 octobre 1947. Il reçut également la Médaille militaire et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme "pour faits exceptionnels de guerre et de résistance" le 7 novembre 1951.
Son nom figure sur le monument dressé à Combeauvert en 1947 à l’initiative du maire de Janaillat, Prosper Coucaud, sur le monument aux morts d’Anzème (Creuse), sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret ainsi que sur la plaque « in memoriam » de la caserne de gendarmerie de Guéret (aujourd’hui caserne Bongeot). Il figure également sur le mémorial de la Résistance de Vesoul (Haute-Saône). Son nom a été choisi par la 366ème promotion de l’école des sous-officiers de gendarmerie de Montluçon (Allier).
Sources

SOURCES : Mémoire des Hommes — Amicale des cadets de la GardeClaude Cazals La Garde sous Vichy Ed. La Musse 1997, en ligne — Mémorial genweb fiche n° : bp-1082298 — État civil, mairie de Janaillat..

Michel Thébault

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