Né le 23 octobre 1912 à Datteln (Allemagne), massacré en représailles le 4 août 1944 au Vigeant (Vienne) ; ouvrier agricole de nationalité polonaise ; victime civile.

François Gadomski était le fils de François Gadomski et de Françoise Oleniszak (peut-être Olejniczak). Il était né dans une ville industrielle du nord de la Ruhr, Datteln en Rhénanie du Nord – Westphalie où les Polonais (dont le territoire était à l’époque, en 1912, annexé par l’Allemagne) étaient venus travailler nombreux dans les mines et l’industrie lourde.
Les circonstances de son arrivée sur le territoire français sont pour l’heure inconnues. Un seul indice témoigne de sa présence, son nom sur la liste officielle des prisonniers de guerre dans l’état nominatif du 9 décembre 1940 (BNF, Gallica op. cit.) sous la forme : « Gadomski François 23-10-12 Datteln (Allem.) 2ème cl. 3ème RIP St. VB ». Il fit donc partie après l‘invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, des milliers d’émigrés polonais travaillant, ou réfugiés en France, qui s’engagèrent dans l’armée. La mobilisation qui s’en suivit, se traduisit par l’incorporation au camp de Coëtquidan (Morbihan) de plusieurs milliers d’hommes qui vinrent constituer la 1ère division de Grenadiers polonais. François Gadomski s’engagea ainsi dans le 3e RIP, le Régiment de Grenadiers de Silésie. La 1re division de grenadiers, fut envoyée en Lorraine où elle tint un secteur de la ligne Maginot à partir du 9 juin 1940 et combattit à compter du 14 juin. Après deux jours de combats, ayant contenu les assauts allemands sur le canal de la Marne au Rhin elle fut contrainte de reculer, couvrant la retraite de la 52e division française en complète désintégration. Le 21 juin, constatant l’effondrement des défenses françaises, le général polonais commandant la division ordonna sa dissolution afin de constituer des petits groupes pour tenter d’échapper à la reddition et rejoindre le Royaume-Uni. Cependant, l’ordre de dissolution ne put parvenir à temps à toutes les unités, une grande partie du 3ème RIP encore engagée dans les combats ne put se dégager et tout en combattant se replia vers Saint-Dié où elle fut capturée le 22 juin lors de l’entrée des Allemands dans la ville. François Gadomski fait prisonnier, sans doute dans ces circonstances, fut interné en Allemagne dans le stalag V B. Ce camp de prisonniers situé dans la Forêt-Noire, près de Villingen (Bade-Würtemberg) accueillit des prisonniers de guerre belges, anglais, serbes, polonais ainsi que quelques Français. Proche de la frontière suisse, il connut de nombreuses évasions. A nouveau l’histoire de François Gadomski reste inconnue. On le retrouve ouvrier agricole à Charroux (Vienne) en 1944.
Le 3 août 1944, une colonne allemande traversa Charroux (Vienne) et pris en otages cinq personnes : Armand Rousseau (38 ans) et ses deux fils, Marc (15 ans) et Rémy (14 ans), ainsi que deux ouvriers agricoles, Alexandre Begoin (41 ans) et François Gadomski (31 ans). Le rapport militaire allemand des opérations publié par Christian Richard (op. cit.) précise les circonstances vues du côté allemand (rapport rédigé par le capitaine commandant l’unité de Feldgendarmerie) : « Le XXXème Corps d’Armée avait prescrit pour le 3 août 1944 une action contre le bois de Charroux au sud de Mauprévoir… dans lequel devait se trouver des groupes de terroristes. L’action a été menée par le Commandant de la Section Rapide 608, le commandant Schmidt, sous les ordres duquel, et à l’occasion de cette opération, la Trupp. De Feldgendarmerie B. motorisée 687 était placée. Le détachement est arrivé au moment prescrit sur les lieux au sud de Mauprévoir pour barrer le passage à la lisière nord du bois de Charroux. Dans la partie sud du bois de Charroux… la section 608, venant du sud, rencontre un ennemi près de la ferme « Les Ecures » qui résista fortement ». Il semble donc établi que ce sont les SS de la section 608 qui sont à l’origine de l’arrestation des cinq otages à Charroux. Les otages furent emmenés par les troupes SS dans leur action de répression vers le nord de la Vienne. Le 4 août, l’opération de répression menée par la colonne allemande (Section rapide 608, issue du bataillon de réserve de la 17ème division SS Götz von Berlichingen, et Feldgendarmerie Trupp B motorisée 687), se poursuivit dans le secteur du Vigeant. Elle s’y heurta à des groupes de maquisards et procéda dans la journée du 4 août à des séries d’exactions, d’exécutions sommaires et de massacres entre Charroux, Le Vigeant et Persac. Le groupe des otages amenés de Charroux, dont François Gadomski et son ami Alexandre Bégoin sans doute arrêté avec lui, fit partie, avec les otages rassemblés au Vigeant, des victimes civiles fusillées en représailles, dans l’après-midi, devant une mare desséchée à côté du cimetière. Son corps fut inhumé dans une sépulture collective avec les quatre autres otages massacrés, dans le cimetière communal de Charroux ; un monument funéraire leur y est dédié.
Son nom est inscrit sur la plaque commémorative du Vigeant et sur le monument aux morts de Charroux où ils sont inhumés
Voir Le Vigeant
Sources

SOURCES : BNF site Gallica, liste officielle des prisonniers de guerre, 9 décembre 1940 — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — Site internet Wikipedia sur l’armée polonaise de 1940 — Site internet prisonniers de guerre de l’armée polonaise — État civil, mairie du Vigeant (acte de décès registre 1944, n° 38) — mémorial genweb — Tombe des Fusillés de Charroux.

Dominique Tantin, Michel Thébault

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