Née le 27 février 1908 à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais), morte le 3 octobre 1989 à Béthune (Pas-de-Calais) ; gérante de garage ; résistante du réseau du Musée de l’Homme ; condamnée à mort, commuée, déportée.

Fille de Léon Roussel, surveillant aux mines, et de Justine Valérine Fourdrinier, ménagère, Sylvette Roussel épousa Gilbert Leleu, garagiste à Béthune le 25 novembre 1929. Il s’engagea dans l’aviation mais lors d’une mission de reconnaissance au dessus de l’Allemagne, son avion fut abattu, Gilbert Leleu mourut le 9 septembre.
Sylvette, mère de deux enfants poursuivit la direction de cet important garage. Elle affirma rapidement sa volonté de poursuivre le combat contre l’occupant allemand, dans ce béthunois très marqué par les deux précédentes guerres et où l’armée allemande avait installé un camp de prisonniers de soldats anglais et français lors de la bataille de France mai-juin 1940. Munie de son permis de conduire, Sylvette Leleu participa au ravitaillement du camp mais aussi à la constitution dune filière d’évasion vers l’Angleterre et la zone libre. Celle-ci a été particulièrement efficace, on compte environ une soixantaine d’évasions réussies. Son activité professionnelle lui permettait d’obtenir des laissez-passer. Le groupe béthunois était composé de Jules Andrieu directeur d’école, blessé de la Première Guerre mondiale, Angèle Tardiveau tenancière d’un café restaurant, sœur Marie Laurence (Kathrin Mac Carthy) infirmière à l’hôpital Saint-Jean de Béthune, le jeune René Sénéchal originaire du béthunois, comptable à Paris et actif agent de liaison avec la capitale. Sylvette s’y rendait également pour aller chercher des pièces détachées mais aussi convoyer des évadés, et transmettre des renseignements sur les installations allemandes. Des enseignants et des cheminots aidaient également le groupe de Béthune lié au réseau qui s’appellera du Musée de l’Homme.
Suite à l’infiltration d’un agent double, le réseau fut démantelé à partir de janvier 1941, René Sénéchal fut arrêté le 18 mars 1941 puis le 16 avril Sylvette Leleu et en juin Jules Andrieu et emprisonnée à Loos-les-Lille.
Incarcérée à la prison du Cherche-Midi à Paris puis à Fresnes, le tribunal allemand du Gross-Paris siégeant à la prison de Fresnes prononça, le 17 février 1942, dix condamnations à mort, les sept hommes ont été fusillés au Mont- Valérien le 23 février 1942. Boris Vildé, Jules Andrieu, Anatole Lewitsky, Léon-Maurice Nordmann, Georges Ithier , René Sénéchal et Pierre Walter.
L’exécution des femmes Sylvette Leleu, Yvonne Oddon et Alice Simmonet fut suspendue et leur peine commuée en emprisonnement en Allemagne.
Déportée "Nacht und Nebel" NN, le 9 mars 1942, Sylvette Leleu connut d’abord les prisons de Karlsruhe, Anrath, Lübeck et Cottbus au sud de Berlin, puis le camp de Ravensbrück le 23 novembre 1944 et celui de Mauthausen le 7 mars 1945. C’est dans le cadre de l’échange de prisonnières allemandes contre des détenues accord négocié par le vice-président de la Croix-Rouge internationale le comte Bernadotte que Sylvette Leleu retrouva la liberté le 23 avril 1945. Germaine Tillion appartenait également à ce groupe.Sylvette retrouva la France le 30 avril 1945.
De retour à Béthune, elle s’investit dans le travail municipal et dirigea le Bureau d’aide sociale.
Sylvette Leleu a reçu le titre de commandeur de la Légion d’honneur.
Une rue de Béthune porte son nom qui est également inscrit sur le Mémorial de la prison du Cherche-Midi à Créteil (Val-de-Marne).
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen . — Site de la Fondation de la mémoire de la déportation. — Julien Blanc Au commencement de la Résistance. Boris Vildé et le réseau du musée de l’Homme, 1940-1941, Éd. du Seuil, 2010.— François Marcot dir. Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p 109. — État civil en ligne cote 3 E 178/101, vue 30.

Annie Pennetier

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