Né le 26 février 1917 à Paris (XIIe arr.), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; représentant de commerce ; victime civile.

Maurice Karsenty était le fils de Charles Karsenty et Raymonde Achache. Il était représentant de commerce. Il demeura à Toulouse (Haute-Garonne), 9 Cité Bonnefoy, puis à Lyon (Rhône), 34 rue Danton (IIIe arr.).
Maurice Karsenty fut arrêté le 13 mars 1944 pour « établissement de faux papiers » et interné à la prison de Montluc (Lyon). Le 10 août 1944, il fut arrêté une seconde fois par « 4 jeunes gens en civil » pour le motif qu’il était juif. Il fut à nouveau incarcéré à Montluc.
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. À 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Maurice Karsenty fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire que la fosse D contenait 21 victimes du 17 août et 1 victime du 18 août (Charles Schwartz). Maurice Karsenty fit donc vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Le corps de Maurice Karsenty fut décrit comme suit : 1m72, cheveux noirs, longs, légèrement frisés. Il fut d’abord enregistré sous le numéro 69 puis identifié le 9 octobre 1944 par son frère, Abraham Karsenty. Son acte de décès fut dressé le 9 octobre 1944 à Bron. Maurice Karsenty fut inhumé au cimetière de Lyon – La Mouche (VIIe arr.).
La mention Mort pour la France fut transcrite en marge de son acte de décès le 29 novembre 1945.
Voir Bron (17-21 août 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Maurice Karsenty.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W8, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.

Jean-Sébastien Chorin

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