Né le 24 novembre 1903 à Bucarest (Roumanie), exécuté sommairement le 9 juin 1944 à Communay (Isère, Rhône depuis 1967) ; de nationalité roumaine ; directeur commercial ; agent du réseau Brutus.

Juif roumain, Émile Gabriel émigra en France et s’installa à Paris. Il était marié à Paule Livian et vivait dans le XXe arrondissement, 2 square Got. Il était directeur commercial. Sa belle-sœur, Cletta Leibovici (Livian), était mariée à Daniel Mayer, militant socialiste et futur secrétaire général du SFIO.
Pendant la guerre, il se réfugia dans le sud de la France. Il exerça son métier dans le domaine de l’industrie du bois. Il fut un agent du réseau Brutus sous le pseudonyme de Gaby.
Le 29 mars 1944, il fut arrêté par la Gestapo, dans les locaux de l’Épargne nationale, 85 avenue de Saxe (Lyon, IIIe arr.) avec plusieurs résistants, notamment Philibert Gaillard. Il fut conduit à la prison de Montluc (Lyon) et incarcéré dans la « baraque aux Juifs ».
Le 9 juin 1944, Émile Gabriel et dix-huit autres détenus furent extraits de Montluc. Les Allemands les enchaînèrent deux par deux et les firent monter dans deux camionnettes. Une motocyclette transportant des mitraillettes prit la tête du convoi, suivie de deux voitures noires conduisant des officiers de la Gestapo. Une seconde motocyclette transportant également des mitraillettes se plaça en queue de convoi derrière les camionnettes. Vers 20h30, les prisonniers, ainsi escortés par les Allemands, furent conduits à Communay (Isère, Rhône depuis 1967) via la route nationale 7. Les véhicules stoppèrent au bord du bois de Cornavent sur le côté de la route. Les Allemands bloquèrent la circulation des deux côtés de la nationale et éloignèrent les personnes se trouvant dans les champs alentour. Ils firent descendre huit prisonniers de la première camionnette en deux groupes successifs de quatre hommes. Au fur et à mesure qu’ils sortaient du véhicule, les détenus furent abattus à coups de mitraillettes. Les onze autres prisonniers furent sortis de la deuxième camionnette et furent exécutés de la même manière. Toutes les victimes furent achevées d’un coup de pistolet dans l’oreille. Les Allemands qui massacrèrent ces hommes étaient en civil. Après l’exécution, ils firent demi-tour vers Lyon, abandonnant les corps sur place.
La mairie de Communay fut alertée mais les autorités ne purent relever les corps que le lendemain car, le jour même, il pleuvait à torrent. Ils découvrirent les cadavres à environ dix mètres de la route nationale 7, répartis en trois groupes : deux de quatre hommes et un de onze.
Le corps d’Émile Gabriel fut décrit ainsi : 45 ans environ, cheveux châtain moyen grisonnants, nez légèrement busqué, menton rond, visage allongé, 1m72 environ, costume gris à rayures grenat, chemise kaki, cravate bleue à raies rouges, ceinture en cuir, chaussures jaunes en caoutchouc, chaussettes grises, alliance en or jaune. Le 27 décembre 1944, il fut identifié sous le numéro 18 par son beau-frère, Daniel Mayer, secrétaire général de la SFIO. Il fut également reconnu par Monsieur Messiat, demeurant 2 rue de la Loge à Lyon.
Émile Gabriel fut homologué sous-lieutenant FFC et obtint le tire d’interné résistant. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par décret du 30 septembre 1959. Son nom apparaît sur le monument de Communay. Il est également inscrit sur la plaque commémorative, 31 rue Villeroy (Lyon, IIIe arr.), qui rend hommage à des agents de réseaux et mouvements de Résistance socialistes, morts fusillés ou déportés.
Voir Communay
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W459, 3460W1, 3460W4, 3460W2, 3335W22, 3335W11.— Notes de Dominique Tantin.— Mémorial Genweb.— Base Léonore.— Mémoire des hommes.— Yad Vashem.

Jean-Sébastien Chorin

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