Né le 15 novembre 1923 à Villefranche-sur-Saône (Rhône), exécuté sommairement le 12 juin à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; agent du réseau Gallia (BCRA) à Lyon (Rhône)

René Brun
René Brun
SOURCE : CHRD, Lyon.
René Brun était le fils d’Eugène Jean et Marie Julie Emma Bride. Il naquit et vécut au 47 rue Roland à Villefranche-sur-Saône (Rhône). Son père travaillait comme employé à la Société Cotonnière de Villefranche.
René Brun fut incorporé dans les Chantiers de jeunesse au printemps 1943. Il rejoignit le camp de Saint-Gilles en Camargue et déserta quelques mois après. De retour à Villefranche-sur-Saône, il annonça à son père s’être engagé à l’Intelligence Service sous le n°12.231 et appartenir au réseau Gallia à Lyon (Rhône). Il fut agent P2 chargé de mission de 3e classe du réseau Gallia à partir du 11 juillet 1943. Il porta les pseudonymes de Raymond Baroni et de René Dulac. D’après son père, « il se rendait fréquemment dans les villes où étaient stationnées des troupes allemandes pour obtenir des renseignements les concernant ». Au cours de l’année 1943, il établit de fausses pièces d’identité et cacha des armes destinées au maquis.
Le 6 juin 1944, la Gestapo arrêta René Brun à Lyon, place des Cordeliers (IIe arr.) alors qu’il était en service commandé. Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon), cellule 128 (d’après un certain « Naulet », il aurait également été emprisonné cellule 110).
Le 12 juin 1944, vers 18h, René Brun et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.
Eugène Brun reconnut le corps n°13 comme étant celui de son fils. René Brun fut inhumé le 28 octobre 1944 à Villefranche-sur-Saône (carré 7, allée 1, tombe n°4).
Il reçut la Médaille de la Résistance en 1945. En 1946, il fut décoré de la Croix de guerre avec palme et citation à l’ordre de l’armée : « Jeune homme très courageux plein d’allant, d’une valeur exceptionnelle était chargé de recueillir les renseignements militaires en territoire occupé par l’ennemi, dans la région lyonnaise. Plusieurs fois inquiété par les autorités occupantes, n’a jamais abandonné sa tâche, s’est voué corps et âme à la Résistance. Arrêté par les Allemands le 6 juin 1944, et fusillé le 12 juin à Neuville-sur-Saône sans avoir rien avoué ». En 1946, il reçut un « certificat de service » signé par le commandant en chef du 21e groupe d’armées Bernard Montgomery : « by this certificat of service I record my appreciation of the aid rendered by Brun René who, as a volunteer of the united nations, laid down his life that Europe might be free ». Il fut décoré de la Médaille militaire en 1946 : « Jeune agent, ardent et enthousiaste. A rendu au réseau de grands services par la valeur exceptionnelle des renseignements militaires recueillis. Malgré une étroite surveillance de l’ennemi, n’a jamais abandonné sa tâche. Arrêté par Gestapo, le 6 juin 1944, n’a pas parlé malgré les traitements les plus odieux. A été fusillé le 12 juin 1944 ». Il fut homologué sous-lieutenant FFC en 1947. La mention Mort pour la France fut inscrite sur son acte de décès en 1950. Un décret de 1951 porta annulation de concession de sa Médaille militaire et le nomma dans l’Ordre National de la Légion d’honneur au titre de chevalier. Le statut d’interné résistant lui fut accordé en 1954.
Sources

SOURCES  : DAVCC, Caen, dossier de René, Amédée, Paul Brun.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W10, 3808W1078, 6MP641, 6MP689, 6MP737.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, 2824 engagements, 2003

Jean-Sébastien Chorin

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