Né le 5 juin 1920 à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), exécuté sommairement le 2 septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; grutier ; résistant réseau Alliance en Charente-Maritime.

Franck Gardes était le fils de Maurice Antoine Gardes, employé de commerce, âgé de 40 ans et de Marie Picoron, sans profession, âgée de 42 ans. Il se maria le 27 juillet 1940 à La Rochelle avec Alice Francine Fernande Lorit. Il était domicilié dans le quartier de Saint-Maurice à la Rochelle. Il était père de deux enfants, une fille et un fils Michel, qu’il ne put connaître, né le 2 août 1944 pendant son internement au camp de Schirmeck.
Ayant appris le métier de chaudronnier, il travaillait au début du conflit aux chantiers navals Delmas-Vieljeux dont le chef d’entreprise Léonce Vieljeux, également maire de La Rochelle, était, avec son gendre Franck Delmas et plusieurs de ses employés membres du réseau Alliance. Sous l’impulsion de son beau-frère Pierre Audevie, mécanicien à la SNCF, membre du réseau alliance à Bordeaux, il s’engagea avec un autre de ses beaux-frères Louis Gravot dans le réseau Alliance. Il fut mis en contact avec Jean Godet responsable avec son beau-frère Christian de La Motte Rouge, du secteur de La Rochelle. Il devint sous le pseudonyme de "Homard" informateur maritime du réseau Alliance pour la région Sud-Ouest et le secteur Bordeaux-La Rochelle (chargé de mission de 3e classe). Le réseau avait principalement pour objectif la surveillance de la côte atlantique et en particulier la surveillance du trafic de l’importante base de sous-marins de La Rochelle. Franck Gardes réussit à se faire embaucher par la Kriegsmarinenwerft comme conducteur de pont roulant au sein même de la base navale de sous-marins de La Pallice (l’avant-port de La Rochelle), choisissant des horaires de nuit pour pouvoir de déplacer plus facilement et surveiller les activités militaires. Les informations obtenues étaient déposées, chiffrées, dans une boîte aux lettres en ville, par son épouse. A partir de septembre 1942, le réseau Alliance qui disposait de nombreux membres à La Rochelle même, put transmettre à Londres (grâce en particulier au travail de Franck Gardes) des informations précises sur tous les mouvements du port de La Pallice et en particulier sur les arrivées et départs des sous-marins allemands. En août 1943, les informateurs du réseau signalèrent ainsi le départ de cinq sous-marins que les avions-torpilleurs de la RAF purent ainsi attaquer dans le golfe de Gascogne. De la même manière des informations sur des objectifs précis (cale sèche, ateliers…) permirent le 25 septembre 1943 un bombardement de la RAF infligeant à la base des dégâts notables.
Dénoncés par un agent double travaillant pour la police de sûreté allemande, les agents de la région Sud-ouest furent arrêtés, en premier lieu à Bordeaux. Franck Gardes apprit ainsi rapidement l’arrestation de son beau-frère Pierre Audevie le 22 décembre1943. Après s’être caché quelques jours, il regagna son domicile dans la nuit du 6 au 7 janvier 1944. Son logement étant sans doute sous surveillance, il fut arrêté quelques heures plus tard, le 7 janvier 1944 à 4 h. du matin par la SIPO-SD,
avec d’autres membres du réseau. Il fut d’abord incarcéré à la prison militaire allemande de Lafond – La Rochelle, puis transféré à la prison de la Pierre Levée à Poitiers (Vienne). Conduit à la prison de Fresnes, il fut déporté sous la classification "NN" ("Nacht und Nebel"-"Nuit et Brouillard") à destination du camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il arriva par le convoi du 29 avril 1944 et fut interné au block 10 avec les autres agents masculins du réseau.
Devant l’avance alliée les 106 membres du réseau Alliance détenus à Schirmeck, dont Franck Gardes, furent sur ordre du Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin, transférés en camionnette par fournées de 12 vers le camp de concentration du Struthof, où ils furent dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d’une balle dans la nuque à la chambre d’exécution puis incinérés directement dans le four crématoire du camp, situé dans le même bâtiment.
Il fut élevé au grade de sous-lieutenant à titre posthume et fut déclaré "Mort en déportation" par arrêté du 4 mars 2014.
Son nom figure sur le monument aux morts de La Rochelle et sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin). Un square de La Rochelle porte son nom.
Sources

SOURCES : État civil — Mémorial GenWeb. — Wikipédia "Réseau Alliance" et "camp de concentration de Natzweiler-Struthof". — Marie-Madeleine Fourcade L’Arche de ¨Noé Fayard 1968 — Auguste Gerhards Tribunal de guerre du 3e Reich, Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague — La Rochelle 1939 -1945 ouvrage collectif sous la direction d’Annick Notter, accompagnant l’exposition du musée des Beaux-Arts de La Rochelle de mai à novembre 2015, Geste Ed. 2015 avec une notice biographique de Michel Gardes — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 2.— Mémorial de l’Alliance, 1948 — La Résistance sur La Rochelle – La Pallice.

Jean Louis Ponnavoy, Michel Thébault

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