Rubigny (Ardennes), 30 août 1944
Les noms des victimes figure sur le mémorial de Berthaucourt. Un monument fut érigé près du pont qui surplombe La Malacquise, qui porte l’inscription suivante :
« À la mémoire des FFI
fusillés le 30 août 1944 ».
Un quatrième put s’échapper : Yvon Bellot.

Voici le témoignage de Jean-Claude Canard : « Alors qu’on ne voyait plus de soldats allemands, il semble que des effectifs stationnaient à la Briqueterie de Vaux-lès-Rubigny soient venus, sur dénonciation, pour appréhender des résistants à Wadimont et Rubigny [6].
Deux Allemands descendaient à pied la rue Saint-Jacques, vers le pont sur la Malacquise, en disant que la guerre était finie, qu’ils se rendaient et déposaient les armes car les Américains seraient là demain.
Passant devant le chemin du lavoir du Brodeau, le père de Jean-Claude Canard les a entendus tirer en l’air, ce qui se révélera ultérieurement être un avertissement à 4 ou 5 de leurs collègues, embusqués en bas de Rubigny.
Un certain nombre d’habitants, dont monsieur Alfred Bouxin, les suivaient, pensant pouvoir récupérer les armes. Jean-Claude Canard, qui a alors 13 ans, et son ami polonais Tolek suivaient également.
Arrivés sur le pont, les deux Allemands ont fait semblant de jeter les fusils et leur culasse sur le pont qui enjambe le bief, et sont partis vers Rubigny. Les soldats qui étaient embusqués derrière la voie de chemin de fer à Rubigny se sont mis à tirer. Les habitants qui suivaient les deux soldats allemands sont alors repartis précipitamment vers Wadimont pour certains, et dans La Malacquise pour d’autres.
Jean-Claude Canard, de son côté, s’est caché sous le pont de La Malacquise, alors que son ami polonais est reparti vers Wadimont. À un moment, sortant la tête pour voir ce qui se passe, devant la reprise des tirs, il se cacha de nouveau.
Sur les quatre à cinq Allemands embusqués à Rubigny, deux sont alors revenus vers le pont sur La Malacquise, armés l’un d’une carabine et l’autre d’une mitraillette, et ils sont descendus de chaque côté du pont vers la rivière pour inspecter l’ouvrage.
Découvrant Jean-Claude Canard, Ils lui ont demandé s’il n’y avait pas d’adultes. Devant sa réponse négative, ils lui ont dit de partir et sont remontés vers Wadimont avec lui jusqu’à sa maison (actuelle maison du Planty, 15, rue Saint-Jacques) où ne se trouvaient que sa mère et l’apprenti. N’ayant rien trouvé, ils sont remontés dans le village, puis sont redescendus en voiture vers Rubigny.
Une heure plus tard, malgré les mises en garde leur enjoignant de pas y aller, quatre gens descendent vers le pont sur La Malacquise, pensant récupérer les armes abandonnées par les Allemands. Il s’agit d’Yves Totin, qui habite rue des Juifs [7], Antoine Topornicki [8], qui habite à La Maison rouge, Victor Micheli [9], qui habite la petite maison dans le virage, rue de Chaumont (actuellement Borgnet), et Ivan Bellot [10].
Mais les Allemands les attendaient sur le pont. La tante d’Ivan Bellot, qui parlait le néerlandais, réussit à les convaincre qu’Ivan Bellot n’était pas avec les trois autres. Ils interrogèrent et brutalisèrent Victor Micheli et Yves Totin avec un coup de poing américain, avant de les fusiller sur le pont du bief.
Antoine Topornicki fut quant à lui emmené à La Vaugirard chez Monsieur Corneille, qui avait de bonnes relations avec le chef du culture. Ils n’ont pas trouvé monsieur Corneille, celui-ci étant dans son jardin. Madame Corneille et sa fille Jeanne les ont laissés fouiller la maison ; ils n’ont rien trouvé ; ils ont seulement voler de la nourriture.
Ils sont ensuite repartis avec Antoine Topornicki vers Rubigny, où ils l’ont libéré en bas du village en lui disant de s’en aller. Celui-ci est parti en courant vers Rubigny, et il a alors été abattu dans le dos, à hauteur de la gare.
Le lendemain 31 août 1944, les premières avant-gardes américaines passaient à Wadimont. Elles hésitèrent à passer le pont sur La Malacquise, car un panneau en allemand indiquait le mauvais état de l’ouvrage. Ils échappèrent ensuite à une embuscade à Vaux-lès-Rubigny où, craignant de rejoindre directement la route nationale (actuel D 978) vers la Briqueterie, on leur conseillait de prendre la rue du Château, à droite à l’entrée du village. C’est sur le conseil d’un ancien du village qu’ils renoncèrent et évitèrent ainsi l’embuscade. À noter qu’un officier américain aurait été tué à Mainbresson, où les Allemands avaient fait sauter le pont sur La Serre ».
SOURCES. Site Internet : Mémorial GenWeb. — Documents Joël Canard (transcription du témoignage de son père, 6 déc. 2015).
Frédéric Stévenot
[1] Le responsable local de la résistance était Monsieur Jean Caillias, instituteur à Rubigny, qui avait un instant caressé le souhait d’installer le maquis à La Vaugirard, ce à quoi Monsieur Corneille s’était opposé.
[2] Né à Wadimont, ouvrier agricole, il avait onze frères et sœurs. Son frère aîné était prisonnier de guerre en Allemagne ; Roland, le second de la fratrie, avait été tué. Yves Totin fut inhumé dans le cimetière de Rubigny
[3] Jean-Claude Canard été à l’école avec deux de ses frères et sa sœur Janine, qui sera plus tard employée de maison. Âgé de 23 ans, né à Revillon (Aisne), ouvrier agricole, il était l’aîné de neuf enfants. Il fut inhumé à Wadimont.
[4] Âgé de 22 ans, il était l’aîné de quatre garçons, réfugié venu de la Moselle où il était né, et où il fut inhumé.
[5] La mère de Roger Bellot possédait l’actuelle maison Féru, mais n’y habitait pas. Engagé volontaire, le frère d’Yvan, Aimé, fut tué sur le front d’Italie en 1945.
[6] Le responsable local de la résistance était Monsieur Jean Caillias, instituteur à Rubigny, qui avait un instant caressé le souhait d’installer le maquis à La Vaugirard, ce à quoi Monsieur Corneille s’était opposé.
[7] Né à Wadimont, ouvrier agricole, il avait onze frères et sœurs. Son frère aîné était prisonnier de guerre en Allemagne ; Roland, le second de la fratrie, avait été tué. Yves Totin fut inhumé dans le cimetière de Rubigny
[8] Jean-Claude Canard été à l’école avec deux de ses frères et sa sœur Janine, qui sera plus tard employée de maison. Âgé de 23 ans, né à Revillon (Aisne), ouvrier agricole, il était l’aîné de neuf enfants. Il fut inhumé à Wadimont.
[9] Âgé de 22 ans, il était l’aîné de quatre garçons, réfugié venu de la Moselle où il était né, et où il fut inhumé.
[10] La mère de Roger Bellot possédait l’actuelle maison Féru, mais n’y habitait pas. Engagé volontaire, le frère d’Yvan, Aimé, fut tué sur le front d’Italie en 1945.