Né le 22 mars 1911 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), exécuté sommairement le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; capitaine d’artillerie ; membre de l’état-major de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA) de la XIVe Région Militaire et chef du 3e Bureau de l’Armée Secrète Unifiée (ASU) de la région R1.

Roger Fould était le fils de Maurice Palmyre et d’Alice Thérèse Oulmont. Sa famille possédait la Société anonyme des hauts fourneaux, forges et aciéries de Pompey (Meurthe-et-Moselle) dont son père, Maurice Fould, était l’un des administrateurs délégués. Son père fut également fondateur des Forges de Strasbourg et président de la Commission d’organisation du travail de l’Union des industries métallurgiques et minières. Les Fould demeuraient au 122 rue Lauriston à Paris (XVIe arr.) et au château du Grand-Mesnil à Bures-sur-Yvette (Seine-et-Oise, Essonne). Tout comme son père et ses grands-pères, Roger Fould fit ses études à l’école polytechnique. Il en sortit en 1931 avec le grade de sous-lieutenant d’artillerie. En 1937, Roger Fould était lieutenant au 64e régiment d’artillerie d’Afrique stationné à Meknès (Maroc). Il devint ensuite capitaine d’artillerie.
A partir de 1941, la famille Fould fut victime de la législation antisémite de Vichy. L’entreprise familiale de Pompey et le domaine du Grand-Mesnil furent aryanisés. En tant que Juif, Roger Fould fut également frappé par la loi du 2 juin 1941 lui interdisant d’exercer ses fonctions de capitaine d’artillerie. Le 20 septembre 1941, il fit une réclamation afin d’être relevé de cette interdiction. Par décret n°526 du 17 février 1942, il fut autorisé à rester dans les rangs de l’armée : « Considérant que la famille de M. le capitaine Fould est établie en France depuis plus de cinq générations, que cette famille a produit des hommes éminents d’activités très diverses, mais contribuant toujours au prestige de la France ; que son père, ancien élève de l’école polytechnique, servit comme officier de l’armée active jusqu’en 1910, qu’il fit la guerre 1914-1918 et fut cité deux fois ; qu’il fut également mobilisé en 1939 comme lieutenant-colonel ; qu’il est décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur ; que le frère de l’intéressé, actuellement lieutenant d’artillerie, et que l’intéressé lui-même ont eu une brillante conduite pendant la campagne de France de 1939-1940 et pendant la campagne de Syrie de 1941. Décrétons […] M. Fould (Roger Léon), capitaine d’artillerie de l’armée d’active, […] est relevé de l’interdiction de demeurer comme officier dans les cadres de l’armée de terre, qui résulte pour lui de l’article 2 (§ 5) de la loi du 2 juin 1941 portant statut des Juifs. […] Fait à Vichy, le 17 février 1942. PH. PÉTAIN ».
Roger Fould s’engagea dans la Résistance après la dissolution de l’armée en novembre 1942. Membre de l’Ordre (issu de l’École des cadres d’Uriage) et agent de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA), il fit partie de l’état-major de la XIVe Région Militaire sous les ordres du colonel Marcel Descour. A ce titre, il fut chargé de la mise en place d’un plan d’opérations. A partir d’octobre 1943, sous les pseudonymes de Fouquet, Flandrin et Dupont, il devint responsable du 3e Bureau (opérations) de l’Armée secrète unifiée (ASU) sous les ordres du colonel Marcel Descours, chef d’état-major du colonel Albert Chambonnet (Didier).
La Gestapo arrêta Roger Fould à Lyon le 18 mars 1944. Il fut capturé dans un guet-apens et interné à la prison de Montluc (Lyon).
Le 12 juin 1944, vers 18h, Roger Fould et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.
Le corps de Roger Fould fut inhumé dans la tombe n°8 et identifié par sa sœur, Mme Simone Fould, le 13 décembre 1944.
La mention Mort pour la France fut inscrite dans son acte de décès le 27 juin 1945. Il fut nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1957.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Roger Léon Fould.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W17, 3460W2, 3808W1078.— Arch. Nat., Pierrefitte-sur-Seine, 72AJ/36 (liste de membres de l’Armée secrète).— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Jean-Claude Daumas Dictionnaire historique des patrons français, 2010. — Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 5 avril 1943.— Figaro, n°262, 19 septembre 1931.— Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 28 mars 1942.— M. H. Rainaldy, Annuaire des fonctionnaires et de l’armée, tout le Protectorat de la République française au Maroc, 1937.— Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, 2003.— Marcel Ruby, Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, 1995.—Antoine Delestre, Uriage, une communauté et une école dans la tourmente 1940-1945, 1989.— Base Léonore.— https://bibli-aleph.polytechnique.fr

Jean-Sébastien Chorin

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