Né le 9 mai 1921 à Valence (Drôme), exécuté sommairement le 12 juin 1944 à Neuville sur-Saône (Rhône) ; ingénieur ; responsable du service radio de l’état-major de la région R1 de l’Armée secrète unifiée (ASU) puis de la région R1 des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Jacques Delpeuch était le fils d’Eugène Louis Georges et de Léonie Jeanne Magdeleine Chirouze. Il fit ses études au lycée Émile Loubet (Valence, Drôme) puis au lycée Saint-Louis (Paris) où il prépara l’école d’ingénieur en électricité. En tant qu’éclaireur unioniste, il porta secours à des réfugiés espagnols. Il se maria le 28 juin 1943 avec Geneviève Marie Paulette Debrand. Jacques Delpeuch devint ingénieur et demeura à Paris, 18 rue de Périgueux (XIXe arr.). Ses parents étaient divorcés et sa mère demeurait à Valence, 2 avenue Victor Hugo.
Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il prit le maquis en août 1943 et fut formé dans une école de cadres. Il entra ensuite au service des liaisons de l’état-major de la XIVe région militaire de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA). Puis, sous le pseudonyme de François, il devint responsable en octobre 1943 du service radio de l’état-major régional de la toute nouvelle ASU. Un rapport du gouverneur militaire de Lyon Marcel Descours décrivit l’énergie avec laquelle Jacques Delpeuch dirigea ce service : « sans personnel, sans moyens, il doit assurer une liaison régulière avec Londres, liaison de commandement et de transmissions de plans de parachutage qu’il prépare lui-même et qu’il met sur pied, seuls lui sont fournis les opérateurs et les postes. Il doit rechercher des emplacements d’émissions, dénicher des équipes de protection, assurer les liaisons entre les postes et le commandement, recruter son personnel, transporter et camoufler son matériel ». Le premier grand parachutage de la Région R1 (5 avions fin novembre 1943 à La Chapelle-en-Vercors) réussit grâce à lui. « Ce miracle il l’obtient en ne marchandant jamais sa peine, apprenant à conduire pour transporter lui-même ses postes, rendant visite aux chefs de secteurs locaux et les convaincant de l’aider, cherchant et trouvant les chambres pour loger son personnel. Il […] entraîne tous ceux qui travaillent avec lui sans se laisser rebuter par les difficultés matérielles dans lesquelles il se débat, l’impossibilité d’avoir de l’essence ou de réparer son matériel ».
Sa femme enceinte travailla auprès de lui. Elle s’occupa des détails de la vie pratique des hommes de l’état-major régional.
Le 8 mars 1944, alors que son service allait prendre une extension nouvelle, il fut matraqué lors d’un rendez-vous et arrêté par la Gestapo. Il transportait des cristaux et des plans de parachutage dont il parvint à se débarrasser. Alors que sa situation semblait s’arranger, Jacques Delpeuch fut chargé par un traître. Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon). Les tortures l’ayant rendu aveugle, c’est l’un de ses camarades de cellule qui lui lut le mot que sa femme lui fit parvenir pour lui apprendre la naissance de leur fils François, le 9 mai.
Le 12 juin 1944, vers 18h, Jacques Delpeuch et vingt-deux autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône. Jacques Delpeuch fut inhumé dans la tombe n°11.
Son corps fut identifié par sa veuve le 2 octobre 1944. Deux insignes d’éclaireur unioniste, une alliance gravée G.D à J.D 28-6-43 et une pochette en batiste furent restitués à Geneviève Debrand. Une chevalière fut également retrouvée sur son corps lors de son exhumation du cimetière de Neuville-sur-Saône. Jacques Delpeuch fut inhumé à la Nécropole Nationale de Vassieux-en-Vercors (Drôme), carré A, rang 7, tombe 179.
La mention « Mort pour la France » fut inscrite sur son acte de décès en 1945. Il fut homologué soldat FFI avec le grade de capitaine. Le colonel Descour, gouverneur militaire de Lyon, le proposa pour une citation à l’ordre de l’armée. Une rue porte son nom à Valence.
Sa mère, Léonie Chirouze, fut arrêtée le 23 juin 1944, internée à la prison de Montluc et libérée le 24 août 1944.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen.— Arch. Dép. Rhône, 3808W841, 3335W22, 3335W14, 3460W2, 3808W1078, 3335W26, 3335W11.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Marcel Ruby, Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, 1995.— Musée de la Résistance en ligne.— Mémoire des Hommes.

Jean-Sébastien Chorin

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