Né le 23 juillet 1912 à Boryslaw (Autriche-Hongrie, Pologne, Ukraine), de nationalité polonaise, massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; docteur en médecine ; victime civile.

Fils d’Abraham (dit Adolf) et Chana Abraham, Léon Eisenstein naquit à Boryslaw, ville située en Galicie austro-hongroise et devenue polonaise dans l’entre-deux-guerres. Il devint docteur en médecine. Pendant la guerre, il demeurait au 153 cours Albert Thomas à Lyon (IIIe arr., Rhône). Il était célibataire.
Le 9 août 1944, à 10 heures du matin, Léon Eisenstein fut arrêté à Lyon par des miliciens ou des membres du Parti populaire français (PPF) vraisemblablement parce qu’il était juif. Il fut interné à la prison de Montluc (Lyon).
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, Léon Eisenstein et 49 autres prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Léon Eisenstein fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans le dos.
Le corps de Léon Eisenstein fut décrit comme suit : 1m78, cheveux bruns. Il fut d’abord enregistré sous le numéro 63 puis identifié le 14 octobre 1944 par Mme Adèle Bofill-Gusson et par Monsieur Berlioz, ancien inspecteur de police et ami de Léon Eisenstein. L’acte de décès de Léon Eisenstein fut dressé le 14 octobre 1944 à Bron.

Voir Bron (17-21 août 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Léon Eisenstein.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W12, 3460W4, 3808W866, 31J66, 3460W2.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet Jri-Poland.

Jean-Sébastien Chorin

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