Né le 3 mai 1927 à Béziers (Hérault), tué au combat le 19 août 1944 à Paris (Xe arr.) ; membre des corps francs (MUR) de la R3 (Hérault, Aude) puis d’un groupe franc de la région parisienne (AS) ; FFI de la région parisienne

Roger Mathieu (1927-1944)
Archives Étienne Llauro
Obsèques de Roger Mathieu (1927-1944) à Béziers (Hérault)
Archives Étienne Llauro
Fils de Pierre Alphonse, Eugène Mathieu, employé à la Compagnie des chemins de fer du Midi, et de Rose Louise Domairon, sans profession, Roger Mathieu était domicilié rue des Chasselas à Béziers.
Roger Mathieu est le "Mathieu" des groupes francs (GF) des MUR de la R3 qui fit équipe avec Louis Bonfils et dont parle Julien Allaux qui fut le correspondant du comité d’histoire de la Seconde guerre mondiale de l’Aude puis de l’IHTP (op. cit.). Il appartenait au GF de Béziers dirigé par le coiffeur Fernand Pagès. Son père qui, en 1944, était un ouvrier métallurgiste chez Fouga, réparateur de matériel ferroviaire et avionneur bitterois, était le responsable du matériel du groupe franc (pseudonyme "Jouve"). Plus tard, il fut un des responsables du maquis (AS) "Stalingrad" (Voir Mulot Paul) implanté dans le Ségala rouergat (Aveyron).
En avril 1944, déjà membre du COMAC, Roger Mathieu et son ami montpelliérain Roger Gazel, prirent contact avec Fernand Pagès alias "Dessenne", chef d’un GF de Béziers qui agissait sous l’autorité d’un haut responsable de l’AS de la R 3 Louis Torcatis.
Tous deux furent chargés d’abattre des collaborationnistes de l’Aude. Louis Torcatis, chef des GF de la R3, sur indication des dirigeants départementaux de l’AS audoise leur avait assigné la mission d’exécuter Albert Kromer chef de centaine des Francs gardes de la Milice de Carcassonne (Aude) coupable, le 29 novembre 1943, d’actions de répression, en concertation avec les troupes d’occupation allemandes, contre les résistants de Belcaire et de Camurac, communes du Pays de Sault dans les Pyrénées audoises. Le 24 février 1944, Bonfils et Mathieu se rendirent chez Kromer à Carcassonne. Mathieu le tua avec deux balles de son pistolet. Une troisième balle blessa grièvement la femme de Kromer qui mourut le lendemain à la clinique du docteur Cathala. Le 1er avril 1944, Mathieu et Bonfils qui étaient restés dans l’Aude pénétrèrent dans le café Not de Carcassonne où des miliciens de Castelnaudary tenaient une réunion avec ceux de Carcassonne. Ils tirèrent sur l’assemblée et blessèrent deux miliciens de Castelnaudary et un de Carcassonne. Ayant pris la fuite, ils tentèrent en vain, le 7 avril, d’abattre le chef du groupe "Collaboration" de Narbonne (Aude). Un contrôle d’identité par la police française dans un bar de la ville leur fut fatal. On découvrit leur fausse identité (Jean Pradel pour Bonfils et Marius Boutonnet pour Mathieu). En entrant dans le commissariat, Bonfils et Mathieu tirèrent sur les deux inspecteurs qui voulaient contrôler leur identité. Mathieu blessa légèrement l’un d’entre eux mais Bonfils fut grièvement blessé par l’autre. Mathieu réussit à s’enfuir.
Julien Allaux indique dans son ouvrage (op. cit.) que Mathieu fit partie du Groupe franc qui abattit le 28 juin 1944 Philippe Henriot et fut tué pendant la Libération de Paris. Ce fait est aussi évoqué par Étienne Llauro (op.cit.) qui indique qu’un autre Héraultais, le Montpelliérain Roger Gazel participa à cette action commanditée par le COMAC.
En effet, Roger Mathieu participa aux combats de la Libération de Paris. Il fut tué par les Allemands le 19 août 1944 dans le secteur de la gare du Nord, son corps a été emmené à l’Hôpital Lariboisière (Xe arr.). Le commissariat Saint-Vincent-de-Paul (Xe arr.) nota son décès (procès-verbal n° 1308 du 28 août 1944). Le ministère des anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France » portée sur l’acte de décès le 29 juin 1946, il a été homologué lieutenant F.F.I.
Une plaque commémorative a été apposée sur un pilier de la station de taxi de la gare du Nord rappelant : « Ici 30 Français ont été sauvagement assassinés par les Allemands les 19, 20, 21 août 1944 ». Le nom de Roger Mathieu figure sur la plaque dédiée aux « Enfants de Béziers morts pour la France » pendant les deux guerres mondiales dans la cour intérieure de la mairie de Béziers.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 109W 3, BA 1801. – SHD, Caen AC 21 P 92835. — Arch. dép. Hérault, 177 J 12, Fernand Pagès alias "Dessenne", Récit de mon activité clandestine pendant l’occupation allemande, tapuscrit, 13 p. [p. 5]. — Bureau Résistance GR 16 P 403641 (notes de Daniel Grason). — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du sapin d’Or, 1986, 254 p. [p. 120-123]. — Étienne Llauro, Torcatis "Bouloc". Destin d’un humaniste 1904-1944, Portet-sur-Garonne, Loubatières, 1998, 493 p. [p. 448]. — Danièle Arnaud, Les fusillés de la Madeleine", ouvrage inédit (2018), tapuscrit. p. 23. — Site internet GenWeb. — État civil. – État civil numérisé 10D 476 Paris (Xe arr.) acte de décès n° 2089.

André Balent

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