Né le 16 août 1907 à Narcy (Nièvre), exécuté sommairement le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; gendarme à Vouziers (Ardennes) ; responsable de groupes francs du réseau Résistance-Fer.

André Ouagne était le fils d’Amédée et d’Amélie Chaudron. Il se maria à Paris (XVe arr.) le 14 mars 1933 avec Marie Madeleine Callet. Son fils naquit en 1937. André Ouagne demeura avec sa famille à Vouziers (Ardennes). Il y exerça la profession de gendarme (Garde républicain mobile). En 1939, André Ouagne fut mobilisé comme gendarme de la 1ère Légion. Sa famille se réfugia à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne), au lieu-dit de Chanoncle. En 1940, André Ouagne fut fait prisonnier par l’armée allemande.
André Ouagne devint résistant au mois de février 1943. Il fut responsable de groupes francs-Fer (réseau Résistance-Fer) dans la région R2. Au mois de juillet 1943, il nomma René Pellegrino responsable du groupe franc-Fer du Var. Il instruisit le groupe. D’après Roger Bossé, agent de liaison de Résistance-Fer, André Ouagne (alias André) fut chef régional des Bouches-du-Rhône et, au moment de son arrestation, chef de groupe franc-Fer à Nice (Alpes-Maritimes).
Le 11 mars 1944, vers 6h30, la Gestapo arrêta André Ouagne à la Gare de Perrache (Lyon, Rhône). Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon).
Le 12 juin 1944, vers 18h, André Ouagne, deux de ses camarades du réseau Résistance-Fer, Roger Bossé et Jacques Taulelle, et vingt autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon. Pendant le trajet, Roger Bossé rencontra « le regard d’André [Ouagne] » qui passa « le revers de sa main sur ses joues, sa barbe de plusieurs jours avec une grimace, comme s’il voulait dire que ça le dégoûtait de mourir aussi sale ». Il fut le seul à rendre son sourire à Roger Bossé. Le convoi s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. André Ouagne, ses deux camarades et huit autres détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Vers 20h45, à environ 50 mètres du lieu de l’exécution, André Ouagne, gravement blessé, fit signe à un automobiliste. Il fut transporté à l’hôpital de Neuville-sur-Saône où il décéda dans la nuit. Roger Bossé, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps des autres exécutés furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône. André Ouagne fut enterré dans la tombe numéro 22.
Son corps fut reconnu par sa veuve, Marie Madeleine Callet, le 16 février 1945.
André Ouagne fut homologué soldat des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) avec le grade de sous-lieutenant en 1946. La mention Mort pour la France fut apposée en marge de son acte de décès en 1946. Il fut décoré de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre en 1947. Il reçut la légion d’honneur en 1951. Le titre d’interné résistant lui fut attribué en 1956.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier d’André Ouagne.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W17, 3460W3, 3808W1078, 3808W842.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Liste officielle n°17 des prisonniers français d’après les renseignements fournis par l’Autorité militaire allemande, 17 septembre 1940.— Victor Masson, La Résistance dans le Var, 1940-1944, 1983.— Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, essai d’histoire politique, 1989.

Jean-Sébastien Chorin

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