Né le 14 octobre 1923 à Perpignan, mort le 19 août 1944 à Perpignan pendant les combats de la Libération de la ville, des suites d’une méprise tué d’autres FFI ; étudiant ? ; résistant (AS)

Paul Laffite résidait à Perpignan 3, rue Cervantes, dans le quartier Saint-Martin. Le 15 août, alors que la Libération de Perpignan était imminente, les Allemands préparant leur départ, il intégra le groupe perpignanais de l’AS. Le 19 août — et non le 20 comme l’a écrit par erreur Joseph Balouet, chef départemental adjoint des FFI dans le rapport transmis au ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) qui est sans doute le même que celui cité par Georges Sentis (op. cit., pp. 21-22) — Laffite, accompagné de Jean Raspaud, se rendit à la citadelle évacuée par les Allemands et se mit à la disposition du capitaine Detoeuf (FFI/AS) qui assurait le commandement de 80 FFI chargés de poursuivre les colonnes allemandes qui, quittant les Pyrénées-Orientales, se dirigeaient vers Narbonne. Deteuf donna l’ordre à Respaud et trois de ses camarades, Paul Laffite, Pierre Erre et Roger Julia de porter des munitions aux combattants FFI présents en ville. Ils partirent, toujours d’après Balouet, avec une camionnette et ravitaillèrent le poste de la rue Valette, près de la gare. Il se dirigèrent ensuite vers le Haut-Vernet, à la « patte d’oie », carrefour stratégique où convergent les routes de Narbonne (Aude), Quillan (Aude) et Foix (Ariège), de la Salanque. Circulant à vive allure, ils avaient déjà essuyé les coups de feu de FFI à l’angle de la rue Courbet et du boulevard Joffre qui débouche, depuis la ville sur la « patte d’oie ». À ce carrefour, les FFI, disposant d’un canon anti-chars pris aux Allemands la veille (d’après Balouet cité par Sentis (op. cit., p. 21) ou « depuis peu », d’après Roger Gaigné, chef du maquis AS de Sournia — arrivé à Perpignan le 19 août en fin d’après-midi) — demandèrent en vain à ce véhicule suspect de s’arrêter. Le chef du poste FFI donna l’ordre de pointer la pièce contre le véhicule conduit par Laffitte. L’obus tiré par la pièce décapita Laffite. Julia eut la carotide sectionnée, Erre blessé mortellement mourut à l’hôpital. Respaud, atteint par des éclats d’obus au buste et aux jambes fut hospitalisé pendant trois mois.
La version reportée par Jean Larrieu (op. cit., 1994, p. 357 — qui reprend des témoignages de Camille Fourquet (son tapuscrit inédit Le Roussillon sous la botte nazie, s.d., 1959 ou 1965), de Roger Gaigné (témoignage de 1980) et Joseph Balouet (témoignage de 1978) — situe l’épisode le 21 août, vers dix-sept heures, un jour après la libération complète de Perpignan. Dans cette version le « camion » — qu’ils auraient « pris » aux Allemands — et non la « camionnette » arrivait à vive allure du nord, sur la route de Narbonne, et non du centre de Perpignan ainsi qu’ a pu l’écrire Joseph Balouet le 6 février 1945. Les trois FFI morts et dont les corps étaient déchiquetés n’auraient pu être enterrés avec quinze autres victimes des combats de Perpignan lors d’obsèques solennelles qui eurent lieu le lendemain, 22 août, à 10 heures du matin.
En ce qui concerne Paul Lafitte, la date de décès consignée à l’état civil de Perpignan est bien celle du 19 août et non le 20, date de l’incident où il aurait péri, selon le rapport de Balouet daté de février 1945. Mais cette date est erronée ne correspondant pas à celle de l’état civil de Perpignan. Par contre, Erre est bien porté à l’état civil comme étant décédé le 20 août : ce qui est exact car il mourut le lendemain à l’hôpital des suites de ses blessures. La participation de Julia, à l’affaire de la « patte d’oie » est attestée. Mais une version des faits a pu permettre d’affirmer qu’il avait été tué le 19 août par les Allemands dans d’autres circonstances. Le 20, selon Balouet, dans son rapport, a indiqué qu’il fut mortellement blessé le 20 par l’obus tiré par d’autres FFI, un éclat lui ayant sectionné la carotide. Cependant, l’état civil de Perpignan a bien enregistré le 19 août comme date de son décès, celui -ci ayant bien été provoqué par le tir d’un obus par d’autres FFI. Quant à Raspaud, grièvement blessé au buste et sur les jambes, il fut pris en charge par l’hôpital militaire tout proche (dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Jean) où il dut séjourner trois mois.
Laffite fut enterré au cimetière Saint-Martin de Perpignan, et non dans le carré militaire du cimetière de l’Ouest comme beaucoup d’autres victimes des combats de la Libération de la ville inhumées le 22 août 1944. Les cercueils de dix-huit victimes des combats de la Libération de Perpignan (19 et 20 août 1944) furent transportés à dos d’homme dans les rues de la ville. Ils défilèrent devant une foule nombreuse, parcourant les rues du centre ville de la mairie jusqu’à la cathédrale Saint-Jean Baptiste où Mgr. Bernard, évêque d’Elne-Perpignan, donna l’absoute. Laffite reçut la mention « mort pour la France ».
Perpignan, combats de la Libération de la ville (19-20 août 1944)
Sources

SOURCES : AVCC, Caen : dossier Julia Roger, en particulier un rapport de Balouet qui date l’"affaire" du 20 août 1944. Le dossier Laffite Roger a disparu des archives de Caen (information communiquée par Delphine Leneveu). — Le Républicain, quotidien, organe du CDL des Pyrénées-Orientales, 26 août 1944. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 922. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, 400 p. [p. 357]. — Georges Sentis, Dictionnaire biographique des résistants et des civils des Pyrénées-Orientales tués par les Allemands et les collaborateurs, Perpignan, Éditions M / R, 28 p. [pp. 21-22]. — Cristià Xanxo, La libération de Catalunya Nord ou le retrait allemand. Samedi 19 et dimanche 20 août 1944, Prades, Terra Nostra, 2015, 151 p. [pp. 94-95].

André Balent

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