Né le 18 décembre 1909 à Paris (XIVe arr.), mort le 4 septembre 1944 à Paris (XVe arr.) ; employé, manœuvre, magasinier, déménageur, gardien de la paix ; homologué FFI.

Fils d’Albert Hérembert, plombier, et d’Aline, Caroline Lacomblez, ménagère, Albert Hérembert passa une partie de son enfance dans le VIIIe arrondissement de Paris au 38 rue du Rocher, puis en 1927 au 4 rue Cervantès à Paris (XVe arr.). Son père fut mobilisé pendant la guerre 1914-1918, il ne manqua pas de raconter ce qu’il avait vécu, ce qui marqua durablement son fils. Ce dernier obtint à l’issue de l’école primaire le CEP, d’un milieu modeste il n’eut pas la possibilité matérielle de poursuivre des études. Dès l’âge de quatorze ans, le 7 novembre 1923, il débuta comme employé aux écritures à la société Bourdon au 32 rue des Mathurins (VIIIe arr.). Son écriture à la plume sergent major était appréciée, il y travailla près de trois ans.
Il entra en septembre 1926 à la société d’automobiles Talbot, quai Galliéni à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine), travailla comme manœuvre jusqu’au 14 avril 1927. Il commença le 2 septembre 1927 en tant que petite main monteur chez Thomson-Houston 173 boulevard Haussmann à Paris (VIIIe arr.). Nouveau changement d’entreprise dans le même emploi le 23 avril 1928 à la société Cozette, 34 avenue du Roule à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), et ce jusqu’au 10 septembre 1928. Changement d’usine dans la même ville, magasinier aux usines Bellanger du 2 novembre 1928 au 25 avril 1929, puis à la Compagnie des Téléphones Thomson-Houston 7-13 rue des Favorites à Paris (XVe arr.) du 12 juin au 30 octobre 1929.
Difficultés économiques, nouveau changement le 31 octobre 1929, toujours magasinier à la compagnie Maryland 34 rue de la Quintinie à Paris (XVe arr.), jusqu’au 12 novembre 1929. Nouvelle période de chômage, nouvelle embauche dans la même société le 15 mai 1930 jusqu’au 15 octobre. Quatre mois d’inactivité forcée, nouvelle embauche dans le même emploi à l’Agence Métropole 16 boulevard Raspail à Paris (VIIe arr.) du 17 février au 3 mai 1930.
L’appel sous les drapeaux va être une parenthèse de stabilité pour Albert Hérembert. Incorporé le 23 octobre 1930 au 170e Régiment d’infanterie, il sera tout de suite repéré pour sa belle écriture, sera dispensé de faire ses classes. Il écrira dans son autobiographie : « ce fut pour moi un an de vacances […] ayant des connaissances en dessin cartographique, je rentrai au service de mon Chef de Bataillon en qualité de dessinateur ». Il fut nommé caporal.
Libéré de ses obligations militaires, le travail était toujours aussi rare… il entra dans une entreprise du bâtiment suivit des cours de dessin après sa journée de labeur. Il travailla comme manœuvre chez Lafond 40 rue de la Procession à Paris (XVe arr.), du 19 janvier 1932 au 5 février 1936, puis dans le même emploi à la maison Baudry 5 rue Cervantès (XVe arr.) du 8 février au 15 septembre 1936. Début 1939, il devint déménageur à la société des Professionnels Réunis au début de l’année 1939. Il pratiquait en amateur plusieurs sports le cyclisme, la lutte et les poids et haltères.
Il écrivit dès décembre 1937 au préfet de police sollicitant un emploi de gardien de la paix de la ville de Paris. Il renouvela cette demande en mai 1938. Mobilisé le 2 septembre 1939 au 56e Régiment d’Infanterie à Mâcon (Saône-et-Loire), il fut libéré le 24 août 1940. Une réponse positive à sa demande d’embauche lui parvint en septembre 1940, l’enquête avant son embauche, pratique systématique de l’administration indiquait qu’il ne manifestait pas « d’opinion politique ».
Affecté au commissariat du il était d’emblée noté en 1941 comme un « bon gardien dévoué ». L’année suivante le commissaire mentionnait qu’Albert Hérembert effectuait des remplacements au bureau où il donnait satisfaction, il soulignait qu’il se faisait « remarquer par son talent calligraphique ». Gardien de la paix, il exprima son souhait de « monter en grade ».
Le 24 août 1944 vers 21 heures, Albert Hérembert rejoignait son domicile du 6, passage Olivier-de-Serres (XVe arr.) pour récupérer sa tenue. À la hauteur de la rue Corbon plusieurs véhicules allemands étaient à l’arrêt, nervosité des soldats sur le départ… des coups de feu crépitèrent. Albert Hérembert s’effondra devant l’entrée de l’école du 3 rue Corbon. La concierge avec l’aide d’une infirmière le placèrent sur une civière avant l’arrivée d’une ambulance.
Emmené à l’Hôpital Necker, les médecins constatèrent qu’Albert Hérembert avait été touché par plusieurs balles dont une explosive l’atteignit à l’épaule gauche. Son omoplate avait été fracassée, son poumon gauche était touché. Il mourut le 4 septembre 1944. Ses obsèques eurent lieu le 7 septembre au cimetière parisien de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine).
Son épouse Renée fit le 21 septembre une déclaration enregistrée sur la main courante du commissariat Saint-Lambert. La concierge de l’école de la rue Corbon, Émilie B… témoigna, qu’Albert Hérembert « perdait son sang abondamment ». Toutes deux furent auditionnées le 21 et 26 septembre par le commissaire de police.
Il fut déclaré « Victime du devoir », Albert Hérembert a été cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), décoré de la Légion d’Honneur (JO du 3 janvier 1945). Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », et l’homologua F.F.I. Il fut nommé brigadier à la date du 20 août 1944.
Dans une note du 2 juillet 1945, le Directeur général de la police estima que : « S’il ressort, à priori, qu’Hérembert n’a peut-être pas été tué en raison de sa qualité de policier, il faut tout de même admettre que sa présence en face de l’ennemi à l’endroit et à l’heure indiquée était due à sa fonction.
Il n’est pas établi que ce gardien faisait partie d’une organisation de Résistance, mais il était tout acquis à la bonne cause et ses sentiments de bon français ne pouvaient être mis en doute ».
Marié à Renée, Lucienne, Marie née Podevin le 6 mai 1933 à Plaisir (Seine-et-Oise, Yvelines), Albert Hérembert était le père d’un fils, Hubert sept ans qui fut déclaré pupille de la Ville de Paris.
Son nom figure sur la liste des policiers morts dans les combats de la Libération de Paris au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.), sur la plaque commémorative posée à l’entrée du commissariat du VIe arrondissement rue Bonaparte aux côtés d’autres policiers résistants. Une plaque a été fixée au 1 rue Cordon : « Ici a été mortellement blessé pour la Libération de Paris Hérembert Albert gardien de la paix du VIe arrondissement le 24 août 1944 ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, CB 57.56 (main courante du commissariat Saint-Lambert), KC 18. – SHD, Caen AC 21 P 53762. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – Site internet GenWeb. — État civil.
PHOTOGRAPHIES : Arch. PPo. plaque rue Bonaparte Daniel Grason.

Daniel Grason

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