Né le 10 décembre 1922 à Saint Goussaud (Creuse), exécuté sommairement le 9 juin 1944 à la Gasne-du-Clos, commune de Montboucher (Creuse) ; résistant, maquisard AS.

Marcel Ridoux était le fils d’Édouard, Barthélémy Ridoux, cultivateur à Saint Goussaud et d’Alice Barraud. Son père, né le 10 août 1898 à Saint Goussaud fut mobilisé en mai 1917 dans un régiment d’infanterie et fut promu caporal en septembre 1918. Démobilisé en juin 1920, il revint à Saint Goussaud où il se maria le 12 mars 1921 avec Alice Barraud. Deux fils y naquirent Henri en décembre 1921 et Marcel en décembre 1922. En novembre 1922, Édouard Ridoux s’engagea dans la gendarmerie, entrant à l’école préparatoire de Mamers (Sarthe) fin novembre 1922, puis gendarme à pied en Limousin et Auvergne (12ème et 13ème légions de gendarmerie). Il fut promu sous-officier de carrière en avril 1928. Après 15 ans d’activité il prit sa retraite de militaire et devint en février 1938 commis du Trésor à la perception d’Olivet dans la périphérie sud d’Orléans (Loiret). La famille habitait alors 48, rue de la Cigogne à Orléans.
Réfractaire au STO, il s’engagea dans la Résistance rejoignant les maquis du sud de la Creuse, dans le secteur de Bourganeuf (son frère Henri était alors gendarme à Aubusson). Il intégra le 6 juin 1944, la compagnie Chaumeil de l’Armée Secrète, organisée par Maurice Chaumeil, instituteur à Montboucher, combattant de 1940 et capitaine de réserve. Cette compagnie participa le 7 juin 1944 à la première libération de Guéret. Repliée sur ses bases du secteur de Bourganeuf, elle tenta le 9 juin de ralentir l’avancée de la division Das Reich vers Guéret.
En effet la prise de Guéret avait amené le commandement allemand à modifier l’ordre de marche de la division qui remontait le long de la nationale 20. Le 8 dans la journée, le 3ème bataillon du régiment Der Führer reçut l’ordre de se diriger vers Saint Léonard de Noblat où il parvint le 8 au soir, pour le lendemain se diriger vers Guéret afin de boucler la ville par le sud. Le 9 juin au matin, le bataillon reprit sa progression vers Guéret, arrêté une première fois à Sauviat-sur-Vige, à la limite du département de la Creuse, par la destruction du pont et une première escarmouche avec les maquis creusois. Sous la menace de l’exécution d’otages et de destruction du village, les hommes de Sauviat-sur-Vige durent construire en urgence un pont provisoire pour permettre le passage des éléments lourds du bataillon blindé. Quelques kilomètres plus loin, une nouvelle opération de retardement avait été préparée dans les grands virages bloqués par des troncs d’arbres, de la Gasne-du-Clos (commune de Montboucher, Creuse). Marcel Ridoux fut tué avec deux camarades, Raymond Chambinaud et Louis Champême près du village du Frédoux, commune de Montboucher. Selon le compte-rendu allemand (Michel Baury op. cit.) qui présente le fait comme la suite d’un combat : « L’adversaire, déjà en retraite, a été rattrapé par des éléments dispersés (un camion avec 12-15 hommes), près de la Besse et pris sous le feu d’une pièce motorisée de 7,5 cm. Le groupe de tête n’a pu que constater la présence de 3 tués près du camion et a pris trois pistolets mitrailleurs anglais. La plus grande partie de l’arrière-garde en fuite a réussi à se réfugier dans la forêt proche ». Un témoignage de Maurice Chaumeil a pu également être retrouvé (ADIRP 87 op. cit.) : « Le 9 juin 1944… une délégation de ma compagnie FFI, stationnée à Bourganeuf, devait rendre les honneurs aux obsèques à Saint-Pierre-Chérignat de Jacquet, ex PGA, tué à mes côtés, le 7 juin 1944, à Guéret, par les miliciens. Cette délégation a quitté Bourganeuf dans la camionnette au « gazo » de l’adjudant FFI Chautard Fernand qui la conduisait. Je devais effectuer le trajet en moto pour passer chez moi, prendre une autre tenue militaire plus présentable que celle que je portais tous les jours. En route je dépassai facilement la camionnette de Chautard. Quand je quittai la RN 141, à la Gasne du Clos, une colonne blindée allemande stationnait au chemin ferré, faisant mouvement vers Bourganeuf. A son arrivée au tournant de l’étang, elle vit sans doute la camionnette virer sur le CD 44 et quand elle fut à la hauteur de la grange de M. Bertrand, elle prit sous son feu le lent véhicule FFI qui montait péniblement la côte, et d’un tir direct elle l’immobilisa pendant que d’autres engins la rejoignaient immédiatement. On ne peut pas dire qu’il y eut combat, mais surprise totale. Des FFI blessés seul Chautard, la rotule du genou brisée, réussit à gagner le bois, les genêts et un champ de blé où il s’immobilisa hors de la vue de l’ennemi. Parmi les autres FFI quatre réussirent à se dégager mais les trois blessés Chambinaud, Champême et Ridoux ne purent se cacher assez vite et l’ennemi les découvrit. Ces FFI arrêtés furent ramenés près de la camionnette puis achevés et brûlés et quand un instant après les derniers coups de feu et après le départ des Allemands, je me trouvais sur les lieux, je ne vis que des cadavres horriblement calcinés à côté de la ferraille brûlée elle aussi. Ma version est véridique et les soldats FFI doivent être considérés comme achevés et carbonisés par les troupes d’opérations allemandes". Il semble donc bien que les trois maquisards, blessés, aient été achevés par les troupes allemandes et leurs corps rassemblés, brûlés sans doute au lance-flammes.
Le même jour, dans l’après-midi, son frère aîné Henri Ridoux, gendarme à Aubusson, qui montait en motocyclette le rejoindre au maquis de Bellesauves fut arrêté par le même bataillon SS au lieu-dit Combeauvert, commune de Janaillat (Creuse) et exécuté sommairement sur place avec trente autres résistants.
Marcel Ridoux fut déclaré « Mort pour la France ». Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 23 juillet 1965. Son nom figure avec celui de son frère sur le monument aux morts de Saint Goussaud et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret. Un monument commémoratif avec une stèle à son nom et à celui de ses deux camarades tués avec lui a été édifié au Fredoux, sur la route qui mène de la Gasne-du-Clos au bourg de Montboucher.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil, registre matricule, recensements) — ADIRP 87 (Archives privées de l’Association départementale des déportés et internés de la Haute-Vienne) Dossier Ridoux — Marc Parrotin, Le temps du maquis, Ed Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000— Mémorial genweb — Wikipedia. Massacre de Combeauvert — [Michel Baury, collecteur de mémoire. Essais historiques->http://www.aerostories.org/~ext/2012/MB/A-Essais-historiques.pdf — Etat-civil

Michel Thébault

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