Né le 2 mars 1921 à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), abattu le 29 juillet 1944 à Amagne-Lucquy (Ardennes) lors d’une tentative d’évasion entre Compiègne et Neuengamme (Allemagne) ; ajusteur-outilleur ; militant communiste et résistant FTPF d’Argenteuil (Seine-et-Oise, Val d’Oise).

Fils de Pierre et de Lucie, née Boitel, René Briand obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Il habita avec ses parents 22 rue de Bretagne à Argenteuil, il adhéra aux Jeunesses communistes en 1936, devint trésorier des Jeunesses communistes de la ville. René Briand fut arrêté en octobre 1939, avec une dizaine d’autres militants communistes de cette commune, pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Il fut condamné le 16 février 1940 par le 2e tribunal militaire de Paris à un an de prison.
Libéré à l’automne 1940, il reprit son travail d’ajusteur à Sartrouville (Seine-et-Oise, Yvelines) et fut chargé au cours du deuxième semestre 1941de constituer les premiers groupes de l’Organisation spéciale (OS) à Argenteuil sous le pseudonyme de Raymond. Requis pour le STO, en septembre 1942 Morand (Georges Citerne) lui proposa d’entrer dans les FTP. Il se cacha à Paris.
Le dimanche 13 décembre 1942 vers 8 heures 30, des policiers interpellèrent Henri Fongarnand et Roger Pinçon à la sortie de la gare de Clichy Levallois (Seine, Hauts-de-Seine). Ces arrestations allaient entraîner de nombreuses chutes, celles de Roger et Pierre Gouffault, Suzanne Lasne, Chari Gruia, Robert Camus, Simone Claudet… Cette dernière avait rendez-vous le 16 décembre vers 15 heures avec Ménard (René Briand) à la sortie de la station de métro Pasteur. Repéré des policiers en civil lui demandèrent ses papiers, il prenait aussitôt la fuite par la rue de Vaugirard en direction de la porte de de Versailles (XVe arr.).
Une course poursuite s’engagea, René Briand prenait aussitôt la fuite, un inspecteur tira et le toucha au bras et au pied droit, il continua à courir, bifurqua sur sa droite rue de Staël. Il sortit une arme et tira dans la direction des inspecteurs lancés à sa poursuite, trois tirèrent… sans succès. Un policier réquisitionna la bicyclette d’un passant… René Briand déroba un vélo, emprunta les rues Lecourbe, le boulevard Garibaldi, les rues Jean Daudin et Miollis, à nouveau de boulevard Garibaldi, la place et la rue Cambronne… il avait deux policiers à sa poursuite sur des bicyclettes. Il fallait toute l’énergie de ses 21 ans pour maintenir l’écart, son arme s’enraya… un civil Yves D… s’était joint à un inspecteur dans la course poursuite, il lança sa machine contre Briand le faisant tomber sur la chaussée… Désarmé, il était conduit au poste de police Necker.
Son pistolet de marque Webley Scott Lt London Birmingham était de calibre 7,65 mm, il lui restait trois balles dans le chargeur, un autre était garni de dix balles. Il portait sur lui trois carnets annotés, des cartes textiles à d’autres noms, cinq clés, trois feuilles manuscrites relatives à son activité clandestine, et une carte d’identité au nom de Jean Pierre Poirier.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il fut interrogé par des policiers de la BS2. Il raconta qu’il avait rencontré Morand (Georges Citerne) par hasard en septembre 1942. Il le chargea de repérer les bureaux d’embauche pour aller travailler en Allemagne, les hôtels occupés par les troupes d’occupation. À la fin octobre 1942 « Lacour » remplaça « Morand », René Briand fut chargé de recueillir des renseignements pour la région P6. Il déclara qu’il était chargé de répartir la propagande et qu’il payait les combattants FTP. Il concéda qu’il connaissait l’existence de trois groupes FTP d’une vingtaine de combattants dont celui d’Argenteuil composé de six combattants.
Les policiers voulaient en connaître davantage sur le Groupe destructeur de l’usine La Lorraine. Il répondit qu’il était composé de sept combattants, il affirma qu’il ne connaissait ni les matricules ni les pseudonymes. Frappé à plusieurs reprises, il affirma : « Je ne connais aucun acte terroriste sur P6. Je n’ai jamais participé à un attentat. […] Mon rôle consistait à distribuer des tracts pour la documentation des militants et à payer les permanents du parti ».
Cogné à plusieurs reprises, il donna des explications sur les papiers trouvés en sa possession. Il concéda : « Il est possible que j’ai été nommé chef de détachement, mais personne ne m’avait notifié ce poste ».
Il fut emprisonné à la Santé puis à Fresnes et enfin à Romainville avant d’être transféré au camp de Royallieu à Compiègne pour y être déporté le 28 juillet 1944 vers Neuengamme. Avec trois autres résistants du convoi (Louis Jannin, Yves Le Guen et Louis Pelacou), il tenta de s’évader pendant le transport à Amagne-Lucquy (Ardennes) mais fut abattu. Il fut immatriculé n° 40941.
La rue de Bretagne à Argenteuil est devenue la rue René Briand en mai 1949 sur décision du conseil municipal. René Briand fut homologué combattant de la Résistance intérieure française (RIF) et Déporté interné résistant (DIR).
Sources

SOURCES : Arch. de la justice militaire au Blanc (Notes de Jean-Pierre Besse). – Arch. PPo. 77W 486 (dossier Henri Fongarnand), GB 114 bis BS2 22 bis, KB 24. – Bureau Résistance GR 16 P 90348. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site de la ville d’Argenteuil.

Daniel Grason, Gérard Larue

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