Né le 20 juin 1926 à Berlin (Allemagne), exécuté sommairement le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; peintre plâtrier ; résistant dans les Francs-tireurs et partisans en Ardèche

Henri Engel était le fils de Erick Engel et de Lucie Simonin. Il était célibataire. En 1944, il exerçait la profession de peintre plâtrier et demeurait chez sa mère à Tournon (Ardèche), allée des Dames. Son père disparut pendant la guerre.
Henri Engel s’engagea le 6 juin 1944 dans une compagnie de Francs-tireurs et partisans (FTP) en Ardèche.
Il fut arrêté par les Allemands le 7 août 1944 à Tournon, à proximité du lycée de garçons, alors qu’il circulait en ville après le couvre-feu. Henri Engel aurait été incarcéré dans un premier temps à Valence (Drôme) puis il fut transféré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône) où il fut interné dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Henri Engel fut retrouvé dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans le thorax. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire qu’Henri Engel faisait vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Son corps fut décrit comme suit : « 1m60 environ, cheveux châtains cl. chemise en coton chinée blanc et bleu clair avec rayures verticales bleu foncé […] - complet en toile (2 pièces) à doublure bleu clair – chaussettes laine grise - ceinture cuir à boucle métal accroché, chaussures cuir noir à semelles cuir ». Il fut d’abord enregistré sous le numéro 84 puis identifié le 12 mars 1945 par sa mère. Il fut inhumé à Bron.
Henri Engel fut homologué FFI. Il obtint le titre d’interné résistant en 1957 et la mention Mort pour la France en 2009.

Voir Bron (17-21 août 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier d’Henri Engel.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W29, 3335W13, 3460W1, 3460W2, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem

Jean-Sébastien Chorin

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