Né le 18 mai 1895 à Paris XVIIe (Seine), exécuté sommairement le 28 novembre 1944 à Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; officier supérieur ; résistant et chef des régions sud-ouest puis centre du réseau SR "Alliance".

Édouard Kauffmann était le fils d’Albin, un alsacien ayant servi dans la Légion étrangère, employé de commerce, âgé de 34 ans et de Lidia Baur, institutrice, âgée de 36 ans. Il se maria le 26 mars 1919 à Louches (Pas-de-Calais) avec Marie-Thérèse Céline Catherine Fontaine (1895-1994).
Après son baccalauréat obtenu en 1913, Édouard Kauffmann réussit le concours d’entrée à Saint-Cyr en 1914, promotion « La grande revanche ». La guerre ayant éclaté il dut rejoindre en première ligne le 23ème régiment de dragons. En mars 1915, il fut nommé sous-lieutenant dans l’infanterie alpine. Volontaire pour l’aviation en 1916, il devint pilote et prit part aux opérations avec l’escadrille SPA 79. Il obtint le grade de lieutenant et termina la guerre avec des missions de photographie et de réglage des tirs d’artillerie.
Après l’armistice de 1918, il retourna à l’École de Saint-Cyr pour terminer en 1919, ses études décalées par la Première guerre mondiale puis prit part aux premiers vols opérationnels de nuit au régiment de Thionville. Titulaire de la croix de guerre avec 3 citations, il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1922, à l’âge de 27 ans. Edouard Kaufmann passa capitaine en 1923 et commandant en 1930 et participa pendant dix ans aux opérations de la campagne du RIF au Maroc comme chef d’escadrille, où il obtient six citations et deux croix de l’Ordre Ouissam Alaouite. Il y rencontra le capitaine Faye* qu’il retrouvera plus tard au réseau Alliance. En 1936 il prit la tête d’une escadrille en Indochine et revint en France en 1939. Homme d’une forte personnalité et ne cachant pas ce qu’il pense, il eut son avancement freiné. Il ne fut promu lieutenant-colonel que le 15 mars 1939 et combattit comme commandant de l’unité aérienne de la 2e division cuirassée pendant la guerre.
Après l’armistice, il demanda sa mise en congé et continua le combat en soustrayant du carburant à l’ennemi et en le cachant dans un ravin des environs de Sarlat (Dordogne). Par l’intermédiaire du commandant Faye qui appartenait déjà au réseau Alliance, il rencontra Marie-Madeleine Méric (Fourcade), dirigeante du réseau, en février 1942, à Toulouse. Il intégra ainsi le mouvement en juin 1942 sur la région sud-ouest, comme chef du secteur de la Dordogne "Caverne", qu’il constitua, installant son PC à Sarlat avec le pseudonyme "Criquet". Il prit la tête également du service de sécurité du réseau Alliance, nom de code « Les Apaches », avec comme pseudonyme « Manitou ». Il recruta et nomma le capitaine Philippe Koenigswerther*, commandant du secteur Bordeaux-La Rochelle. Il collecta les renseignements tout en maintenant le contact avec l’état-major du réseau, à Marseille. Ce fut lui qui organisa le transfert du général Giraud vers l’Afrique du Nord, avec l’aide de l’Intelligence Service, par un sous-marin britannique, le HMS Seraph, et il dota sa région de nouveaux postes émetteurs venus d’Angleterre.
À la fin de l’année 1942, il échappa miraculeusement à l’arrestation dont furent victimes sa femme et six de ses agents. Il se réfugia à Lyon sous le pseudonyme de "Criquet" afin de reconstituer son équipe et fut arrêté mais il s’évada et reprit son activité dans le Puy-de-Dôme où il assuma le commandement de toute la région Centre, des expéditions punitives et de récupération, des contacts avec la centrale radio de l’Afrique du Nord.
En février 1943, il échappa miraculeusement à l’arrestation dont furent victimes sa femme et six de ses agents et continua les émissions avec « radio topinambours » ainsi nommé parce les émetteurs étaient installés dans les champs de topinambours. Il se replia alors à Lyon où il avait trouvé un emploi de veilleur de nuit, afin de reconstituer son équipe et fut arrêté mais il s’évada et reprit son activité dans le Puy-de-Dôme, à Paugnat, où il assuma le commandement de toute la région Centre, des expéditions punitives et de récupération, des contacts avec la centrale radio de l’Afrique du Nord. Le 16 juillet 1943, il assista à Paris 16e arr., au 16 rue Raynouard, à la réunion organisée par Marie-Madeleine Méric (Fourcade) destinée à désigner son successeur avant son départ pour Londres. Ce fut Paul Bernard. Au