Né le 26 août 1925 à Chavanay (Loire), fusillé sommaire le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; employé à la SNCF ; membre des groupes francs Ve Bureau de l’Armée secrète (AS) à Lyon (Rhône).

Louis Chirat était le fils de Michel Joseph Antoine, employé de commerce, et Marie Louise Tournier. Sa famille vécut au 15 rue Louis Loucheur à Lyon (Ixe arr., Rhône). Ses parents se séparèrent et Louis Chirat s’installa au 37 rue Saint-Pierre-de-Vaise à Lyon (Ve arr.) avec son père. Louis Chirat travailla comme auxiliaire au bureau des renseignements de la Gare de Perrache (Lyon) aux mois de décembre 1942 et janvier 1943.
Au mois de janvier 1942, Louis Chirat entra dans la Résistance. Il fut chargé de diffuser les journaux Franc-Tireur, Combat et Libération. Au mois de février 1943, il partit à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et tenta de franchir la frontière espagnole afin de rejoindre les Forces Françaises Libres (FFL) en Afrique du Nord. Il ne parvint pas à trouver de passeur, fut arrêté par la police française et incarcéré quelques jours à Perpignan. Son père vint le chercher « sur invitation de la police ». Ils furent de retour à Lyon le 5 mars. Après l’arrestation de l’une de ses camarades le 10 mars 1943 à Villeurbanne (Rhône), Louis Chirat fut mis en cause comme membre d’une « organisation de résistance » et recherché par la police française. Il se cacha plusieurs jours chez le maire de Saint-Romain-en-Gier (Rhône) puis chez Marius Cellard (chef de groupe dans le mouvement Libération) qui le conduisit au bout de quelques jours au maquis d’Allevard (Isère). Ce maquis fut dissout après les attaques de l’armée italienne au mois de mars 1943. Louis Chirat revint chez Marius Cellard. Un mandat d’arrêt fut lancé contre lui le 26 mars 1943. Il intégra les groupes francs de l’AS du Rhône à partir du 1er avril 1943 sous le pseudonyme de Jacky. D’après Marius Cellard, il travailla « aux parachutages, [diffusion] de tracts, organisation, instruction des jeunes, démonstration d’armes ». Toujours recherché par la police française, Louis Chirat, « en fuite », fut condamné par défaut le 11 mai 1943 à 1 an d’emprisonnement et 12000 F d’amende par le tribunal correctionnel de Lyon pour « menées antinationales, distributions de tracts d’inspiration étrangère de nature à exercer une influence fâcheuse sur le moral de la population et complicité ».
Au début du mois de février 1944, il revint à Lyon pour organiser des groupes d’action immédiate. Renseigné par son père, Louis Chirat put s’emparer d’armes et d’une Traction Avant destinés aux miliciens. Le 17 février, Marius Cellard le mit en relation avec le commandant Albert Lécrivain, alias Servoz (état-major de l’A.S.). Le 19 février 1944, les agents de la Gestapo recherchèrent Louis Chirat à son domicile. Il parvint à leur échapper et mena jusqu’en juin de nombreuses actions, notamment des sabotages. Au moment de son arrestation Louis Chirat était chef d’une trentaine.
Le 8 juin 1944, Louis Chirat, son chef Jean Charnay (alias Blanchard) et Gaston Forissier (alias Farsa) revenaient de la région de Brignais (Rhône) où ils avaient récupéré des armes et des vêtements parachutés. Sur le quai de Retz (quai Jean Moulin, Lyon, IIe arr.), face au restaurant Tony, près de la place des Cordeliers, les trois résistants furent arrêtés par Francis André et conduits au siège de la Gestapo, place Bellecour. Ils furent tous trois incarcérés à la prison de Montluc.
Le 12 juin 1944, vers 18h, Louis Chirat, Jean Charnay et vingt-et-un autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.
Le corps de Louis Chirat fut identifié par son père le 27 décembre 1944.
Il reçut la Croix de guerre en 1945. La mention Mort pour la France fut apposée sur son acte de décès en 1945. Il fut homologué soldat FFI avec le grade de sous-lieutenant. Le titre d’interné résistant lui fut attribué en 1953.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Louis Marie Philippe CHIRAT.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W14, 3460W2, 3808W1078, 1035W40.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Note de Maurice Berne.

Jean-Sébastien Chorin

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