Né le 19 janvier 1922 à Grand Bourg (Creuse), fusillé le 23 juin 1944 après condamnation d’une cour martiale du régime de Vichy à la maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) ; cultivateur ; résistant, maquis FTPF de la Creuse, 2101ème Cie.

Il était le fils d’Eugène, Jacques, Paul, Maurice Gerbaud cultivateur et d’Ernestine, Marie Gerbaud, cultivatrice domiciliés au lieu-dit La Montagne, commune de Grand Bourg. Son père, né le 23 janvier 1896 à Saint-Sulpice-le-Dunois (Creuse), fut mobilisé en mai 1915 dans un régiment d’infanterie puis dans une compagnie du Train. Il fut démobilisé le 26 août 1919. Ses parents se marièrent le 28 février 1921 à Grand-Bourg. Sa mère, née le 13 septembre 1895 à La Montagne, commune de Grand-Bourg, orpheline à 13 ans, s’était mariée une première fois à l’âge de 15 ans, le 3 avril 1911 à Saint-Priest-la-Plaine avec Sylvain, Henri Ricard. Roger fut son deuxième enfant après Yvonne née du premier mariage. Après avoir suivi sa scolarité d’école primaire à l’école du village de la Folie (commune de grand Bourg), il devint cultivateur, secondant ses parents sur leur exploitation. Au recensement de 1936 la famille comprenant Marie Boireau, veuve Gerbaud, mère d’Ernestine Gerbaud, le couple et leurs deux enfants, résidait au lieu-dit La Montagne. Roger Gerbaud, célibataire, fut en mars 1943 requis pour le STO.
En mai 1943, les dirigeants du Parti communiste clandestin régional, décidèrent d’organiser un camp de réfractaires STO près de Saint Maurice la Souterraine (Creuse). Ce maquis FTPF fut établi à Montautre, à la limite des communes de Saint-Pierre-de-Fursac (Creuse) et de Fromental (Haute-Vienne). Le groupe compta rapidement une trentaine de membres ravitaillés par les militants communistes et en particulier les jeunesses communistes locales. Roger Gerbaud entré dans la clandestinité dès le 8 mai 1943, fit partie des premiers maquisards ainsi que du premier groupe de combat, le groupe de combat FTP « d’Estienne d’Orves » qui prit son autonomie le 1er août 1943. Installé sur la commune de Saint-Agnant-de-Versillat (Creuse), il conduisit à partir de l’été 1943 des actions de sabotages et déraillements sur la ligne Paris – Toulouse. Attaqué à Montautre le 19 août 1943 par les forces de maintien de l’ordre du gouvernement de Vichy puis traqué dans tout le secteur de la Souterraine par les mêmes forces constamment renforcées, le maquis dut à plusieurs reprises changer de lieu d’installation. Roger Gerbaud fut nommé lieutenant FTP en mars 1944 et reçut le commandement de la 2101ème compagnie FTP. A la mi-mai 1944 le groupe évacua un camp sur la commune de Saint-Priest-la-Feuille et installa un nouveau camp près de Saint-Maurice-la-Souterraine, dans le bois de la Bonnelle. Une attaque fut alors conduite le 17 mai 1944 contre ce camp par des troupes du gouvernement de Vichy : gardes mobiles, Francs gardes de la Milice et policiers. Après un violent combat, le maquis fut vaincu, deux résistants tués, et dix-sept dont les deux chefs Roger Gerbaud et André Béguin faits prisonniers.
Roger Gerbaud fut ensuite conduit à Limoges, à la caserne du Petit Séminaire, où était installé Jean Filliol (un des fondateurs de la Cagoule) chef du deuxième bureau (renseignement) de la Milice de Limoges. Il fut torturé à de nombreuses reprises.Selon le procès-verbal d’audition de la police française (archives départementales de la Haute-Vienne, op. cit.), il fut accusé d’avoir participé à l’exécution d’un milicien le 9 mai 1944 à Bussière-Dunoise, à des sabotages de voies ferrées et à des attentats à l’explosif à Grand-Bourg et à la Souterraine. Il fut finalement présenté devant une "cour martiale" créée sous l’autorité du gouvernement de Vichy, et condamné à mort par des juges français dont les noms resteront inconnus. Il fut exécuté aussitôt, le 23 juin 1944 en même temps qu’André Béguin et Victor Renaud, par des Miliciens français à la maison d’arrêt de Limoges.
Il obtint la mention Mort pour la France, et le titre d’interné résistant lui fut attribué en février 1953 pour sa période d’internement à Limoges. Il reçut à titre posthume la Médaille militaire. Son nom figure sur le monument aux morts de Grand Bourg, sur une stèle commémorative dressée à Saint-Agnant-de-Versillat (Creuse) et sur une stèle dressée dans son village natal qui est encore chaque année le lieu d’une cérémonie mémorielle. Un boulevard de La Souterraine porte son nom.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil, registre matricule, recensements) — Arch. Dép. Haute-Vienne (1517W323 dossier 13804) — SHD AVCC Caen 21 P 614096 — Archives municipales Limoges 4 H 142 — Alain Guérin. Chronique de la Résistance. Éditions Omnibus 2010 — Marc Parrotin Bref historique du maquis de la Souterraine et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Victimes du tortionnaire et assassin Filiol en Limousin. Marc Parrotin. Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord. N°3 2005 — Notes Hervé Dupuy — Mémorial genweb — Journal La Montagne 30 juin 2015.

Michel Thébault

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