Né le 23 janvier 1918 à Ciechanów (Pologne), fusillé comme otage par les Allemands le 23 avril 1942 à Nantes, terrain militaire du Bêle (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; vendeur en bonneterie ; militant des Jeunesses communistes de Drancy avant la guerre.

Simon Bronsztein.
Simon Bronsztein.
Fils aîné d’immigrés juifs polonais arrivés en France en mai 1931, originaires de Ciechanów, dont le père Léon était monteur de sommiers métalliques et la mère Eleonor Toba, marchande ambulante. Il vivait chez ses parents, 10 avenue Voiron à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). En janvier 1939, il fut naturalisé français et incorporé sous les drapeaux le 27 novembre, affecté au 31e dépôt d’Artillerie coloniale à Lorient, puis dirigé sur la zone des armées du 23 avril au 23 juin 1940. Titulaire d’un témoignage de satisfaction remis le 1er juillet de la même année par le Général Commandant d’Artillerie du 10e Corps d’Armée pour sa manière de servir au cours des opérations du 10 mai au 25 juin 1940, il fut démobilisé le 17 janvier 1941 au centre du 61e régiment d’infanterie de Valbonne (Alpes-Maritimes) et regagna son domicile. Vendeur en bonneterie chez des coreligionnaires, il était sans travail depuis son retour de l’armée.
Membre des Jeunesses communistes clandestines, il devait participer avec deux autres camarades, dans la soirée du 13 août 1941, à une manifestation, dont le rendez-vous était prévu aux abords de la station de métro Havre-Caumartin à Paris (IXe arr.), rassemblant de jeunes communistes de la banlieue Est, de Noisy-le-Sec, Bondy et Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) notamment. Les policiers des Renseignements généraux ayant été prévenus, il fut arrêté ainsi que seize autres militants, avant même son déclenchement. Amené au service de la Brigade spéciale de la préfecture de police, interrogé le lendemain, il nia toute participation à ce rassemblement et toute appartenance politique aux Jeunesses communistes. Accusé de tentative de reconstitution de ligue dissoute, il fut conduit au Dépôt et mis à la disposition des autorités allemandes.
Le 23 août 1941 il comparaissait devant une cour martiale allemande, siégeant rue Saint-Dominique, Paris VIIe arr. avec quinze des seize autres jeunes qui avaient été arrêtés avec lui : en effet l’un d’entre eux, Désiré Bertieau avait réussi à s’enfuir le 14 août alors qu’il était détenu au Dépôt.
Il y eut trois condamnations à mort, Raymond Justice, Jean-Louis Rapinat et André Sigonney, qui furent fusillés le 26 août 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine).
Quatre jeunes gens, Émile Grout, Marcel Ancelin, Daniel Chandon et Rémy Toutin furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, ainsi que Désiré Bertieau qui lui fut condamné par défaut. Émile Grout mourut le 27 octobre 1941 à la prison de Rheinbach (Allemagne).
Les neuf autres jeunes qui avaient été arrêtés, dont Simon Bronsztein, furent acquittés, mais ils furent internés administrativement le 25 août, en application du décret du 18 novembre 1939 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ou à Voves (Eure-et-Loir). Parmi eux le FTP François Marais fut fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien.
Simon Bronsztein fut transféré, sur ordre du Préfet de police, le 16 septembre 1941, au camp de Choisel à Châteaubriant. Suite à l’attentat du 8 avril 1942 perpétré à Paris, au cours duquel un coup de feu fut tiré sur un membre de l’armée d’occupation le blessant grièvement, les auteurs de cette action n’ayant pas été arrêtés, Simon Bronsztein fut désigné par les Allemands pour être l’un des quatre otages à exécuter à titre de représailles. Le 22 avril, la Feldgendarmerie de Chateaubriant se présenta au camp et emmena les quatre internés politiques désignés. Incarcéré à la prison Lafayette de Nantes le jour même, il fut conduit le lendemain matin 23 avril 1942 au terrain du Bêle pour y être fusillé avec Henri Cario, Jacques Jorissen et Victor Ruiz.
Les quatre victimes furent inhumées anonymement dans le cimetière de Grandchamp.
Un rapport du cabinet du préfet décrit ses derniers moments :
25 avril 1942
Les internés Bronstein, Jorissen, Cario, Ruiz, amenés du camp de Choisel jeudi 23 ont été fusillés au Bêle à midi ce jour là. C’est le gardien-chef allemand qui les a informés de leur condamnation. Il leur a demandé s’ils désiraient un aumônier. Ils ont refusé. Il leur a laissé 1/2 heure pour réfléchir. Il les à mis dans une cellule avec de quoi écrire et ils ont eu 4" pour écrire à leurs familles. Les lettres ont été transmises pour censure le jour même.
Aucun n’avait apporté de bagages de Châteaubriant car ils s’attendaient à leur sort
Les détenus leur ont procuré 6 bouteilles de vin qu’ils ont bu en attendant l’exécution.
Ils sont morts courageusement (Arch. Municipales de Nantes, fonds Luce).
Son nom est inscrit sur la plaque commémorative des fusillés à Nantes..

Simon Bronsztein repose dans le carré militaire du cimetière communal de Drancy.
Ses parents, sa sœur Sarah et son jeune frère Salomon, âgé de treize ans, furent arrêtés au cours de la rafle du 16 juillet 1942 et regroupés au Vélodrome d’Hiver. Son père fut transféré le 20 juillet au camp de Beaune-la-Rolande, suivi deux jours plus tard par sa femme, sa fille et son fils. Déportés le 5 août de la même année, ses parents et sa sœur furent séparés de son frère, emmené le 15 septembre suivant au camp de Drancy, puis déporté quelques jours plus tard, le 18 septembre 1942 ; tous les quatre trouvèrent la mort à Auschwitz.
Sources

SOURCES : Arch. Nat. Natural. 19770898 art. 85 dos. 47670 X 38 Bronstein Simon ; F 9 art. 5 608 Fichier familial de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5 636 Fichier indiv. de la PPo., F9 art. 5 752 Fichier du camp de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande ; F 60 art. 1 574 dos. 323 Exécutions d’otages, dos. d’intervention (B7). — Arch. PPo. BS1 GB 58 Affaire manifestation communiste à la station de Métro Havre-Caumartin (14 août 1941).— Arch.Dép. Loire-Atlantique, 1694 W 17, 305 J. — Arch. Municipales de Nantes, fonds Luce. — MémorialGenWeb — Notes d’Annie Pennetier.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 144.

Lynda Khayat

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