BÜTTERLIN Henri, Sébastien
Né le 28 juin 1882 à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), exécuté sommairement le 26 novembre 1943 à Grenoble (Isère) ; médecin ; résistant, adjoint au chef des Mouvements unis de la Résistance (M.U.R.), membre de l’État-major de l’Armée secrète de l’Isère
Ses parents s’étant installés à Château d’Oex, canton de Vaud (Suisse), il fut recensé militaire en Haute-Savoie en 1902.
Alors étudiant à la faculté des sciences de Grenoble (Isère), il fut ajourné en 1903 et 1904, puis classé service auxiliaire en 1905 pour faiblesse.
Il fut diplômé de la faculté de médecine de Lyon (thèse : Les injections mercurielles dans le traitement de la syphilis).
Appelé à l’activité à la mobilisation générale en 1914, il rejoignit le service de santé de la place de Grenoble comme médecin aide-major de 2ème classe de réserve, pour la durée de la guerre puis fut affecté à sa demande au 414ème RI et servit contre l’Allemagne du 24 février 1915 au 19 juin 1916.
Il fut promu médecin aide-major de 1ère classe de réserve le 27 septembre 1916.
De retour aux armées à partir du 23 février 1917, il fut affecté à l’ambulance 6/8 de la 8ème Armée à partir du 26 mars 1917 jusqu’au 21 janvier 1919.
Revenu au service de santé de la 14ème région militaire, il fut rendu à la vie civile le 31 octobre 1919 et affecté à la réserve de la direction du service de santé de la 14ème région, spécialité, dermato-vénérologie.
Il fut promu médecin major de 2ème classe de réserve le 2 janvier 1928.
En 1929, il devint l’amant d’Édith Amblard.
Henri Bûtterlin était contrôleur de la prostitution et des services antivénériens du département de l’Isère et fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur le 9 septembre 1935 pour « 33 ans de services militaires et civils et de collaboration à la lutte antivénérienne ».
Il était également médecin à la prison de Grenoble.
Édith Amblard, devenue entre temps Édith Girousse, renoua avec lui en 1941. Henri Bütterlin l’embaucha alors comme femme de ménage, puis comme aide-infirmière, ce qui lui permit de l’emmener dans ses déplacements dans le département.
Antoine et Édith Girousse étaient les responsables grenoblois du Francisme, et collaborateurs appointés des services de police allemands.
Ayant rejoint son mari en octobre 1943 à Lyon où il travaillait pour la police allemande, Édith Girousse lui rapporta les faits et gestes du docteur Bütterlin : transport d’argent et de documents, soins donnés à des résistants, réception de personnages "louches" à son cabinet.
Henri Bütterlin devint un des adjoints du docteur Valois, responsable départemental des M.U.R.
Dénoncé par les époux Girousse, il fut victime de la "Saint Barthélémy" de la Résistance grenobloise du 25 au 29 novembre 1943. En cinq jours, des collaborationnistes, PPF, Francistes et Milice et des policiers allemands assassinèrent les principaux dirigeants de la Résistance grenobloise, soit onze personnes au total.
Après une première tentative dans la nuit du 25 au 26 novembre 1943, Henri Bütterlin fut arrêté le 26 novembre 1943 à 15 heures à son domicile du 5, rue de Palanka.
Le groupe qui procéda à son arrestation était composé de miliciens de la région grenobloise recrutés pour l’occasion et/ou de membres du Mouvement National Anti Terroriste (M.N.A.T.), un groupuscule d’extrême-droite collaborationniste créé et dirigé par Francis André, dit "Gueule Tordue", et exécuteur des basses besognes pour les Allemands et/ou de policiers allemands.
Il aurait été conduit dans une villa réquisitionnée par la police de sureté allemande, 2 rue Charles Baudelaire, où il aurait été confronté à Édith Girousse.
Henri Bütterlin fut exécuté sommairement. Son corps fut trouvé le matin du 27 novembre 1943 au bord de la route nationale 75, à un kilomètre au nord de Vif (Isère), au lieu-dit Les Garcins. Des douilles et des balles trouvées sur place laissent penser que c’est là qu’il fut exécuté.
Dans l’une de ses poches fut trouvé un papier portant en majuscules d’imprimerie les mots suivants : « Comité National Anti-Terroriste, Région des Alpes. Cet homme paie de sa vie l’assassinat d’un National. Vive la France, à bas De Gaulle-Giraud »
L’autopsie pratiquée le 28 novembre 1943, révéla que la mort d’Henri Bûtterlin avait été occasionnée par six balles de pistolet, quatre tirées à hauteur de la hanche gauche, une autre à l’épaule droite et la sixième à la base du crâne.
Il est enterré au cimetière Saint-Roch à Grenoble, carré 6, rang 6.
Célibataire et sans famille proche, personne n’effectua les formalités nécessaires pour faire reconnaître son engagement.
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.
À l’emplacement où son corps fut retrouvé, sur une clôture près du stade, a été apposée une plaque avec une photographie du corps accompagnée de l’inscription suivante : « Le Docteur BUTTERLIN, un des Chefs de la RESISTANCE GRENOBLOISE a été ASSASSINE à Grenoble par la Milice de Pétain LE 26 NOVEMBRE 1943 et son corps martyrisé a été déposé le long de cette route. "Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre". »
Son nom figure aussi sur la plaque commémorative de l’église Saint-Louis (1939-1945) à Grenoble, sur la plaque commémorative du Mur des Martyrs de la Résistance, sur le monument aux victimes de la Saint-Barthélémy de la Résistance grenobloise et sur la plaque commémorative 1939-1945 de la Faculté de Médecine Paris-Descartes.
Une plaque commémorative a été apposée 5 rue de Palanka à Grenoble pour le 70ème anniversaire de sa mort.
Voir : Grenoble (Isère), 25 au 29 novembre 1943, la Saint-Barthélémy grenobloise
SOURCES : SDH Vincennes, GR 19 P 38/2 — Arch. dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’Oppression, 3808 W 412 et 664 — Arch. dép. Haute-Savoie, RMM, 1R740 — Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants de médecine et des médecins Morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale, thèse pour le doctorat de médecine, Paris Descartes, 2010, p. 79 — Pierre Giolitto, Grenoble 40-44, Perrin, 2001 — Patrice Escolan, Lucien Ratel, Guide Mémorial du Vercors résistant, le Cherche-Midi, juin 1994 — Mémorial GenWeb, Vif — Mémorial GenWeb Grenoble — Saint-Barthélémy grenobloise, Wikipédia —
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