retour de cette réunion, Édouard Kauffmann établit son PC à Paugnat, puis à Marcenat et Fontaube, près de Volvic (Puy-de-Dôme), installant également un siège dans un garage à Clermont-Ferrand et un pied-à-terre à La Bourboule (Puy-de-Dôme). Après l’arrestation du commandant Faye* en septembre 1943 une vaste opération fut menée par l’Abwehr de Dijon, conduite par l’oberleutnant Joseph Kurt Merck, alias "Kaiser Schneider", responsable de la section contre-espionnage pour tout le territoire. Le 21 septembre 1943, Édouard Kauffmann cerné par le SD de Vichy, fut arrêté à son PC de Paugnat, près de Volvic (Puy-de-Dôme) avec onze de ses agents dont son radio Léon Mury (pseudo « Loir ») et incarcéré à la prison militaire allemande installée à l’ancienne caserne du 92e Régiment d’infanterie, à Clermont-Ferrand, où il resta pendant une durée qui n’a pas pu être précisée puis à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) pour y être interrogé et torturé par la Gestapo du SD de la rue des Saussaies et l’AST du 82 avenue Foch.
Convaincu d’être un agent du réseau Alliance, il fut déporté le 16 décembre 1943 à destination de Strasbourg et interné à la prison de Kehl-am-Rhein (Bade-Wurtemberg) pour y être interrogé par la Gestapo de l’AST de Strasbourg, spécialisée dans la répression des agents d’Alliance.
En janvier 1944, la Gestapo de Strasbourg fit parvenir son dossier d’accusation d’espionnage objet de la liste n° 651 qui concernait Édouard Kauffmann, Henriette Amable*, Charles Fredin*et André Rerolles*, au Tribunal de guerre du Reich qui le classa "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Il fut alors emprisonné à Kehl puis à Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne).
Le 28 novembre 1944, alors que la prison venait d’être bombardée par les alliés, les exécuteurs de la Gestapo firent sortir de leur cellule Édouard Kaufmann, son adjoint le capitaine Pradelle* et un autre membre du réseau et les abattirent d’une balle dans la nuque devant la porte de la Bastille, au bord d’un trou de bombe. Après que les troupes alliées aient investi Freiburg-im-Breisgau, ce sont ses propres fils qui furent appelés pour reconnaître son corps. Il fut alors inhumé au cimetière de Fribourg-en-Brisgau.
Son acte de décès fut transcrit à Sarlat le 17 octobre 1947. Il obtint la mention "Mort pour la France" transcrite sur l’acte de naissance le 14 octobre 1946 et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 23 février 2012.
Édouard Kauffmann était titulaire de la Croix de guerre avec trois citations, il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1922 et officier de l’ordre du « Ouissam Alaouite » pour son engagement au Maroc en 1930. Il fut fait officier de la Légion d’Honneur en 1932. Il fut décoré de la Médaille de la Résistance française, avec rosette, à titre posthume, par décret du 3 août 1946 (JO du 13 août 1946).
Il repose au cimetière de Saint-André-d’Allas (Dordogne). Sur sa tombe on peut lire la citation suivante : Ceux qui l’ont con nu garderont au cœur sa simplicité généreuse, son dévouement aux valeurs sûres et son dynamisme joyeux.
À ses côtés reposent sa fille et sa femme, Marie-Thérèse, qui fut également résistante, arrêtée et déportée à Ravensbrück d’où elle a été libérée en 1945.
Une des principales artères de Sarlat a été baptisée avenue du Colonel Kauffmann en 1947. Édouard Kauffmann est parrain de la promotion 2005 de l’École de l’Air.
Sources

SOURCES : Marie-Madeleine Fourcade L’Arche de Noé, éd. Fayard, éd. Plon. — Édouard Kauffmann 1895-1944 par Louis Morgat pour l’Association Alliance, mai 2005.— Auguste Gerhards Tribunal du IIIe Reich, éd. Le Cherche Midi, Paris 2014. — Richard Kauffmann, Biographie d’Édouard Kauffmann, Mémoires, archives privées Richard Kauffmann, 2016/02/07.— Base de données de la Médaille de la Résistance française. Site Web de l’Association des anciens élèves de l’École de l’Air [consulté le 16/11/2014]. Site Web de l’Association mémorielle L’Alliance — Webmaster Pierre MURY, muryp@hotmail.com (fils de Léon MURY, pseudo « Loir », radio d’Édouard Kauffmann, arrêté près de Volvic, en même temps que lui, massacré dans sa prison de Rastatt.— "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D, tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948.— Mémorial GenWeb.— État civil

Jean-Louis Ponnavoy, François Romon

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