Né le 21 décembre 1892 à Berlin (Allemagne), exécuté sommairement le 17 ou 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; apatride ; tailleur ; résistant.

Les parents d’Oskar Rosskamm, Isidor Rosskamm et Berta Lévy, étaient polonais. Oskar Rosskamm vécut en Allemagne jusqu’en mars 1935, date à laquelle il se réfugia en France. Il demeura à Paris, 64 rue Vieille du Temple (IIIe arr.), et exerça la profession de tailleur. Oskar Rosskamm était marié avec Pessa Glodek et n’avait pas d’enfant.
Le 15 octobre 1939, il s’engagea dans l’armée française. Il fut incorporé dans le 77e régiment régional à Besançon (Doubs) comme « travailleur militaire ». Le 24 juin 1940, il se replia en Suisse avec le 45e corps d’armée dont faisait partie son régiment. Oskar Rosskamm fut interné dans un camp dépendant des établissements pénitentiaires de Bellechasse (Suisse) pendant sept mois. Il fut rapatrié en France le 22 janvier 1941 et démobilisé à Sathonay-Camp (Ain, Rhône). N’étant pas citoyen français, il n’eut pas le droit de passer en zone occupée pour rentrer chez lui. A partir du 1er février 1941, il fut donc contraint de vivre à Lyon (Rhône). Il s’installa au 80 rue Mercière (IIe arr.). Il fut ensuite rejoint par sa femme, Pessa Glodek. D’après un rapport de police, Oskar Rosskamm ne reprit pas tout de suite une activité professionnelle. Il déclara « être en possession d’une somme de 25.000 Frs provenant de ses économies ». Le 10 décembre 1941, il fut arrêté par la police française, « mis à la disposition de la commission de criblage » et libéré. Oskar Rosskamm reprit ensuite son activité de tailleur. En 1943, il loua « un garni » au 51 rue Mercière (Lyon, IIe arr.) qui lui servit de local pour travailler. L’une de ses anciennes voisines témoigna après-guerre qu’elle le voyait « arriver chaque matin, monter dans un petit atelier qu’il avait sous les toits et où il faisait du retournage de vêtements » et repartir « chaque soir [...] pour rentrer à son appartement qu’il devait avoir à Craponne ».
Oskar Rosskamm s’engagea dans la Résistance au début de l’année 1941 ou le 1er octobre 1943. D’après le commandant Romans, il rendit « de nombreux services à la Résistance armée en ce qui concerne l’habillement des maquis et les renseignements durant la période de l’occupation allemande ».
Le 21 juillet 1944, des agents de la Gestapo arrêtèrent Oskar Rosskamm au 51 rue Mercière à Lyon. L’une de ses voisines fut témoin de la scène : « un jour que je me trouvais à la fenêtre donnant rue Mercière, j’ai vu arriver 4 hommes de la Gestapo. Ils sont descendus de voiture, sont montés dans l’immeuble, frappant à toutes les portes. Personne n’ouvrit, sauf Monsieur Rosskamm. Ce dernier étant israélite, ils le firent descendre et le faisant monter dans leur voiture, les agents de la Gestapo l’emmenèrent ». Oskar Rosskamm fut peut-être arrêté également parce qu’il était résistant. Sa femme déclara après-guerre qu’il fut « dénoncé pour appartenir à un réseau de Résistance ». Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ». Pessa Glodek, absente au moment de l’arrestation, fut informée de son lieu de détention grâce à « un billet glissé » par son mari.
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats armés, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
Le témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, permet de déduire qu’Oskar Rosskamm fit vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944. Malgré tout, un doute persiste car nous pouvons lire sur sa fiche de la prison de Montluc que d’après sa femme, Oskar Rosskamm « était encore à M[on]tl[u]c le 18.8 et serait allé à Bron pour travailler ce même jour ».
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Oskar Rosskamm fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait reçu une balle dans la tête. Son corps, décrit comme suit : « 1m65, calvitie [...], cheveux ch., [...], chemise en toile bleu pastel, marque « Noveltex », gilet de corps en jersey coton, ceinture cuir marron, boucle métal, pantalon drap gris », fut d’abord enregistré sous le numéro 70 puis identifié le 8 novembre 1944. Oskar Rosskamm fut inhumé au cimetière de Lyon - La Mouche (VIIe arr.).
La mention Mort pour la France fut transcrite sur son acte de décès en 1947. En 1956, le titre d’interné politique fut attribué à Oskar Rosskamm à titre posthume.
Sa veuve demeura à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône), chemin Saint-Jean, à partir de septembre 1944 puis elle s’installa à Paris, 64 rue Vieille du Temple, dans les années 1950. Polonaise, elle fut naturalisée française en 1950.
Voir Bron (17-21 août 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier d’Oskar Rosskamm.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3808W866, 31J66, 829W302, 829W430.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.—Yad Vashem.

Jean-Sébastien Chorin

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