Né le 20 mai 1897 à Iassy (Roumanie), exécuté sommairement le 16 mai 1944 à Pont-Saint-Esprit (Gard) ; tailleur ; résistant.

Fils de Moïse et de Méia Marcovici, marié à Massa Haim, Sami Marcovici était tailleur d’habits à Clichy (Seine). Juif originaire de Roumanie, (peut-être membre de la famille de Pierre Marcovici, originaire comme lui de Iassy, et également tailleur à Clichy), il franchit clandestinement la ligne de démarcation en décembre 1942 pour échapper aux rafles. Interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques), il fut libéré le 17 mai 1943 et assigné à résidence à Oppède (Vaucluse) où il reprit son métier de tailleur. Il aurait participé à la Résistance, en contact avec l’Armée secrète (AS) et les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il fut arrêté par des hommes en uniforme allemand, vraisemblablement des membres de la 8e compagnie du 3e régiment de la division Brandebourg qui stationnaient à Cavaillon (Vaucluse) le 26 avril aux hameaux des Minguets à Oppède (Vaucluse). Ils agissaient pour le compte du Parti populaire français (PPF) en représailles après le meurtre du président de la délégation spéciale de Ménerbes (Vaucluse), le 10 avril précédent. Sami Marcovici était étranger au meurtre. Un autre habitant d’Oppède, José Domenech résidant au Vieil Oppède, fut arrêté le même jour. On ne sait ce qu’il est devenu. Dans les mêmes conditions, pour les mêmes raisons furent arrêtés au petit matin du 26 avril, Ismaël Sauvan* aux Beaumettes (Vaucluse) et quatre résistants de Ménerbes, Kléber Guendon*, Marcellin Poncet*, Raoul et Raymond Silvestre*. Le groupe fut conduit à Avignon (Vaucluse) et interrogés par les responsables du PPF qui avaient demandé à leurs homologues de la Milice de se joindre à eux. Les interrogatoires, violents, eurent lieu au siège de la Milice, 71 rue Joseph Vernet. C’est au cours d’un interrogatoire que Raymond Silvestre* se saisit d’un revolver sur une table et fut abattu d’une rafale de mitraillette. Les prisonniers furent conduits ensuite à la prison Sainte-Anne ou à la caserne du 7e Génie d’Avignon. Maltraité et affamés, ils furent transférés à Pont-Saint-Esprit (Gard), où était installé l’essentiel des services de la 8e compagnie Brandebourg, et incarcérés dans la citadelle. Sami Marcovici, la chemise déchirées et maculée de sang, était mourant de faim. Ses camarades d’infortune et lui furent exécutés sur le pont du Rhône et leurs corps jetés dans le fleuve. La date de leur exécution varie selon les témoignages. Celle du 16 mai a été retenu par l’état civil, or, selon plusieurs des emprisonnés de Pont-Saint-Esprit qui ont partagé leur cellule avec eux, leur exécution aurait eu lieu une ou deux nuits après leur arrivée, soit, d’après eux, le 17 ou le 18 mai. Un autre témoignage les fait arriver dans la nuit du 20 au 21 mai et exécuter la nuit suivante, ce qui est vraisemblablement erroné. Les corps de Marcellin Poncet et de Raoul Silvestre ont été retrouvés le 18 non loin de Pont-Saint-Esprit. Si le groupe arrêté à Ménerbes et dans les environs a été exécuté ensemble, ce qui est probable, la nuit du 17 au 18 mai paraît la plus vraisemblable. Le corps de Sami Marcovici ne fut pas retrouvé. Il était père de deux garçons. Le titre de « Mort pour la France » lui fut attribué.
Voir Pont-Saint-Esprit, Citadelle, février-août 1944
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Gard, cour de justice d’Avignon, 3 U 7 448 (dossier Thesmar).⎯ site Mémoire des hommes. — Association des CVR du Vaucluse. — Jean-Paul Jouval, Mémorial des victimes des communes du canton d’Apt. Seconde Guerre mondiale, Indochine, Algérie, Apt, Le Souvenir français, 2017, p. 170-171.

Jean-Marie Guillon

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